Regard médical : Mathieu Puyade, professeur en médecine interne

Pr Mathieu Puyade

Passionné par la recherche, Mathieu Puyade a été nommé praticien hospitalier - professeur des universités (PU-PH) en septembre 2023.

Quel a été votre parcours professionnel ?

Après mon externat à Bordeaux, j’ai intégré le CHU de Poitiers en 2007 pour faire un internat en médecine interne. J’ai obtenu un master de recherche en 2013 avant d’obtenir un poste de chef de clinique en onco-hématologie et thérapie cellulaire dans le service dirigé par le Pr François Guillot, puis par le Pr Xavier Leleu. En 2016, j’ai rejoint le service de médecine interne  du Pr Cazenave-Roblot en tant que praticien contractuel. J’ai été nommé professeur en médecine interne en 2023, après une année de mobilité à Ottawa, au Canada, pour perfectionner ma connaissance dans les greffes de cellules souches hématopoïétiques dans les maladies auto-immunes (sclérodermie systémique, sclérose en plaques, neuropathie Inflammatoire) dans le plus gros centre actif Nord-Américain.

Après mon clinicat, j’ai essayé d’apporter un peu de ce que j’avais appris en hématologie dans l’activité de médecine interne. J’ai développé le programme d’autogreffes de cellules souches hématopoïétiques dans les maladies auto-immune qui a commencé en 2017. Cette technique consiste en la réinjection de cellules souches provenant du patient (donc toujours compatibles), après destruction complète de son système immunitaire mais aussi de la moelle osseuse par une chimiothérapie intensive. Cette procédure est majoritairement utilisée pour le traitement d’hémopathies malignes. C’est pourquoi les greffes se font dans le secteur protégé d’onco-hématologie et thérapie cellulaire avec le concours du Dr José Miguel Torregrosa-Diaz. Mais seulement quelques patients atteints de maladies
auto-immunes strictement sélectionnés sont éligibles à cette technique qui donne des résultats jamais vus, notamment dans les formes graves de sclérodermie systémique (maladie auto-immune suivie en médecine interne où le corps se fibrose) ou réfractaires de la sclérose en plaques, en collaboration avec le Dr Amélie Dos Santos, responsable du CRC-SEP. Nous recrutons sur l’Ouest de la France, des Landes à la Vendée, voire même de la Guadeloupe. En effet, Le CHU de Poitiers est l’un des huit centres de greffe actif, en France. Nous pratiquons avec le Dr Clément Beuvon, praticien hospitalier en médecine interne,  environ trois à quatre greffes par an (3e ou 4e centre en terme d’activité selon les années). Notre objectif est de passer en rythme de croisière à cinq par an.

Quelles sont vos thématiques de recherche ?

Je fais partie du centre d’investigations clinique (CIC-1402) dirigé par le Pr Pierre-Jean Saulnier au sein de l’axe THOR du Pr Leleu. Une partie de mes recherches en hématologie sont en cours de finalisation. Il y a notamment un programme hospitalier de recherche clinique inter-régional qui porte sur l’immunogénicité de la vaccination
anti-pneumococcique dans la leucémie aiguë myéloblastique et le lymphome chez l’adulte (HEMATOVAC). Mon deuxième thème de recherche concerne les greffes dans les maladies auto-immunes. Je fais partie du groupe de travail européen sur cette thématique. Enfin, la toxicité des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires dans les cancers représente un troisième axe. Il s’agit de molécules qui, indirectement, active le système immunitaire afin qu’il détruise tumeur. Mais cela entraine des effets secondaires sur les maladies auto-immunes. Ce sont des recherches que je réalise avec le Dr Marion Allouchery, en pharmacovigilance, et le Dr Mickael Martin, MCU-PH, en médecine interne.

La recherche semble importante pour vous

C’est pour moi un aspect fondamental pour permettre de bousculer les lignes de traitements, quelle que soit la maladie, et permettre aux gens d’avoir accès à un meilleur traitement évalué scientifiquement. Je me suis intéressé à la recherche dès mon internat grâce à la dynamique du service d’onco-hématologie et thérapie cellulaire. C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire un master en recherche en épidémiologie et en biostatistique. Je collaborais au registre des cancers en Poitou-Charentes dirigé, à l’époque, par le Pr Pierre Ingrand, et désormais par le Dr Gautier Defossez. Ensuite, j’ai réalisé une thèse universitaire soutenue en 2017. Elle est le prolongement de mes recherches de master qui portaient sur le parcours des soins des patients atteints de myélome multiple en Poitou-Charentes.

Qu’est-ce qui vous rend curieux de tout ?

Je pense que cela est dû à la curiosité qu’ont suscité mes parents dans mon éducation : ne pas se satisfaire de ce je ne comprends pas. Bien évidemment, nous ne pouvons pas répondre à toutes les questions parce qu’il peut y en avoir cinq à dix qui surgissent chaque jour.

Quel type d’enseignement dispensez-vous ?

Avant ma nomination, je participais déjà à des enseignements magistraux en médecine interne. L’année dernière, j’ai intégré l’équipe du DIU Poitiers-Limoges. Cette année, je suis impliqué dans l’enseignement de lecture d’article scientifique coordonné par le Pr Pierre-Jean Saulnier.

Pourquoi êtes-vous resté à Poitiers ?

Moi qui suis né à Pau et qui ai grandi dans le Béarn, je suis resté au CHU de Poitiers où j’ai trouvé un environnement favorable à la recherche et à cette activité de recours. J’ai réalisé de nombreux stages dans différents services avec lesquels j’ai établi des liens avec de nombreux spécialistes ce qui rend la pratique médicale beaucoup plus facile. Se sont également mes collaborations avec le service d’onco-hématologie et thérapie cellulaire du Pr Leleu et le laboratoire de thérapie cellulaire du Dr Christine Giraud, collaborations fondamentales pour l’activité d’autogreffes. Sans eux, je n’existe pas.