Chaque année au mois d’octobre, une semaine entière est dédiée à l’allaitement maternel. C’est l’occasion pour les professionnels et les associations de soutenir et d’encourager les femmes à donner le sein. Des actions de sensibilisation et d’information ont lieu sur tout le territoire national et notamment au CHU de Poitiers. Angélique Vennin-Lecuiller, sage-femme à la maternité du CHU, et Karine Levesque, puéricultrice dans le service de néonatologie, travaillent au quotidien pour accompagner les mamans dans cette étape de leur vie.
Les bienfaits du lait maternel
Les bienfaits de l’allaitement maternel pour la santé et le développement du nourrisson ne sont plus à démontrer. Le lait maternel contient tous les éléments nécessaires à la croissance de l’enfant : eau, protéines, glucides, lipides, vitamines, oligo-éléments, sels minéraux, etc. Il a pour spécificité d’évoluer en même temps que les besoins de l’enfant. De nombreuses études scientifiques ont par ailleurs démontré que les bébés allaités seraient plus protégés contre les infections. Et puis, l’allaitement permet un contact peau à peau, un contact qui rassure l’enfant et qui privilégie le lien mère-enfant. Angélique et Karine le soulignent : le lait maternel est ce qu’il y a de mieux pour le nouveau-né. Angélique et Karine le promeuvent, chacune dans son service, mais elles ne cherchent aucunement à l’imposer. « Nous sommes là en tant que professionnel pour respecter vraiment le choix de la maman. La maman qui ne souhaite pas allaiter, il est aussi de notre devoir de l’accompagner », précise Karine. En France, malheureusement, les femmes sont très peu ou mal renseignées sur l’allaitement. Et la communication faite autour de l’alimentation du nouveau-né ne les aide pas davantage. Si le taux de femmes allaitantes est assez conséquent les premiers jours suivant la naissance, il chute fortement dès les premiers mois alors que l’OMS recommande le lait maternel au moins jusqu’au 6e mois. La reprise du travail et la pression sociale n’encouragent pas les femmes à poursuivre l’allaitement très longtemps.
Accompagner l’allaitement maternel
Karine et Angélique ne font pas le même métier mais elles ont une mission importante : l’accompagnement à l’allaitement maternel. Cet accompagnement est essentiel car si la production de lait est un processus naturel physiologique, l’acte de donner le sein n’est pas inné. Aussi, la phase d’allaitement doit être préparée en amont, avant même l’accouchement. Entre fatigue et bouleversement hormonal, la période post-partum peut rendre laborieuse, pour la mère, la mise en œuvre de l’allaitement. « Cela peut être difficile psychologiquement. La maman doit savoir lâcher prise et écouter son instinct. Ce n’est pas forcément ce que lui dicte sa nature » explique Angélique. Le rôle de la sage-femme et de la puéricultrice est important les premiers jours. Expliquer la lactation, aider à trouver la bonne position, soigner les crevasses mais surtout encourager et soutenir les mamans. « A la maternité, nous pouvons heureusement compter sur l’aide des auxiliaires de puériculture qui consacrent beaucoup de temps à aider les mamans allaitantes. Elles sont vraiment indispensables », précise Angélique. A ces patientes, la sage-femme conseille : « D’avoir confiance en elles même si cela n’est pas facile. Elles doivent écouter leur instinct, qu’il s’agisse d’allaiter ou de donner le biberon. Elles ne feront jamais mal à leur bébé. Et si après leur sortie de l’hôpital, elles ont le moindre doute, elles peuvent contacter les services de la protection maternelle et infantile en plus de leur sage-femme libérale ».
L’allaitement des nourrissons prématurés
L’accompagnement à l’allaitement maternel en néonatologie est différent de celui de la maternité. Tout en suivant l’évolution du nourrisson prématuré, Karine Lévesque, puéricultrice, doit également surveiller la production du lait de la mère afin que celle-ci soit en capacité de faire téter son enfant lorsque le moment sera venu. Les bébés prématurés – à moins de 34 semaines d’aménorrhées – sont nourris pas une sonde naso-gastrique de lait de la mère ou reçu en don. Plus digeste et moins source d’infections, le lait maternel est, en effet, fortement conseillé pour les petits prématurés. Le lien entre la mère et l’enfant étant plus difficile à établir, on favorise le contact entre le couple pendant cette période. Et, dès que le bébé commence à produire des mouvements de succion, on essaye de le mettre au sein. « C’est vraiment un accompagnement au jour le jour, en fonction de l’évolution du bébé, un suivi très individualisé. Il y a toute l’observation autour du bébé mais il faut également faire en sorte que la maman puisse avoir une lactation la plus abondante possible et même une surproduction de lait au début », explique Karine. La mise en route de l’allaitement maternel demande beaucoup plus de temps lors de naissance prématurée. La prise de poids est plus lente et les mamans se découragent parfois, préférant alors passer au biberon. Tout comme Angélique, Karine incite les mamans à s’écouter et à écouter leur bébé.