Technique TriClip pour traiter les insuffisances tricuspides

TripClip

L’insuffisance tricuspide (IT) est une maladie de la valve tricuspide, assez fréquente et associée à un mauvais pronostic. Elle concerne environ 0,8 % de la population générale. Son incidence augmente nettement avec l’âge. 4 % des patients de plus de 75 ans sont concernés. Depuis le 4 avril 2024, le CHU de Poitiers propose un nouveau traitement : la technique TriClipTM (Abbott Cardiovascular).

L’insuffisance tricuspide est liée à un défaut d’étanchéité de la valve tricuspide[1] située entre l’oreillette droite et le ventricule droit, entraînant un reflux de sang anormal du ventricule droit vers l’oreillette droite. Dans 85 % des cas, elle est fonctionnelle et, le plus fréquemment, secondaire à une pathologie du cœur gauche (maladie valvulaire du cœur gauche, défaillance du ventricule gauche) : une arythmie par fibrillation atriale, une maladie pulmonaire, une hypertension pulmonaire, ou à la présence d’une sonde de stimulation cardiaque (pace maker ou défibrillateur). Les pathologies du cœur gauche finissent par engendrer une dilatation des cavités cardiaques droites favorisant la survenue et l’aggravation de l’insuffisance tricuspide.

Une insuffisance tricuspide sévère entraîne l’apparition de signes d’insuffisance cardiaque droite avec prise de poids liée à la rétention d’eau, essoufflement, fatigue, œdèmes des membres inférieurs. Elle facilite la survenue de troubles du rythme, de défaillance rénale et hépatique. Elle entraîne, par conséquent, des hospitalisations répétées avec une qualité de vie très dégradée. À un stade avancé, l’insuffisance tricuspide sévère est associée à un pronostic sombre avec un taux de mortalité proche de 60 % à un an, directement corrélé au degré de la fuite tricuspide.

En pratique, la chirurgie cardiaque conventionnelle, recommandée pour le traitement des insuffisances tricuspides sévères, est peu réalisée (5 %) du fait du risque opératoire élevé (mortalité à un mois évaluée entre 8 et 10 %).  Le CHU de Poitiers pratique depuis le 4 avril dernier la technique TriClipTM de réparation valvulaire percutanée qui constitue une alternative thérapeutique chez les patients symptomatiques, malgré un traitement médical optimal et considérés à haut risque opératoire. Elle s’adresse aux patients souffrant d’une insuffisance tricuspide non éligible au traitement conventionnel chirurgical. Cette nouvelle technique est proposée grâce à un financement exceptionnel accordé par le CHU de Poitiers, ce dispositif n’étant pas encore remboursé par la Sécurité sociale. Elle est réalisée par les Drs Jean Mergy et Elisa Larrieu, cardiologues interventionnels, en collaboration étroite avec les docteurs Corinne Beaufort et Benjamin Alos, cardiologues échographistes.

Le système TriClipTM est directement inspiré du système MitraClipTM (réparation bord à bord de la valve mitrale) qui a démontré son efficacité et sa sécurité dans le traitement de l’insuffisance mitrale depuis plusieurs années.

L’objectif de la technique TriClipTM est de restaurer un accolement des feuillets de la valve dans la zone de fuite à l’aide de la pose de clips, ou « pinces », et ainsi réduire la fuite tricuspide. Elle est effectuée par l’insertion d’un cathéter muni du clip par une voie veineuse fémorale, au niveau du pli de l’aine, sous anesthésie générale, sans recours à une ouverture du thorax et donc sans sternotomie. L’anesthésie générale est motivée par la nécessité d’une échographie transoesophagienne pendant la procédure pour guider la mise en place des clips sur la valve tricuspide. En fonction de l’anatomie et du type de fuite tricuspide, l’implantation de plusieurs clips est souvent nécessaire. Le traitement TriClipTM a montré une réduction de la fuite tricuspide associée à une diminution des symptômes d’insuffisance cardiaque, permettant une amélioration de la qualité de vie du patient et une diminution des hospitalisations.

Le dispositif TriClipTM est un traitement innovant. Il permet d’offrir une véritable possibilité de réparation de la valve tricuspide chez des patients symptomatiques, qui souffre d’insuffisance tricuspide malgré un traitement médical bien conduit et qui ne peuvent bénéficier d’une chirurgie cardiaque en raison d’un risque opératoire important.

[1] La valve tricuspide est l’un des quatre valves qui composent le cœur avec les valves pulmonaire, aortique et mitrale.

Photos du laboratoire Abbott.