Centre pénitentiaire. L’humain, au cœur du soin

Les miradors, grillages et murs en béton n’y trompent pas. Nous sommes au centre pénitentiaire de Vivonne et y entrer n’est pas une simple gageure. Entre ces murs, le CHU de Poitiers y trouve sa place, car les détenus, eux aussi, ont droit aux soins.

L’unité de consultation et de soins ambulatoires (UCSA), car c’est ainsi que se nomme ce service, est un écrin insolite dans ce milieu carcéral. Huit infirmières, une assistante dentaire, six médecins et deux secrétaires composent, entre autres cette équipe. D’autres professionnels de santé assurent des vacations : dentiste, ophtalmologiste, masseur-kiné, dermatologue, manipulateurs radio, opticiens et podologues. Les consultations de spécialistes s’organisent au CHU de Poitiers, sous une surveillance plus ou moins importante selon le risque d’évasion du détenu. « Notre unité se compose un peu comme une maison médicale avec des salles de soins, des box de consultation, une pharmacie, une salle de radio, un secrétariat…», précise Laurence Pineau, faisant fonction cadre de santé de l’unité. Les soins et les prélèvements s’organisent le matin, en plus de la distribution des médicaments : « Les détenus nous font passer à ce moment-là des « petits mots » avec une demande de consultation, et notre secrétariat leur renvoie une convocation ». Les après-midis sont destinés aux consultations d’addictologie et de tabacologie, ainsi qu’aux visites des nouveaux arrivants. Chaque nouveau détenu est admis au « quartier arrivant » pour une semaine. Il y découvre tous les prestataires qui interviennent à la prison. « Il est vu dans les 48h à 72h par un médecin. Deux jours après cette consultation, il est revu par une infirmière qui lui explique le fonctionnement de l’infirmerie », ajoute Laurence Pineau. Ces entretiens sont essentiels pour appréhender l’état physique et psychologique du nouvel arrivant. « Nous savons que la privation de liberté peut être très mal vécue et nous devons assurer une prise en charge globale », assure Véronique Couturier, infirmière à l’UCSA depuis dix ans.

Le soin sur l’Humain

Travailler dans une telle unité n’est pas anodin. Les soignants sont au contact de près de 700 détenus. Peu importe le délit ou le crime, tous ont accès aux soins. En règle générale, les agents ne connaissent pas le motif de leur incarcération, à moins que le détenu ne leur révèle. « Elles doivent faire abstraction de la personne qui est en face d’elles, faire fi de ce pourquoi elle est détenu. C’est un effort énorme qui n’est pas possible pour tout le monde », admet Nadine Bernardeau, cadre supérieur de santé du pôle urgences, SAMU, SMUR, anesthésie et réanimations. Les infirmières sont recrutées à partir de publications de postes. Certaines qualités sont indispensables : « Nous recherchons des personnes qui font preuve de vigilance, d’ouverture et de tolérance. Beaucoup d’entre elles ont aussi une spécialisation en addictologie, en éducation thérapeutique ou en prise en charge de la douleur, entre autres. Il faut aussi savoir vivre en milieu confiné, notamment les week-ends et les jours fériés où elles sont seules. » Le leitmotiv des infirmières reste « le soin centré sur l’Humain ».