Réapprendre la marche avec un robot

Lokomat

Le CHU de Poitiers a récemment acquis un équipement de haute technologie qui permet de réaliser de la thérapie locomotrice robotisée. Il s’agit du Lokomat®, un exosquelette robotique qui a un fort succès auprès des patients comme des soignants du service de médecine physique et de réadaptation (MPR). Le seul équipement disponible dans le département de la Vienne.

Optimiser la récupération des patients

Sous l’impulsion du Dr Romain David, chef de clinique assistant, le service de médecine physique et de réadaptation (MPR) du CHU de Poitiers a acquis ces dernières années plusieurs dispositifs innovants : des semelles connectées pour analyser la marche, des orthèses électroniques pour le déficit des muscles releveurs du pied, des dispositifs de réalité virtuelle. Tous ces dispositifs permettent d’augmenter l’offre de soin technologique proposée aux patients. La dernière acquisition est le dispositif Lokomat® conçu par l’entreprise Hocoma.  Cet équipement est un exosquelette des membres inférieurs électro mécanisé.  « L’objectif de l’acquisition de cet équipement est de pouvoir optimiser la récupération des patients après une atteinte neurologique principalement, afin qu’ils puissent en bénéficier pour voir récupérer plus rapidement. C’est un dispositif qui peut servir pour les maladies de l’appareil neurologique et de l’appareil locomoteur », souligne le Dr Romain David.

Le principe, s’il parait compliqué au premier abord, est plutôt simple. Placé sur un tapis de marche, le patient est maintenu grâce à des harnais qui soulagent le poids de son corps. Ses jambes sont fixées à des jambes « robotiques » qui lui permettent, une fois la machine enclenchée, de reproduire le plus naturellement possible le schéma de marche.  « Tout patient avec un minimum de tonus musculaire au niveau du tronc et des membres inférieurs peut bénéficier de la machine », explique Aurélie Bourrellier, cadre de santé en MPR. « Dans la rééducation, il existe un impératif d’intensité, de répétition et de durée. Le Lokomat® permet un entraînement beaucoup plus intense, favorable à une récupération plus rapide. On va aller chercher la performance du patient. Donc, en couplant l’utilisation du Lokomat® avec une rééducation conventionnelle, nous obtenons de meilleures récupérations », rajoute le Dr David. Les kinésithérapeutes de MPR qui ont été formés, l’utilisent en complément des techniques de rééducation traditionnelle. « C’est un outil complémentaire à notre pratique, un moyen supplémentaire pour faire travailler le patient. Ce qui est intéressant en premier lieu, c’est qu’il permet la répétition des pas », souligne Ianis Lochon, kinésithérapeute en MPR.  Les différentes fonctionnalités de l’équipement permettent notamment aux thérapeutes de suivre et d’adapter la marche du patient : agrandir le pas, augmenter ou réduire la vitesse du tapis ; et d’alléger plus ou moins le poids du patient. En effet, l’exosquelette est doté de capteurs qui mesurent l’activité, quantifient les progrès et orientent la rééducation. Les exercices se font de manière ludique grâce à des jeux de simulation intégrés à l’équipement, ce qui plait énormément à M. Armenso L., patient qui a déjà bénéficié de plusieurs séances de thérapie robotisée :  « C’est vraiment super. Nous avons vraiment l’impression de marcher, d’être debout, sensation que je n’avais pas avec les autres méthodes thérapeutiques. Je ressens le poids de mon corps. En plus, l’équipement est assez confortable », précise-t-il. Le Lokomat® est donc un équipement plus facile d’utilisation et plus confortable qu’un outil de suspension traditionnel aussi bien pour les patients que pour les soignants.

Une recherche pour améliorer la qualité de vie des patients

« Le CHU de Poitiers est l’un des rares centres hospitaliers universitaires à s’être doté du Lokomat. En effet, sur les 24 établissements équipés, la grande majorité sont des centres privés », souligne le Dr Romain David, « c’est vraiment un grand atout de disposer d’un tel équipement non seulement pour le bénéfice des patients mais également pour la recherche ». Celui-ci a mis au point un projet de recherche en lien avec le laboratoire PRISMATICS, dirigé par le Pr Rigoard. « Le projet de recherche a pour but d’optimiser l’entrainement à l’effort du patient post AVC en couplant la rééducation robotisée des membres inférieurs avec la réalité virtuelle. L’hypothèse étant que, placé dans un environnement virtuel, le patient adhérera plus facilement à la thérapie proposée et s’entrainera plus longtemps. Et nous savons que dans les maladies neurologiques, surtout lorsque l’on est dans la phase aiguë ou subaiguë, il y a un impératif d’intensité et de répétition pour pouvoir récupérer le plus possible », explique le Dr Romain David. Les résultats s’annoncent positifs puisqu’une étude antérieure, menée auprès d’enfants, a démontré une augmentation de la charge d’entraînement grâce à l’association de la réalité virtuelle et de la rééducation robotisée. « Nous avons déjà une preuve scientifique que cela fonctionne. Nous souhaitons le transposer chez des adultes après un AVC. Il s’agira, à terme, d’offrir une double innovation aux patients afin d’optimiser leur récupération : un appareil de haute technologie, couplé à une autre innovation, la réalité virtuelle ». L’étude, qui débutera courant 2023, est prévue sur une période de 4 semaines d’entrainement avec des inclusions pendant 1 an. Il s’agira de comparer la durée des entrainements avec et sans réalité virtuelle. Les résultats de cette recherche seront essentiels lorsque l’on sait que les AVC sont la première cause de handicap moteur acquis en France. Retrouver la marche est la principale attente des patients concernés. Aussi, cette recherche permettra de donner aux patients l’accès à une rééducation de pointe qui a fait la preuve de son efficacité afin de faciliter les actes de la vie quotidienne, la réinsertion socioprofessionnelle, et in fine, d’améliorer leur qualité de vie.