Regard médical : Dr Maxime Vallée, urologue

Dr Maxime Vallée

Après avoir commencé ses études de médecine au CHU de Poitiers, Maxime Vallée a fait son internat en urologie au CHU de Nantes. Il est revenu au CHU de Poitiers en 2019 en tant que chef de clinique. Il a été nommé maître de conférences des universités – praticien hospitalier en septembre 2022.

Pourquoi avez-vous choisi l’urologie ?

J’ai choisi l’urologie parce que j’aimais bien le fait que ce soit, par définition, une spécialité médico-chirurgicale. En chirurgie urologique, nous sommes certes centrés sur la sphère urinaire, mais c’est une spécialité extrêmement vaste, tant sur le nombre d’organes pris en charge (reins, vessie, prostate…) que sur le type de prise en charge. De fait, cela regroupe à la fois des chirurgies cancérologiques, des chirurgies fonctionnelles, comme la chirurgie de l’incontinence, etc. On traite notamment les tumeurs de vessie, les cancers de la prostate, les tumeurs du rein, la maladie lithiasique qui est à l’origine des calculs du rein, etc. L’activité de prélèvement et de transplantation rénale est également au cœur de notre activité. L’andrologie et la sexologie font également parties des compétences de l’urologue en partenariat avec les équipes de  procréation médicalement assistée. C’est une spécialité extrêmement vaste parmi laquelle figure donc lasur-spécialité d’infectiologie urinaire. Tous les urologues sont amenés à prendre en charge des infections urinaires parce que cela fait partie des prérogatives de notre métier, mais c’est une sur-spécialité encore balbutiante à laquelle nous ne sommes pas toujours bien préparés durant notre cursus. Je me suis intéressé à cette problématique durant mon internat parce que je me suis rendu compte qu’elle était très prégnante et que malheureusement peu de chirurgiens urologues s’y intéressaient en France. Il s’agit d’une thématique particulière, éloignée, de prime abord, des préoccupations quotidiennes d’un chirurgien urologue alors que c’est tout le contraire ! Cela explique, en partie pourquoi je me suis lancé dans cette thématique. Durant mon internat j’ai effectué un stage de six mois en maladies infectieuses et tropicales au CHU de Nantes. Cette période très agréable et formatrice m’a ouvert énormément de perspectives quant au développement que l’on pouvait faire de cette sur-spécialité en urologie.

Sur quoi portent vos recherches ?

Faire de la recherche est, pour moi, une manière de diversifier notre pratique. Le fait de faire à la fois de la recherche et de l’enseignement est une incitation permanente à me remettre en question. Mon domaine d’expertise et de recherche porte sur les infections urinaires. Elles touchent aussi bien les hommes que les femmes, de tous âges, de tous milieux sociaux, sans distinction particulière, même s’il y a bien sûr des facteurs de risques identifiés. Je m’intéresse à l’infection urinaire associée aux soins au sens large. Au-delà de l’infection, je m’intéresse particulièrement, dans le cadre de mon axe de recherche clinique, à la colonisation urinaire, qui correspond à la présence d’une bactérie dans les urines, sans symptôme, et notamment avant chirurgie urologique. C’est une grosse problématique de notre spécialité. Actuellement, il est recommandé, en cas de colonisation urinaire, de la traiter avant toute chirurgie urologique au contact de l’urine. C’est une recommandation très dogmatique qui ne repose, la plupart du temps, sur aucun argument scientifique solide et qui a un impact énorme sur nos activités quotidiennes et la prise en charge de nos patients. Cela a un coût, puisque la colonisation urinaire se traite par antibiotiques, qui, par ailleurs, peuvent avoir des effets indésirables pour les patients, sans compter les conséquences en terme d’antibiorésistance. En ce qui concerne mon axe de recherche fondamentale et dans le cadre de ma thèse de science, je travaille avec l’unité INSERM 1070 (pharmacologie des anti-infectieux et antibiorésistance) dirigée par le Pr Sandrine Marchand qui est également ma co-directrice de thèse avec le Pr France Cazenave-Roblot. Il s’agit d’évaluer la diffusion de molécules antibiotiques dans un organe cible pour savoir si celles-ci vont suffisamment aller dans l’organe cible pour être efficaces et pour pouvoir traiter l’infection. Cela se fait par une technique particulière qui s’appelle la microdialyse et qui permet de définir les paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de l’antibiotique, autrement dit, la manière dont l’antibiotique se comporte dans les organes et dans le corps. Il n’y avait plus d’universitaire en urologie depuis 2015 et, suite à mon arrivée en 2019, mes collègues m’ont énormément soutenu et aidé afin de relancer cette valence au sein de notre service. Je tiens à les en remercier sincèrement, tout comme le Pr Jean-Pierre Richer qui dirige le service et le Pr Antoine Thierry, chef du pôle digestif-urologie-néphrologie-endocrinologie (DUNE). Cette réuniversitarisation du service permet d’avoir aujourd’hui un peu plus de perspectives, tant en termes de formation que de recherche, et vient donc compléter et renforcer une équipe déjà extrêmement dynamique sur le plan clinique ! C’est l’occasion pour moi de remercier à nouveau l’ensemble des équipes médicale, paramédicale et médico-administrative.

Quelles sont vos autres activités ?

Je fais de l’enseignement généraliste d’urologie aux étudiants de la faculté de médecine, notamment la sémiologie urologie, c’est-à-dire l’apprentissage des symptômes cliniques en lien avec les pathologies urinaires. Aux étudiants de deuxième cycle, j’enseigne les pathologies urinaires au sens large à savoir la prise en charge diagnostique et thérapeutique de ces pathologies. J’enseigne également auprès des étudiants paramédicaux et des sage-femmes. J’effectue également des enseignements au niveau régional au sein du diplôme d’études  spécialisées d’urologie. Et puis, au niveau national, j’interviens en tant que co-responsable du module d’infectiologie au sein de l’enseignement du  Collège d’urologie auprès de jeunes urologues en fin d’internat ou début de post-internat. J’y aborde des sujets beaucoup plus spécifiques liés à la pathologie infectieuse urinaire sur plusieurs jours, ce qui nous permet de prendre le temps d’aborder des sujets très spécifiques et de faire évoluer les pratiques. Au sein de l’association française d’urologie, je fais partie du comité d’infectiologie qui regroupe des spécialistes d’autres domaines tels que des infectiologues, des microbiologistes, des hygiénistes, des anesthésistes, etc. Cela nous permet de développer ensemble des axes de recherche et de travailler sur différents sujets de recommandations qui permettent là encore de répondre aux demandes de nos confrères. Je suis également membre associé du comité d’infectiologie de l’association européenne d’urologie ce qui m’offre l’opportunité de rencontrer des confrères de toute l’Europe. C’est une chance inouïe que de pouvoir travailler avec des experts de ce domaine qui ont tous une volonté forte de faire évoluer les pratiques grâce à la recherche et à la science.

Votre service vient d’être accrédité par la Haute autorité de Santé. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’une accréditation des médecins qui consiste en une évaluation des pratiques professionnelles. Mise en place en 2006, la démarche s’adressait à l’origine à chaque praticien qui décidait de s’engager ou non. Depuis quelques années, la HAS a élargi l’accréditation aux équipes. J’ai coordonné la démarche au sein du service d’urologie et de transplantation rénale. C’est un excellent moyen de remettre nos pratiques en question, de se mettre à jour, de faire de la formation médicale continue et tout simplement de faire évoluer notre pratique médicale. Nous sommes le premier service, au sein du CHU, à avoir reçu l’accréditation, qui est valable pour une durée d’un an. Si s’engager dans cette démarche nous a bien sûr demandé du travail et de l’investissement personnel et collectif, cela apporte tout de même un important bénéfice, notamment pour la gestion des risques et pour l’amélioration de la qualité des soins. On améliore le parcours du patient, sa prise en charge et le fonctionnement et les interactions au sein de notre service. C’est vraiment un cercle vertueux !