Des études ont démontré que les chiens étaient capables de détecter certaines pathologies comme par exemple le paludisme ou certains cancers. Dans le cadre de la crise sanitaire, ils pourraient être un formidable atout pour détecter les personnes infectées par la covid-19. Le CHU de Poitiers participe à l’étude Cynocov menée sur l’ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine dont l’objectif principal est de constituer une brigade canine capable de renifler le virus. Praticien au sein du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Poitiers et coordinateur du projet dans la Vienne, le Dr Guillaume Béraud nous explique en quoi cela consiste.
Des chiens aux capacités olfactives impressionnantes
L’odorat des chiens est bien plus développé que celui de l’homme. L’intérieur de leur truffe est recouvert de 200 millions de cellules olfactives alors que nous n’en possédons que 5 millions. Cela leur permet d’identifier une odeur particulière. « Il y a le concept biochimique de volatilome qui fait que pour tout un tas de pathologies, notre corps exprime des petits composés organiques. Ceux-ci ont une odeur particulière qui peut être identifiable par les chiens. Ce ‘super-odorat’ peut donner lieu à des applications pratiques très intéressantes notamment dans la détection de la covid. Il permettrait de réaliser un dépistage beaucoup moins désagréable que les tests RT-PCR ou antigéniques par exemple lors de manifestations culturelles », explique le Dr Béraud. Les études publiées affichent des taux de réussite très satisfaisants situés entre 85% et 100%.
Etude Cynocov : pour évaluer et former les chiens renifleurs
Le CHU de Poitiers participe donc à une étude de grande ampleur développée en Nouvelle-Aquitaine. Intitulée Cynocov, elle a, entre autres, pour buts de valider les performances olfactives des chiens et de permettre la constitution d’une brigade canine pour la détection de la covid-19. La toute première dans la région. Trois centres hospitaliers participent à l’étude Cynocov aux côtés du CHU de Poitiers : Libourne, Limoges et Périgueux. La constitution de la brigade de chiens renifleurs passe par l’éducation de l’animal à l’odeur spécifique de la covid car les pathologies ont bien « une odeur ». Et comment récupérer l’odeur particulière de la covid ? Tout simplement en recueillant sur des compresses, la sueur de personnes infectées. La sueur contient des cellules infectées qui libèrent dans l’air des molécules volatiles, le volatilome associé à la pathologie. La participation des établissements consiste ici à fournir des échantillons de sueurs des patients covid positif ou négatif volontaires. Les prélèvements doivent se faire en phase aiguë. Les patients se frottent la nuque et les aisselles à l’aide des compresses qui sont ensuite conservés dans des sachets dans un réfrigérateur. Les compresses seront ensuite utilisées pour éduquer le chien à renifler et identifier l’odeur. Les prélèvements permettront également aux biochimistes d’identifier les composés spécifiques à la covid afin de mieux la comprendre.