Questions au Dr Vincent Javaugue, néphrologue

Le Dr Vincent Javaugue, hématologue au CHU de Poitiers

Originaire de Charente, le docteur Vincent Javaugue a réalisé l’ensemble de ses études à Poitiers. En 2008, il débute son internat dans le service d’hématologie et de thérapie cellulaire, et poursuivra sa formation dans le service de néphrologie et transplantation rénale jusqu’en 2013. Entre 2014 et 2016, le docteur Vincent Javaugue occupe la fonction de chef de clinique. Le néphrologue obtient le titre de praticien hospitalier en novembre 2016. En parallèle à ses études de médecine, il a effectué une année recherche en 2012 à Bruxelles dans le laboratoire de physiologie rénale du Pr Olivier Devuyst à l’université catholique de Louvain. A ce jour, le néphrologue travaille sur les complications rénales associées aux gammapathies monoclonales dans le service du Pr Frank Bridoux, labellisé centre de référence amylose AL et autres maladies de dépôts d’immunoglobulines monoclonales depuis 2006.

Docteur Javaugue, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une gammapathie monoclonale ?
Les gammapathies monoclonales correspondent à la présence dans le sang ou les urines d’une immunoglobuline (anticorps) monoclonale produite par un clone de cellules du système immunitaire. Elles peuvent entraîner des complications rénales multiples, la plus fréquente s’appelant l’amylose AL. Dans 70% des cas, l’amylose AL affecte les reins. La première conséquence est une fuite de protéines dans les urines, en particulier d’albumine, se traduisant par des œdèmes et en l’absence de traitement par une insuffisance rénale progressive. L’amylose est un groupe de maladies ayant toutes en commun le dépôt de protéines insolubles dans différents organes. Une trentaine de protéines peuvent être à l’origine d’une amylose.  En dehors de l’amylose AL, l’atteinte rénale est souvent prédominante dans les amyloses AA (causée par l’inflammation chronique) et certaines amyloses héréditaires.

Quel est le traitement d’une amylose ? Est-il le même dans tous les cas ?
Non, pas nécessairement mais le but commun du traitement est de faire diminuer au maximum le taux sanguin de la protéine responsable des dépôts. Dans l’amylose AL, il repose sur la destruction des cellules qui produisent les chaînes légères d’immunoglobulines monoclonales. On utilise, le plus souvent, les chimiothérapies efficaces dans le traitement du myélome (cancer de la moelle osseuse). Dans l’amylose AL, les cellules atteintes n’ont pas tendance à proliférer comme dans le myélome et elle n’est donc pas considérée comme un cancer.  Dans l’amylose AA, le traitement consiste à contrôler la cause de l’inflammation. Dans certaines amyloses héréditaires, lorsque la protéine anormale est produite par le foie, une transplantation de foie peut être parfois envisagée pour tarir la source de production de l’amylose.   

Quels sont vos perspectives de recherche ?
Actuellement, je travaille sur les complications rénales associées liées aux gammapathies monoclonales. C’est un travail qui s’inscrit dans une collaboration avec l’unité Inserm-CNRS du Pr Michel Cogné, de Limoges, le service d’hématologie du Pr Arnaud Jaccard au CHU de Limoges, le CIC Inserm 1402 de Poitiers (axe “THOR”) et le service de néphrologie du CHU de Poitiers.  En parallèle, des collaborations nationales et internationales (Pr Nelson Leung à la Mayo Clinic) sont en cours pour préciser les indications et évaluer les résultats de la transplantation rénale chez les patients suivis pour une amylose AL ou une autre maladie à dépôts d’immunoglobulines monoclonales arrivant au stade d’insuffisance rénale terminale.

Vous êtes aussi enseignant à l’université ?
Oui, je participe à l’enseignement des premier et deuxième cycles des études médicales, à l’enseignement régional du troisième cycle des études médicales et à l’enseignement aux externes du service de néphrologie et transplantation rénale. Je viens par ailleurs d’être nommé maître de conférences des universités.