Activateurs de zone : volontaires pour les situations sanitaires exceptionnelles

Activateurs de zone risques NRBCE

Les activateurs de zone sont des personnes ressources volontaires, qui, après avoir suivi une formation spécifique aux risques nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosifs (NRBCE), peuvent être mobilisées lors de situations sanitaires exceptionnelles. Les volontaires du département de la Vienne sont formés au sein du centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU) du CHU de Poitiers.

Un maillon essentiel de la décontamination

Le territoire français est divisé en 14 zones de défenses, avec chacune son établissement de santé de référence. La Vienne fait partie de la zone de défense sud-ouest, dont l’établissement de référence est le CHU de Bordeaux. En cas de situation sanitaire exceptionnelle, différents plans de secours peuvent être déclenchés, en fonction des circonstances, afin d’organiser et de coordonner au mieux l’intervention des services de défense et de secours. 

Parmi ces plans de secours, celui pour lequel les activateurs de zone peuvent être sollicités est le plan ORSAN – organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles – à risque nucléaire, radiologique, biologique, chimique ou explosif (NRBCE). Il est déclenché par la direction du CHU en cas d’afflux massif de victimes et/ou d’incident à risque nucléaire, radiologique, biologique, chimique ou explosif (NRBCE). Une fois le plan ORSAN déclenché, la prise en charge des victimes doit suivre un protocole particulier privilégiant avant tout la protection des soignants, puis la décontamination des victimes, et enfin l’apport éventuel d’antidotes. La décontamination s’effectue à proximité de la zone d’incident, dans une zone de décontamination mobile gérée par les sapeurs-pompiers.

Les activateurs de zone ont quant à eux pour mission de préparer la zone de décontamination fixe la plus proche de l’incident, puis d’y accueillir les patients « fuyards », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas été décontaminés et pris en charge directement sur le lieu de l’incident, et qui se présentent spontanément au CHU. Le département de la Vienne compte deux zones de décontamination sur le site hospitalier de Poitiers, une sur le site hospitalier de Châtellerault, et une sur le site hospitalier de Montmorillon.

« Le poste d’activateur de zone est un poste clé, fondamental », précise le Dr Steven Perrault, responsable pédagogique de la formation NRBCE au CESU, il s’agit de savoir monter et démonter une zone de décontamination, de connaître les critères de déploiement de ces zones, et de savoir gérer les patients accueillis pour limiter au maximum la contamination. Selon les recommandations du plan zonal de défense, la Vienne devrait disposer de 150 activateurs de zone, nombre calculé en fonction notamment de la densité de population du département et des moyens disponibles. Ils sont aujourd’hui environ 75 seulement dans le département de la Vienne.

Le périmètre de mobilisation des activateurs de zone concerne majoritairement le département dans lequel ils ont été formés, mais il peut arriver que des agents soient mobilisés dans les départements limitrophes : « cela reste très rare, car l’un des facteurs les plus importants dans les situations sanitaires exceptionnelles, c’est la réactivité. Ainsi, plus les agents sont éloignés géographiquement, plus on perd de temps », explique le Dr Perrault.

Heureusement, les situations sanitaires exceptionnelles sont peu fréquentes. Ces dernières années, dans la Vienne, seuls quelques incidents mineurs ont nécessité la mise en place d’une cellule de décontamination, mais pour un nombre très restreint de patients, et ce sans nécessité de déclencher le plan ORSAN.

Session de recyclage pour un groupe d’activateurs de zone : révision des procédures d’habillage, avec le Dr Steven Perrault

La formation : apprendre en situation simulée

Tout employé d’un établissement de santé peut se former pour être activateur de zone, quelle que soit sa profession, même administrative. Dans les faits cependant, les activateurs de zone sont majoritairement des paramédicaux : « ils ont l’habitude du contact avec les patients, il est donc plus facile pour eux s’assimiler les compétences de la formation », ajoute le Dr Perrault.

Pour s’inscrire à la formation, il faut au préalable avoir suivi les formations « attestation aux gestes et soins d’urgence (AFGSU) » 1 et 2. « La formation d’activateur de zone se place réellement dans la lignée de ces formations », précise le Dr Perrault. Vous la trouverez sur le catalogue du service de la formation continue du CHU de Poitiers, sous l’appellation « attestation de formation spécialisée aux gestes et soins d’urgence face à une SSE », modules 7, 8 et 9 d’une durée de 3 jours.

La formation se déroule sur 3 jours, au CESU du CHU, en alternant les moments théoriques et de pratique. « C’est en situation simulée qu’on mémorise vraiment les gestes à effectuer », ajoute le Dr Perrault.

La formation suit un cadre global et standard, qui s’adapte en fonction des particularités locales. Dans notre département, les centrales nucléaires de Civaux et de Chinon, ainsi que l’abondance d’usines chimiques et pétrochimiques constituent les principaux risques sanitaires. Le fait que notre département soit assez rural implique également un risque chimique au niveau des nappes phréatiques. Ce sont donc sur ces situations que se concentre la formation.

Après la formation initiale, les agents suivent une formation de recyclage d’une demi-journée tous les ans, qui permet de réactiver leurs connaissances, et de les informer sur les mises à jour des protocoles. Elle débute par un temps d’apports théoriques, avant de passer à la pratique, directement dans la zone de décontamination, pour revoir les postes et rôles de chacun, ainsi que les gestes spécifiques de prise en charge. Un temps est également dédié aux procédures d’habillage et de déshabillage, ainsi que de pratique en tenue, pour assimiler les gestes à effectuer avec l’encombrement de la tenue. En effet, celle-ci est composée d’une combinaison à capuche, de sur-chaussures, de sous-gants et de gants en butyle et d’un masque cartouche. L’ensemble est assez encombrant et pénible à porter. C’est pourquoi, lors des situations sanitaires exceptionnelles, les agents sont mobilisés un maximum de 30 minutes à leur poste, afin de leur éviter tout malaise.

Envie de vous inscrire à la formation ?
Prenez contact avec le CESU au 05 49 44 36 89 ou par mail à cesu-secretariat@chu-poitiers.fr. Si vous êtes un agent du CHU, pensez à demander cette formation à votre encadrement lors de votre entretien professionnel annuel. Cette formation nécessite d’obtenir l’accord de votre cadre et du service de la formation continue.

Un besoin de formateurs

Le Dr Perrault est formateur NRBCE depuis 3 ans. « J’ai toujours eu un intérêt pour les plans de secours, j’ai notamment suivi les formations ORSEC NoVi en basse fidélité, avec des Lego, un dispositif très intéressant qui a été mis en place au CHU de Poitiers par le Dr Lorraine Marchal. Puis, j’ai continué avec la formation NRBC ». A l’appel du Dr Nadia Tagri-Hikmi, responsable opérationnelle des situations sanitaires exceptionnelles, qui, devant le manque de formateurs, a proposé au Dr Perrault d’assumer ces fonctions, il a décidé de sauter le pas, devenant même par la suite responsable pédagogique des formations NRBCE au CHU de Poitiers.

Il a donc suivi la formation initiale de 3 jours, dispensée par le CHU de Bordeaux, en tant qu’établissement de référence de la zone de défense sud-ouest. Avant de suivre cette formation, il est nécessaire d’avoir suivi les formations AFGSU 1 et 2 et la formation aux risques NRBCE. Après la formation initiale, l’équipe du CHU de Bordeaux se déplace dans les établissements pour les sessions de recyclage des formateurs.

Dans le département de la Vienne, il y a un peu moins d’une dizaine de formateurs, répartis sur les sites de Poitiers et de Châtellerault, provenant tous des équipes du SAMU, même si ce n’est pas un prérequis pour devenir formateur. Les formateurs du site de Poitiers réalisent l’intégralité des formations initiales, et les sessions de recyclage sont organisées à la fois sur le site de Poitiers et sur celui de Châtellerault, sous l’égide du Dr Natacha Piaud Jauffrion.