Le dynamisme du CHU de Poitiers en termes de relations internationales s’affirme, pour les médecins comme pour les cadres infirmiers : accueil de stagiaires, délégations poitevines, formations, conseils.
C’est une première au CHU de Poitiers : deux cadres infirmiers se sont rendus à l’hôpital n°1 de Nanchang – qui compte deux millions d’habitants dans la province du XanXi – avant l’été. Et un groupe de leurs homologues chinois vient de séjourner à Poitiers. « C’est un voyage d’étude qui avait principalement pour but de comparer nos méthodes, d’observer et de comprendre ce qui peut être transféré, expliquent Valérie Hauet (urgences) et Agnès Chevreste (chirurgie ambulatoire) qui constituaient le groupe poitevin. Il est intéressant de voir de près comment nos homologues chinois forment leurs infirmiers, et comment ils travaillent. Bien sûr, nous exerçons dans des cadres professionnels très différents mais au-delà de ce constat, nous avons beaucoup appris. » Études en deux ou quatre années, organisation horaire, qualité de la prise en charge, durée moyenne de séjour, absence de médecine libérale, coexistence de soins traditionnels et modernes, relation au patient et à ses attentes… les sujets d’intérêts ne manquent pas qui ont été passés sous la loupe poitevine et ont fait l’objet de nombreux dialogues.
« Au-delà de la dimension découverte, ajoute Valérie Hauet, c’est un vrai enrichissement d’expérience. Le système chinois est bien plus avancé qu’on ne le croit ; on y constate par exemple que le rôle des infirmières – comme ici – est en pleine évolution, avec une rapidité surprenante. Le respect des anciens est très prégnant mais il se conjugue avec une évolution rapide des mentalités et des méthodes », qui évoque les Trentes glorieuses en France. Sur le plan de l’apprentissage, « nous avons tout à gagner à un enrichissement commun ».
Pour les deux établissements, cet échange s’inscrit dans un flux régulier de relations qui touche essentiellement les activités médicales, mais aussi les questions d’organisation et d’économie de la santé puisque la Chine est en pleine réforme hospitalière. A chaque fois les échanges professionnels «se conjuguent avec une dimension humaine tout à fait remarquable», note Agnès Chevestre.
L’international, un plus pour le CHU
Chine, Tchad, Liban, Argentine… Le CHU de Poitiers entretient depuis de nombreuses années des liens de coopération et les échanges médicaux et administratifs avec divers pays. « C’est une pratique qui fait partie des missions de l’établissement, explique Cécile Beneux, directrice des coopérations internationales, elle permet d’entretenir la réflexion des professionnels sur leur exercice du métier, de comparer les méthodes et parfois d’en tirer des leçons utiles », mais aussi d’accueillir des étudiants et des stagiaires. Avec le voyage à Nanchang, c’est un nouveau type d’ouverture qui s’est mis en place, des cadres de santé ont pu participer à une mission, « faire une synthèse de leurs rencontres, de leurs observations et analyser les mesures qui peuvent être prises ». Dans certains cas, les échanges peuvent aussi déboucher sur un séminaire de formation, qui met à plat les pratiques soignantes. Les voyages sont toujours préparés de façon soigneuse : objectif de la mission, programme des rencontres, définition… Mais aussi son aspect culturel pour éviter les incompréhensions ou les impairs. Dans le cas de la Chine, c’est avec l’Institut Confucius que les membres de la délégation apprennent à lever les barrières. Anecdote : il faut toujours recevoir une carte de visite avec les deux mains pour ne pas froisser son interlocuteur. Souvent l’échange se fait en anglais, parfois un interprète est appelé. Sur le plan financier, ces opérations sont financées sur une enveloppe dédiée, abondée par le ministère. L’hôpital, lui, s’implique aussi en logeant les délégations et en mettant son personnel à disposition pour des durées variables. |