Depuis son apparition, le dispositif des boucles fermées, appelé parfois également à tort, « pancréas artificiel », a changé de façon positive le quotidien de patients souffrant de diabète de type 1. Au CHU de Poitiers, cela fait deux ans, que le service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition, équipe et suit des patients.
Maladie chronique, le diabète de type 1 est dû à l’absence de sécrétion d’insuline par le pancréas. Pour y remédier, les patients doivent s’injecter des doses d’insuline qui doivent être régulièrement ajustées en fonction du taux de glycémie. Bien des progrès ont été faits depuis les années 80 pour améliorer la prise en charge des patients mais le dernier en date, le dispositif des boucles fermées, améliore considérablement leur vie. Il est composé de trois éléments communiquant entre eux grâce au bluetooth : un capteur de glucose posé sur la peau mesure le taux de sucre en continu et transmet les informations à une pompe à insuline qui grâce à un algorithme hébergé dans la pompe elle-même ou un smartphone, calcule les doses d’insuline nécessaires pour équilibrer le taux de sucre. Seul préalable, être équipé depuis au moins six mois d’une pompe à insuline externe. La pompe à insuline fonctionne normalement en boucle ouverte. Elle impose une programmation par le médecin diabétologue qui définit la dose d’insuline en se basant sur les jours précédents. Il ne s’agit pas d’une solution optimale, la glycémie d’un patient diabétique pouvant être très différente d’un jour sur l’autre. Le dispositif boucle fermée utilise deux éléments existant depuis un certain temps déjà : une pompe à insuline et un capteur qui mesure en continu la glycémie interstitielle. La nouveauté est l’algorithme liant les deux éléments. Il permet une diffusion semi-automatisée de l’insuline qui s’adapte en fonction de l’évolution de la glycémie du patient. « Le dispositif permet d’améliorer de façon considérable l’équilibre glycémique et la qualité de vie des patients notamment en allégeant leur charge mentale. Un patient diabétique de type 1 peut avoir une glycémie équilibrée mais au prix de beaucoup de décisions. Des études ont montré qu’un patient avait en moyenne 180 décisions à prendre dans la journée : je contrôle ma glycémie, mon activité physique, mon alimentation, mes rendez-vous médicaux, etc. C’est quelque chose de très lourd au quotidien. Avec le nouveau dispositif, il n’a plus qu’à laisser faire la machine », précise le Dr Xavier Piguel, responsable du service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition.
Remboursé par l’assurance maladie depuis septembre 2021, le dispositif boucle fermée a connu un véritable essor ces deux dernières années. Au CHU de Poitiers, il est proposé depuis janvier 2022. Plus de cent patients ont déjà été équipés, des patients résidant dans la Vienne mais également en Charente et dans les Deux-Sèvres puisque l’établissement est un centre de recours. La décision d’équiper du dispositif boucle fermée un patient diabétique de type 1 est prise dans le cadre de réunion de concertation pluridisciplinaire entre diabétologues hospitaliers et libéraux de la Vienne, la Charente et les Deux-Sèvres. Ces réunions se déroulent sous la forme de téléstaffs. Les patients sont équipés au sein même de l’hôpital. Ils viennent par groupe de cinq en hôpital de jour de diabétologie sur une journée où ils sont vus par l’infirmière de diabétologie et par l’infirmière en pratique avancée en diabétologie. Parce que la plupart des dispositifs nécessite que soit renseignée la quantité de glucides ingérée à chaque repas, ils rencontrent également la diététicienne pour une formation en insulinothérapie fonctionnelle, pour ceux qui ne l’ont pas encore suivi. Un atelier est proposé ensuite par les médecins et les infirmières aux patients et à leurs aidants afin de leur expliquer le fonctionnement de l’équipement et leur suivi. Les patients sont, en effet, revus en téléconsultation à une semaine puis tous les mois pendant les trois premiers mois pour ceux étant pris en charge par des médecins de ville ou par un autre centre hospitalier. Ils viennent en consultation à trois mois avec l’infirmière en pratique avancée et le médecin diabétologue. Une fois que le dispositif est bien pris en main, le suivi s’espace. Si le dispositif boucle fermée a amélioré le quotidien des patients diabétiques, il a également changé celui des soignants comme le souligne le Dr Xavier Piguel : « Nous sommes très satisfaits parce que les retours des patients sont très positifs. Comme ils vont bien, nous allons bien nous aussi. Les patients nous disent que leur diabète est mieux, qu’ils dorment mieux parce qu’ils n’ont plus à se préoccuper de leur glycémie. Comme ils dorment mieux, ils sont plus en forme. C’est quand même valorisant pour l’équipe soignante parce que le diabète de type 1 est tellement variable d’un jour à l’autre. Nous essayons de trouver des solutions pour soulager le patient mais ce n’est pas toujours possible. Ce dispositif est une vraie révolution pour les patients et pour notre pratique. Bien sûr, cela nous demande un grand investissement de l’équipe mais quand on voit les résultats, c’est très motivant !».