Regard médical : le Dr Maxime Pichon, microbiologiste

Spécialiste des microbiotes, le docteur Maxime Pichon est microbiologiste au sein du laboratoire de bactériologie au centre hospitalier universitaire de Poitiers. Après un externat de médecine au CHU de Tours, il part aux Hospices civils de Lyon pour son internat entre 2012 et 2018. En novembre 2018, le docteur Pichon arrive dans le service du professeur Christophe Burucoa comme assistant hospitalo-universitaire. Son sujet de recherche vise l’implication des microbiotes digestif et dermatologique dans les pathologies humaines. Il est par ailleurs diplômé d’un DES en biologie médicale. En tant que représentant des jeunes microbiologistes, Maxime Pichon sera aussi présent au 15e congrès de la société française de microbiologie en octobre prochain à Paris.

Docteur Pichon, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu’est le microbiome ?
Le microbiome est une notion récente qui traduit un vieux terme que l’on connaît tous : la flore microbienne. Le microbiome se définit par l’ensemble des micro-organismes présents chez un hôte, humain ou non. Ces derniers regroupent les bactéries, les virus et les champignons. Il faut savoir que nous vivons avec des milliards de bactéries sans pour autant développer des pathologies infectieuses et, finalement, peu de monde en a conscience. Dans l’imaginaire collectif, une bactérie équivaut à une maladie. C’est beaucoup plus complexe que cela. Il faut savoir que nous sommes composés de quelques 10 000 milliards de cellules et de dix fois plus de bactéries !

Cela signifie que les bactéries ne sont pas nos ennemies ?
Bien au contraire ! Nous avons besoin de ces bactéries pour protéger notre système digestif, respiratoire, reproductif, etc. C’est ainsi que nous avons un microbiote intestinal, un microbiote pulmonaire, un microbiote cutané, et je pourrais vous en citer encore beaucoup. J’aime le concept de « paix armée » pour décrire notre cohabitation avec ces bactéries. En réalité, si nous ne tombons pas malades, c’est parce que notre système immunitaire (dont les globules blancs et les anticorps) contrôlent le développement de ces bactéries, et donc leur pouvoir pathogène. En cas de déséquilibre (ou dysbiose), une infection se déclare. Par exemple, c’est en partie pour cette raison que les personnes immunodéprimées développent des pathologies infectieuses que les autres ne déclarent pas.

Concrètement, comment fonctionne le microbiote et à quoi sert-il ?
Les bonnes bactéries empêchent celles qui sont pathogènes de se développer. Dans l’intestin, elles servent, par exemple, à détruire des déchets toxiques ou à en protéger les parois. La flore cutanée va servir à protéger la peau et éviter que des coupures s’infectent. Autre exemple, un
bébé qui naît par voie naturelle s’imprègne du microbiome vaginal de sa mère ce qui va lui permettre, de développer à son tour un microbiome diversifié.
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Retrouvez le Pr Christophe Burucoa et le Dr Maxime Pichon lors du prochain Pôle info santé dédié au microbiote intestinal, à l’Espace Mendès-France, le 4 avril prochain à 18h30.