Agée de 28 ans, Sandra Ruiz est psychologue à la Villa Santé depuis le mois d’avril 2019. Une fois le baccalauréat en poche, elle quitte son pays natal, la Colombie, à ses 18 ans pour s’installer en France. Elle restera deux dans le centre universitaire d’étude du français pour les étudiants étrangers de Tours. Sandra Ruiz y intégrera par la suite la faculté de psychologie dont elle ressortira diplômée d’un master et d’une spécialisation en psychologie positive. Elle met, à ce jour, ses compétences à l’œuvre dans des ateliers à destination des usagers de la Villa Santé.
Quelle est la valeur ajoutée de la psychologie positive à la Villa Santé ?
Le monde de la santé ne s’attache véritablement à la prévention et à la promotion de celle-ci que depuis peu. Or, nous constatons que le mental a un rôle à jouer dans la prévention et dans la guérison. La psychologie positive a toute sa place à la Villa Santé car elle permet de voir les ressources et le potentiel de chacun. Il existe un lien réel entre le corps et l’esprit.
Vous avez été recrutée dès l’ouverture de la Villa Santé, quelles ont été vos premières missions ?
La Villa Santé était un cas unique en France, il y avait tout à construire. Quand je suis arrivée, je me suis retrouvée face une page blanche et autant le Pr Migeot, comme le Dr Albouy-Llaty, m’ont laissée libre de proposer des ateliers et de les animer, dans le respect bien sûr des valeurs de la Villa Santé. Aujourd’hui, je continue de proposer des ateliers, en fonction des besoins et de la demande de nos usagers, et je les anime seule, ou avec mes collègues animatrices.
A qui sont destinés vos ateliers ?
A tout le monde ! J’accueille, bien sûr, beaucoup de patients, mais aussi leurs aidants et proches, et des personnes sans pathologie. Il faut aussi savoir que tous les ateliers de la Villa Santé sont collectifs, cela concerne aussi les miens. Je ne propose pas de consultations personnelles à la Villa Santé, mais j’interviens au centre de santé sexuelle pour des suivis individuels une fois par semaine.
Que peut-on trouver dans vos ateliers ?
Comme je l’ai dit, l’ensemble de mes ateliers repose sur les principes de la psychologie positive. L’un de mes ateliers repose sur la méditation en pleine conscience. Pendant une heure, j’y amène la personne à se rendre présent à soi-même et à tout ce qui se passe autour de soi. Pendant vingt minutes, les participants bénéficient d’une méditation guidée. Le reste de la séance repose sur des échanges et l’expression du ressenti de chacun dans la bienveillance et sans jugement. Le but de cet ateliers est de donner des outils que tout le monde pourra réutiliser dans sa vie quotidienne, avec ou sans maladie. J’y accueille en majorité des personnes souffrant d’obésité, de douleurs et de maladies chroniques. Un autre atelier qui reste très apprécié, c’est le groupe de paroles qui accueille de patients, d’aidants et de jeunes parents. Il s’agit de créer un espace afin de libérer la parole sur sa maladie ou celle d’un proche. Dans le cas d’ateliers sur la parentalité, le but est de libérer les jeunes parents de leurs doutes et de leurs peurs. Dans toutes les situations, il se créé un échange entre les participants. Cela leur permet aussi de sortir l’isolement et pour les aidants, de ne plus être autant absorbés par la maladie de leur proche.
Vous axez aussi certains de vos ateliers sur l’image et la confiance en soi ?
Oui, c’est le cas par exemple de celui sur l’estime de soi qui permet aux participants d’acquérir plus de confiance en soi et de s’inscrire dans une démarche d’acceptation de soi. Le but est de se réapproprier l’image de son corps, de se voir avec bienveillance et cohérence. Cet atelier est destiné à tous types de patients, mais on y voit souvent des personnes souffrant d’obésité, de cancers et de douleurs chroniques. L’atelier la cool’heure émotionnelle est assez complémentaire de celui sur l’estime de soi. Nous sommes tous dotés d’une intelligence émotionnelle et j’aide les participants à adapter l’expression de leurs émotions aux situations du quotidien pour ne plus les subir, et ce grâce à des jeux rôle par exemple. Toujours dans ce registre, je propose aussi un atelier théâtre où les participants apprennent à lâcher prise et à être dans l’improvisation. Pour ceux qui se sentent moins à l’aise avec le théâtre, on propose aussi des ateliers d’expression artistique et d’écriture créative. Il existe encore beaucoup d’ateliers à la Villa Santé sur ces thématiques et tout le monde n’ira pas dans tous ces ateliers. Il nécessaire, grâce au bilan d’éducation thérapeutique, de cibler les besoins de nos usagers et de les orienter correctement. Il faut surtout garder à l’esprit qu’une bonne santé mentale aide à lutter contre la maladie, ou dans le cas des aidants, à lâcher prise, à se recentrer sur son individu. A la Villa Santé, nous ne laisserons jamais les personnes seules face à la maladie.