Réflexion éthique : une journée pour appréhender tous les états du corps

Pr Roger Gil

Sommes-nous un corps ou avons-nous un corps ? C'est par cette question que le Pr Roger Gil, directeur de l’espace de réflexion éthique Poitou-Charentes, a introduit la journée éthique intitulée "Corps, chair et relation de soin" le mardi 29 septembre à Poitiers. "C'est une question qui garde son mystère, a-t-il poursuivi, mais ce qui est sûr, c'est que le corps est un médiateur entre l'intériorité du moi et l'extériorité du monde, qu'il n'a pas de prix, mais une dignité."

De quel façon peut-il garder sa dignité et être soigné, quand, hospitalisé, malade, fragmenté (don d’organes), ouvert, affaibli, vieillissant ou donnant la vie, le corps subi une perte d’identité ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre les multiples intervenants (médecins, chirurgiens, infirmiers, sages-femmes, aide-soignante, sociologue, socio-esthéticienne, juriste, témoins) de cette 4e  journée éthique qui a mobilisé en nombre, puisque près de 300 personnes, principalement des professionnels de santé, des étudiants et des membres d’associations de patients, avaient fait le déplacement. “Cette journée est un vrai succès, on a même dû refuser du monde”, indique Milianie Le Bihan, chargée de mission au sein de l’espace de réflexion éthique Poitou-Charentes.

La Journée éthique Corps, chair et relation de soin a fait le plein
La Journée éthique Corps, chair et relation de soin a fait le plein

Tout au long de la journée, ce sont des sujets médicaux (hémodialyse : corps filtré, corps rénové), mais aussi sociétaux (vivre quand le corps fout le camp), philosophiques (le corps ouvert : l’intérieur du corps est-il encore la personne ?), juridiques (le corps, sujet de droit) ou encore métaphysiques (peut-on sortir de son corps ?) qui ont été évoqués, avant de terminer sur la problématique du transhumanisme, si bien exposée par le Pr Gil : “Le transhumanisme vise à augmenter l’homme, à le projeter au-delà de ses limites, soit en l’associant à des ordinateurs, soit en conservant une identité corporelle immortalisée par des cellules souches embryonnaires que l’on pourrait utiliser pour régénérer les organes au fur et à mesure de leur vieillissement. Mais que deviendront les sujets non connectés ou les sujets pour lesquels les cellules souches ne seront pas accessibles ? Est-ce cet avenir que nous voulons pour l’humanité ? Il est temps de repenser aux limites qui font l’humanité car il y a encore tant à faire pour faire grandir l’homme au sein-même de son humanité.”