Les attachés de recherche clinique (ARC) sont un maillon essentiel de la recherche clinique. Ils peuvent être spécialisés dans l’investigation ou dans la promotion. Nous sommes allés à la rencontre de l’équipe d’ARC investigateurs du centre d’investigation clinique (CIC 1402) du CHU de Poitiers.
Quel est votre métier ?
En tant qu’attachés de recherche clinique investigateurs, notre mission est d’apporter notre aide aux médecins investigateurs qui mènent des études cliniques au CIC.
En recherche clinique, les études sont menées selon 4 phases d’essai. Nous intervenons sur chacune de ces phases, et nos missions varient en conséquence. Plus la phase est précoce, plus la surveillance des effets indésirables est cruciale. Notre rôle est donc d’autant plus important et le suivi des patients et volontaires étroit. Au CIC, la plupart des essais cliniques menés sont des phases 1 et 2, les études de phase 1 nécessitant un agrément particulier. Cette politique est le reflet du partenariat du centre avec l’Inserm, dont la ligne directrice est la transversalité, le passage du laboratoire à la pratique clinique. Les essais cliniques de phase 3 sont quant à eux soit menés au CIC, soit dans les services de soin. Des études de phase 4, études observationnelles ou des registres, sont également menées au CIC.
Nous nous situons à l’interface entre le promoteur (qui peut être un laboratoire privé ou une institution), les médecins investigateurs, la pharmacie, le centre de ressources biologiques, les infirmiers de recherche clinique, les services de soins impliqués dans l’étude, et les patients et volontaires. Cette diversité d’interlocuteurs demande beaucoup d’adaptabilité, car il faut ajuster son discours selon la personne et ses besoins : avec des termes plus ou moins techniques, et parfois même en anglais. Il faut s’adapter également aux outils métier, qui sont différents pour chaque étude.
Quelles sont vos missions ?
Nous nous assurons du respect et de la mise en application des bonnes pratiques cliniques, des protocoles, de la réglementation et du maintien de la qualité tout au long de l’essai clinique. Nous devons également veiller au respect de l’éthique.
Nous sommes au contact direct des patients inclus dans des études, en complément des infirmiers et des médecins, pendant les consultations ou par téléphone. Nous aidons à vérifier leur éligibilité pour leur inclusion dans une étude et nous nous assurons que les critères de sélection sont bien respectés. Nous leur faisons remplir les questionnaires, et nous aidons les médecins pour la logistique, comme par exemple la prise de rendez-vous.
Nous gérons ensuite leurs données : nous les recueillons, nous les saisissons, nous reportons les événements indésirables, et nous répondons aux demandes de clarification lorsque des incohérences sont relevées dans les données. Nous sommes les garants de la qualité de ces données, nous avons donc un rôle primordial, et nous devons également veiller à leur confidentialité, que ce soit vis-à-vis des patients ou des promoteurs. Nous sommes donc soumis à la fois au secret médical et au secret scientifique.
Nous devons faire preuve d’autonomie, d’organisation, avoir le sens des priorités et également être très rigoureux. Nos collègues sont amenés à nous remplacer, pour les urgences ou les tâches spécifiques, lorsque nous sommes absents.
Quelles sont les particularités du CIC, dans l’exercice de vos fonctions ?
Notre métier peut être exercé dans tous les services de soin dans lesquels des études cliniques sont menées. Au CIC, plusieurs thématiques de recherche sont explorées en parallèle. Certains ARC sont très spécialisés sur une ou deux thématiques, et d’autres sont plus polyvalents.
Les sujets de recherche sur lesquels nous travaillons sont déterminés en fonction des besoins du CIC. Nous nous répartissons les sujets au sein de l’équipe, selon les connaissances et expériences de chacun, ainsi que les liens que nous avons avec les médecins investigateurs. Pour certaines études, les financements obtenus permettent des ouvertures de poste, qui viennent compléter notre équipe.
Nous encadrons également des stagiaires de licence ou de master d’essais cliniques, et nous intervenons dans ces formations, de par les liens entre le CIC et l’Université.
Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?
Avant tout, la diversité des missions qui nous sont confiées, nous n’avons pas de routine, et nous sommes en contact avec beaucoup de personnes différentes, qui exercent des métiers variés. C’est une vraie richesse. De plus, lorsque nous changeons de domaine d’étude, c’est un réel renouvèlement.
C’est un métier concret, dont on sent les impacts sur la pratique clinique. Nous avons le sentiment d’avoir une réelle action sur les avancées de la médecine. Nous nous sentons utiles, et c’est extrêmement gratifiant, surtout à l’heure où beaucoup sont en quête de sens dans leur vie professionnelle.
Enfin, nous formons une véritable équipe avec le médecin investigateur. Une vraie relation de confiance peut s’installer, nous fonctionnons ensemble.
Quelle formation faut-il suivre pour exercer ce métier ?
Nous avons toutes un parcours d’études différent, mais avec tout de même une base scientifique. Il faut suivre une filière scientifique, jusqu’au niveau BAC +5, avec une branche en lien avec la recherche clinique. La maîtrise de l’anglais est également essentielle, notamment pour communiquer avec les promoteurs et prendre connaissance des documents des études (protocole…) lorsque celles-ci sont internationales.
Lorsque nous commençons à travailler sur une étude, nous devons acquérir des connaissances scientifiques et médicales solides sur le sujet, ce qui demande un travail personnel conséquent, notamment quand nous changeons de sujet d’étude.
Il est possible d’accéder au métier d’ARC par la voie de la reconversion, notamment pour les infirmiers, en suivant une formation spécifique.