Le Pr Didier Pittet, médecin infectiologue et épidémiologiste suisse, était présent ce jeudi 18 novembre dans notre établissement en tant que membre du jury de soutenance d’habilitation à diriger des recherches (HDR) du Dr Matthieu Boisson, anesthésiste-réanimateur au CHU de Poitiers. Le Dr Boisson a bénéficié d’une mobilité universitaire d’une durée d’un an au sein du service de prévention et de contrôle des infections aux Hôpitaux Universitaires de Genève, dont le Pr Pittet est le chef de service. Pour rappel, ce dernier a été nommé par Emmanuel Macron à la tête de la mission chargée d’évaluer la gestion de la crise covid-19 en France.
Mobilité universitaire : un aller-retour de connaissances
Cette mobilité est une réelle opportunité, à la fois pour le médecin qui se déplace et pour le service qui l’accueille. « Cela permet d’apprendre autre chose, de partager ses connaissances et ses méthodes de travail », souligne le Pr Pittet. Les médecins qui bénéficient de ces échanges proviennent de pays différents, et ont pour point commun d’avoir été repérés par leur encadrement comme étant des praticiens prometteurs : « ce sont des talents, que nous accompagnons dans leur parcours professionnel afin qu’ils développent leur domaine d’activité et trouvent leur « niche » d’expertise ». Le Pr Pittet ne tarit d’ailleurs pas d’éloges à l’égard du Dr Boisson, dont les travaux sur la prévention des infections nosocomiales au bloc opératoire ont enrichi les pratiques aux Hôpitaux de Genève : « on apprend aussi de ceux qu’on accueille, c’est un réel aller-retour de connaissances ». Le Dr Boisson dispose à la fois du regard de praticien, de personne de terrain, que lui confère sa fonction d’anesthésiste-réanimateur, et d’un intérêt profond pour la recherche, de cet « œil très acéré » sur la prévention des infections.
La prévention des risques infectieux : un domaine de pointe
A Genève, le service de prévention et de contrôle des risques infectieux a été créé par le Pr Pittet en 1992, pensé comme une « évolution du service d’hygiène ». « On est allés au-delà de l’aspect propreté et hygiène des locaux et du personnel, en repérant les infections au sein de l’hôpital, mais surtout en étudiant leurs causes de survenue ». Les travaux du Dr Boisson, portant sur la compréhension des risques infectieux afin de mieux les prévenir, s’inscrivent dans cette même logique, et comme la prévention des risques infectieux est une spécialité médicale qui compte peu de praticiens, il est toujours très enrichissant de se rencontrer et de partager sur les pratiques de chacun. « Ce qui est passionnant dans la recherche clinique, c’est qu’il y a une application rapide sur les pratiques, et donc on voit tout de suite l’apport des études sur l’amélioration de la prise en charge du patient. »
Le Dr Boisson travaille notamment sur l’importance de la désinfection du site chirurgical lors d’une opération, mais aussi sur la connaissance du microbiome, c’est-à-dire de tous les microbes et bactéries qui sont présents sur notre peau, « et qui ont leur utilité, il faut donc les préserver ». Mais il est également primordial de les connaître et de les surveiller car ils peuvent être à l’origine d’infections nosocomiales, notamment chez les patients dont le système immunitaire est affaibli par une pathologie ou une opération.
Au CHU de Poitiers, deux équipes de recherches INSERM sont implantées, dont l’équipe U1070 du Pr Couet avec laquelle le Dr Boisson travaille. « C’est un grand privilège de pouvoir collaborer avec ces équipes, une chance pour les praticiens, mais c’est également une grande chance pour les patients, puisqu’ils peuvent ainsi bénéficier des dernières innovations en terme de prise en charge », souligne le Pr Pittet.