Episode 3 – Autour de l’IRM 7 Tesla : Jérôme Rouffaud et Vincent Mazeau, manipulateurs d’électroradiologie médicale

Jerôme Rouffaud, Vincent Mazeau, manipulateurs d’électroradiologie médicale dans l’équipe de l’IRM 7 Tesla au CHU de Poitiers ont répondu à nos questions concernant l’arrivée et l’utilisation de ce nouvel équipement.

Expliquez-nous en quoi consiste votre métier.

Nous sommes issus d’une école au sein de laquelle nous avons suivi trois ans d’études. Notre profession comporte un volet soignant : nous posons des perfusions, nous administrons des produits et nous travaillons en collaboration avec un médecin. Nous avons aussi un rôle plus technique, nous étudions la physique et les mathématiques au cours de notre formation pour nous permettre notamment de mieux comprendre le fonctionnement des machines sur lesquelles nous travaillons.

Nous intervenons sur une gamme assez large d’équipements : les équipements d’imagerie nucléaire, de radiologie, les IRM et les scanners, sur les traitements de radiothérapie et en électrophysiologie médicale. De plus, nous commençons à avoir des protocoles de coopération pour les échographies.

Nous avons par ailleurs la possibilité de compléter notre formation avec des diplômes universitaires pour nous spécialiser.

Avez-vous suivi une formation particulière pour l’IRM 7 Tesla ?

Nous avons eu une première session de formation de deux jours, à Paris, puis un ingénieur de Siemens viendra nous former au CHU de Poitiers durant une semaine en décembre, et une autre semaine en janvier.

La formation se poursuit ensuite en continu, notamment par le partenariat avec le commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Saclay (91) Neurospin et d’autres centres. Des physiciens et manipulateurs radio de ces centres se rendront sur notre site, et c’est en échangeant avec ces professionnels que notre formation se complètera. C’est aussi cela la formation : interagir avec d’autres professionnels.

L’arrivée de l’IRM 7 va-t-elle modifier les contraintes liées à votre profession ?

Pour l’instant, c’est un peu l’inconnu car nous n’avons pas beaucoup de retours. Il y a 23 machines installées dans le monde, mais il n’y a pas encore beaucoup d’articles et ils traitent plus de l’aspect scientifique, des avancées en recherche, que de l’aspect physiologique et des effets sur l’organisme.

La nouvelle IRM a un champ magnétique beaucoup plus fort : le chiffre 7 correspond à la puissance du champ magnétique. Sur l’IRM 7 Tesla, celui-ci est donc presque 140 000 plus important que celui de la Terre. Nous nous attendons donc à davantage de symptômes liés à l’exposition au champ magnétique, comme un goût métallique dans la bouche, des vertiges, et plus de fatigue. Chaque personne réagit différemment face au champ magnétique, et possède une « valeur limite d’exposition ». Cette valeur est différente pour chaque personne et varie selon les jours et l’état de fatigue.

Dans ce cadre, nous avons suivi une formation en magnétoprotection pour limiter les effets du champ magnétique. Il s’agit d’adapter ses pratiques pour limiter le contact avec la machine. De même, par principe de précaution, nous n’avons pas testé nous-mêmes l’IRM 7T, étant déjà soumis au champ magnétique au quotidien.

Quelles sont vos missions dans le cadre de l’IRM 7 Tesla ?

Nous préparons le patient, nous vérifions qu’il n’y a pas de contre-indications, comme des dispositifs implantés sous la peau ou une opération récente. Nous étudions le dossier du patient et nous pouvons aussi être amenés à poser une perfusion. Puis, nous positionnons le patient afin d’obtenir des images de qualité. Nous choisissons le dispositif, le type d’antenne à mettre en place, puis nous faisons les images et nous gérons les paramètres.
Les images sont ensuite interprétées par les radiologues afin de poser un diagnostic.

Quels vont être les changements pour le patient ?

D’une manière générale, les patients sont de moins en moins anxieux à l’idée de passer une IRM : le diamètre de ces dernières est plus grand qu’auparavant, l’air y circule mieux et on s’y sent moins enfermé. De plus, les patients sont beaucoup plus informés : ils ont entendu parler de l’IRM par leur entourage et ils se renseignent sur Internet.

Cependant, cela risque d’être différent avec l’IRM 7 Tesla car elle est plus étroite, plus renfermée et plus longue : le tunnel mesure 2,7 m et 60 cm de diamètre.  La partie du corps sur laquelle on fait les images doit être au centre de l’aimant, donc au centre du tunnel, et comme la majorité des imageries portent sur le cerveau, les patients seront vraiment au milieu du tunnel, nous nous attendons donc à un effet anxiogène.
Nous devons alors prendre le temps de rassurer les patients, de leur expliquer le déroulement de l’examen, de montrer la machine. Dans certains cas, nous utiliserons également l’hypnose, plusieurs collègues sont formés pour cela, c’est ce que l’on appelle l’hypnose conversationnelle. Il s’agit de rassurer le patient, employer des mots positifs, et utiliser la respiration.

C’est le cœur de notre métier car pour faire une belle image, il faut prendre le temps avec le patient, tisser un lien de confiance, pour qu’il ait moins d’appréhension et qu’il bouge moins lors de la prise d’images, sauf que cela prend beaucoup de temps.

Combien de manipulateurs radio composent l’équipe de l’IRM 7 Tesla ?

En réalité, on parle de l’équipe 10 Tesla, composée de huit personnes qui travaillent sur l’IRM 3T et l’IRM 7T. Nous commençons la formation avec les quatre référents 7T, puis nous intègrerons les quatre autres manipulateurs progressivement sur la nouvelle machine et les formerons à notre tour.

L’équipe de manipulateurs d’électroradiologie médicale de l’IRM 7 Tesla, Christophe Pagot, Vincent Mazeau, Jérôme Rouffaud et Philippe Delhumeau