Amandine Desette : je suis ingénieure de recherche au CHU de Poitiers

Amandine Desette

Le docteur Amandine Desette est ingénieure de recherche rattachée au laboratoire de cancérologie biologique, pour la partie hospitalière, et au laboratoire de l’université de Poitiers et du CHU PRODICET, PRogession et DIssémination des CEllules Tumorales, pour la partie universitaire. Elle nous présente son métier et son parcours.

Quel est votre métier ?

Je fais essentiellement de la recherche « à la paillasse » (table de manipulation utilisée par les scientifiques), mais je peux aussi mener mes projets de recherche de A à Z. Si c’est le cas, je dois donc chercher des financements extérieurs pour mener à bien mes travaux. J’ai également un rôle d’encadrement de stagiaires, d’étudiants de licence à master, que ce soit des médecins (internes) ou des scientifiques. Je peux aussi diriger des étudiants en thèse de sciences.

Quelles sont les particularités de votre métier ?

Ce qui est très intéressant dans le métier d’ingénieur de recherche dans une équipe universitaire, mais employée du CHU, est le fait de pouvoir accéder aux patients. Les laboratoires universitaires scientifiques purs ont davantage de difficultés pour accéder aux prélèvements, aux échantillons de patients. Le fait de travailler en collaboration avec des services du CHU de Poitiers représente un avantage évident.

Quelle formation faut-il suivre pour exercer ce métier ?

Pour exercer ce métier, il faut avoir un master (bac+5), mais nombre d’ingénieurs de recherche sont docteurs et possèdent donc une thèse en sciences. Sans cette dernière, l’ingénieur de recherche possède les compétences expérimentales à la paillasse. La thèse apporte une expérience professionnelle sur la gestion d’un projet de recherche, ainsi qu’une maturité sur les projets futurs. Il a donc le titre de docteur en sciences.

Quelles sont les perspectives d’évolution ?

En matière de perspectives d’évolution, l’ingénieur de recherche au CHU est sur une grille indiciaire comme n’importe quel autre poste au CHU. Il a également la possibilité de passer des titres comme l’HDR – habilitation à diriger des recherches – titre supplémentaire pour pouvoir diriger une thèse, seul. Au niveau universitaire, l’ingénieur de recherche peut être qualifié aux fonctions de maitre de conférences, spécialisé dans certaines sections, en fonction des compétences acquises. L’étape suivante est de passer le concours de professeur.

Au CHU de Poitiers, on peut dénombrer seulement une vingtaine d’ingénieurs de recherche, docteurs en sciences pour la plupart.

Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?

Sans aucun doute de travailler sur un sujet qui passionne, le travail à la paillasse, mais également monter mes projets de A à Z !

Être ingénieur de recherche au CHU permet de travailler avec des prélèvements obtenus dans divers secteurs. Cela permet d’expérimenter une recherche aussi bien translationnelle (qui fait le lien entre la recherche fondamentale réalisée dans les laboratoires et la recherche clinique qui se déroule au plus près des patients) que fondamentale (qui consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes). Le fait d’aller chercher soi-même ses propres financements, notamment par le biais d’associations de patient, permet également une plus grande prise de conscience des budgets nécessaires pour mener à bien ces travaux.


Amandine Desette

Originaire de Bourgogne, Amandine Desette a fait ses études principalement à la Rochelle, puis elle est venue à Poitiers lors de sa 2e année de master, pour y effectuer son stage. Elle n’en est plus repartie. Très jeune bachelière, et ne sachant pas forcément ce qu’elle voulait faire, elle a intégré la faculté de sciences, en espérant trouver sa voie. Initialement, elle avait pour objectif d’intégrer la gendarmerie scientifique mais a souhaité trouver un domaine qui la stimulerait davantage.

Après un master et une thèse obtenue en 2015, elle a successivement occupé deux postes d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche, ou enseignant chercheur, en CDD d’un an chacun, la moitié dans un service de recherche, l’autre moitié dans un service d’enseignement. Elle a eu son premier poste de 2016 à 2017 en physiologie, puis le second de 2017 à 2018 en neurosciences.

En décembre 2018, elle a été recrutée au CHU de Poitiers, ce qui fut une chance pour elle, la demande étant plus forte que l’offre dans cette catégorie.

Elle souhaite prochainement passer l’habilitation à diriger une recherche pour être qualifiée aux fonctions de maîtres de conférences sur trois sections CNU (65 – biologie cellulaire, 66 biochimie et 69 physiologie).

Elle se dit « passionnée par les métastases » et se plait dans l’équipe PRODICET (Progression et Dissémination des Cellules Tumorales) dirigée par la Pr Lucie Karayan-Tapon, où elle mène des projets de recherche sur les métastases cérébrales de cancer primitif (cancers colorectaux et cancers du sein), avec les professeurs Nicolas Isambert et David Tougeron.

L’objectif d’Amandine est différent de celui des médecins, qui est de soigner les patients. Ses projets de recherche pourraient permettre de comprendre les mécanismes d’échappement et de résistance des cellules cancéreuses aux traitements. Cette meilleure compréhension permettra, à terme, de bloquer cette migration et invasion des cellules tumorales par l’emploi de nouvelles molécules pharmaceutiques ayant pour but le traitement des patients.

Les travaux actuels du Dr Amandine Desette sont soutenus financièrement par l’association Sport et Collection, la Ligue contre le cancer (comités 16, 17, 79 et 86).