Après avoir passé plusieurs jours en réanimation, des patients ayant eu une forme sévère d’infection à la covid-19 doivent poursuivre leur combat pour récupérer toutes leurs facultés fonctionnelles. Au CHU de Poitiers, le service de médecine physique et de réadaptation (MPR) en accueille régulièrement.
Prise en charge des patients post-covid au CHU de Poitiers
Même si la troisième vague se révèle plus conséquente pour le CHU de Poitiers, l’établissement est beaucoup moins impacté que bon nombre d’hôpitaux sur le territoire national. Aussi, en un an, le service MPR a accueilli, comparativement, peu de patients post-covid. Les premiers sont arrivés dès le mois de mai. Le virus était encore peu connu et la crainte de contaminer les autres patients de MPR a imposé la réorganisation d’une aile en soins de suite et de réadaptation commune avec la gériatrie. Les patients post-covid disposaient ainsi d’un service de rééducation et d’un personnel exclusivement destinés à leur prise en charge. Depuis, nous avons appris beaucoup plus de choses sur la covid-19 et notamment la durée pendant laquelle les patients peuvent transmettre le virus. Lorsqu’ils arrivent en MPR, ils ne sont plus contagieux et ils sont donc pris en charge au sein du même plateau technique que les autres patients. Tout cela dans le respect des gestes barrières : port du masque, friction des mains au gel hydroalcoolique, distanciation et désinfection des équipements entre chaque patient.
Un cluster s’est déclaré au sein du service de MPR il y a peu de temps. Fort heureusement, seuls trois patients ont été infectés sans gravités. Les visites ont été interdites et les patients sont restés plusieurs jours confinés dans leur chambre. Le service s’est adapté pour assurer les programmes de rééducation dans les chambres et entourer au mieux les patients.
Tout réapprendre
Les patients post-covid admis en MPR sont des patients qui ont des graves séquelles dues à la maladie elle-même mais également à la réanimation : déficiences d’ordre respiratoire, cardio-vasculaire, musculo-squelettique, neurocognitif, psychiatrique, métabolique, etc. A cela, peuvent s’ajouter des problèmes liés à des pathologies antérieures. Ces patients sont incapables de faire quoi que ce soit. Ils ne sont pas en état de rentrer chez eux. Ils ont besoin d’une rééducation neuro-motrice couplée avec une rééducation cardio-respiratoire. Ces rééducations se rapprochent de celles proposées aux patients sortant d’un long séjour en réanimation. « Nous surveillons beaucoup plus la saturation en oxygène par rapport à nos patients traditionnels. C’est l’un des éléments qui peut nous inquiéter sinon ce sont des patients comme les autres », explique le Dr Anne Delaubier, médecin en médecine physique et de réadaptation et ancienne responsable du service de MPR du CHU de Poitiers.
La rééducation commence très doucement et s’intensifie au fur et à mesure de l’évolution de l’état des patients. C’est une rééducation multidisciplinaire qui fait appel à plusieurs spécialistes : kinésithérapeute, ergothérapeute, psychologue, etc. La durée de la rééducation est différente d’un patient à l’autre : de l’ordre d’un à plusieurs mois. Elle varie selon l’avancée de la récupération. « Cela dépend de beaucoup de choses : de la capacité du patient à supporter la rééducation, de ses comorbidités, etc. En outre, son retour chez lui est conditionné à la présence ou non de proches et aux contraintes architecturales de son domicile. Mais il est vrai que les patients post-covid sont davantage soumis à des périodes de fluctuation de leur état », précise le Dr Delaubier.
Et le covid long ?
Le service de MPR n’a pas encore pris en charge de patients souffrant de séquelles prolongées d’un covid traité à domicile. Ce type de patient est aujourd’hui de mieux en mieux identifié. Il s’agit de patient qui ayant fait une forme plus ou moins sévère de la covid-19, souffre de symptômes plusieurs mois après. A l’image de ce qu’il fait déjà pour les patients souffrant de maladies chroniques comme la sclérose en plaque, le service de MPR est à même de proposer des séances de jour afin de les accompagner durant cette période difficile. Nous ne sommes plus du tout dans le même cas de figure d’un patients covid sortant de réanimation. Il ne nécessite pas forcément une hospitalisation. Le Dr Delaubier précise que « Si le patient ne s’en sort pas, nous pouvons lui faire un programme de reconditionnement avec tout notre plateau technique et tout l’investissement du personnel pour accélérer sa récupération ».