Congrès de néphrologie de l’IKMG : des avancées et un hommage au Pr Guy Touchard

Congrès IKMG

Cette année, l’International Kidney and Monoclonal Gammopathy Research Group (IKMG) a tenu à organiser son congrès* en France. Pas seulement parce que le CHU de Poitiers fait partie des cinq établissements moteurs de ce groupe international de chercheurs (avec l'Université de Columbia à New-York, la Mayo Clinic à Rochester, le Centre national de l'amylose de Londres et l'Université de Pavie), mais aussi pour honorer le départ en retraite du Pr Guy Touchard, ancien chef du service de néphrologie du CHU de Poitiers et néphrologue de renommée mondiale.

Le congrès s’est donc déroulé les 3 et 4 septembre à La Rochelle et a réuni 170 chercheurs et médecins du monde entier (Australie, Japon, Canada, Nouvelle-Zélande, Autriche, Etats-Unis, Grèce, Suisse, Italie, Belgique, Royaume-Uni et France) sur le thème des complications rénales des gammapathies monoclonales et du myélome.

Ces deux jours ont été l’occasion pour les néphrologues, hématologues, anatomopathologistes, immunologistes et internistes présents, ainsi que pour le Pr Bruno Moulin, président de la Société de néphrologie, de faire le point sur les dernières avancées dans le diagnostic, le traitement et la recherche sur ces maladies rares. « Durant ces quinze dernières années, les progrès ont été énormes, que ce soit au niveau du diagnostic, de la prise en charge des patients et des résultats obtenus, a affirmé le Pr Touchard. Beaucoup de travail a été accompli et c’est très émouvant pour moi de voir cette évolution. »

C’est en 1987 que ce groupe de chercheurs s’est réuni pour la première fois à Milan. Puis le Pr Touchard a organisé un deuxième congrès au Futuroscope en 2001. Les objectifs de l’IKMG sont précis : s’unir pour permettre de développer l’enseignement et la recherche clinique et fondamentale pour ces pathologies rares, notamment en créant des cohortes de patients significatives, harmoniser les traitements et récolter des données épidémiologiques.

« Une contribution majeure à sa spécialité »
Une réunion d’information au grand public – à laquelle ont participé la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux, l’Association française contre l’amylose et l’Association française des malades du myélome multiple – a clôt les débats scientifiques de ce congrès. Pendant une heure, des patients concernés par ces pathologies et d’autres maladies rares ont pu échanger avec les spécialistes. Un moment de partage pour les associations qui ont pu évoquer leurs problèmes communs, pour les patients venus parler de leurs maladies et pour les médecins venus évoquer les progrès thérapeutiques.

Par ailleurs, le Pr Frank Bridoux, coordonateur du centre national de référence pour l’amylose AL et successeur du Pr Touchard à la tête du service de néphrologie du CHU de Poitiers, a rendu hommage à son aîné lors d’un discours qui l’a beaucoup ému. Il faut dire qu’en quarante ans de carrière le Pr Touchard a apporté « une contribution majeure à sa spécialité », comme l’a souligné le président de l’IKMG, le Pr Nelson Leung, néphrologue à la Mayo Clinic (Etats-Unis). C’est lui qui a monté le service de transplantation rénale en 1986 et le programme de recherche sur les gammapathies dans les années 80. Parmi ses nombreuses contributions, il a notamment été l’instigateur avec l’équipe de l’unité CNRS du Pr Michel Cogné à Limoges du premier modèle de souris transgénique reproduisant une des complications rénales des gammapathies (syndrome de Fanconi) en 2006 et a réalisé, en collaboration avec le Pr Pierre Aucouturier, la première description de la maladie de dépôt de chaines lourdes monoclonales, une pathologie rare.

Dans une époque où les médecins sont poussés à l’extrême spécialisation, il reste un des derniers néphrologues à être aussi anatomopathologiste. Cette double compétence va encore profiter au CHU de Poitiers pendant trois ans, puisque le Pr Touchard va continuer à travailler au CHU en tant que vacataire dans les domaines du diagnostic et de la recherche. « Cette particularité m’a apporté beaucoup de satisfaction et de joie dans ma carrière, se remémore le Pr Touchard. Elle me permet d’avoir une vision globale de la maladie. Je vais continuer à la mettre à profit en observant les cas les plus difficiles, car pour prescrire le bon traitement, il faut d’abord avoir fait le bon diagnostic. » Il va aussi former la jeune génération, un moyen de passer le témoin en douceur.

 

* Congrès organisé en partenariat avec la Société européenne de néphrologie (ERA/EDTA), la Société de néphrologie, le Cancer and Kidney International Network (C-kin), la Fondation maladies rares, l’Intergroupe francophone du myélome, la Fondation française pour la recherche contre le myélome et les gammapathies, l’Association française contre l’amylose et la région Poitou-Charentes.