Cardiologie interventionnelle : utilité d’une salle d’opération hybride

salle cardiologie hybride

Le service de cardiologie a développé ces dernières années de nouvelles techniques de cardiologie et de rythmologie interventionnelle qui permettent de réaliser des procédures complexes par voie percutanée, de réduire les durées d’hospitalisation sans nécessité de réadaptation ultérieure. Ce développement a été rendu possible en grande partie grâce à la salle hybride.

Le CHU de Poitiers dispose d’une salle hybride depuis 2017, date d’ouverture du centre cardio-vasculaire. Il s’agit d’un espace réunissant les caractéristiques d’une salle de cardiologie interventionnelle avec des systèmes d’imagerie et les contraintes d’un bloc opératoire. La salle hybride combine des moyens d’imagerie très performants et des cartographies en 3D très précises. Ces moyens permettent des fusions d’images (superposition des images de l’angiographie réalisée en temps réel par l’opérateur avec celles du scanner ou de l’échographie trans-oesophagienne ETO ou de la cartographie électromagnétique) dans une salle qui peut être transformée immédiatement en bloc opératoire traditionnel si besoin. Dans cette salle hybride, interviennent des rythmologues interventionnels, des cardiologues interventionnels, des chirurgiens cardiaques et des chirurgiens vasculaires, avec ou sans anesthésiste en fonction de l’intervention. Elle permet aux cardiologues de réaliser des interventions mini-invasives très techniques à travers des ponctions cutanées, guidées par l’imagerie. La salle hybride offre, de plus, l’avantage de pouvoir prendre aussitôt en charge, chirurgicalement, un patient en cas de complication lors de la procédure interventionnelle plutôt que de perdre du temps à le transférer dans un bloc opératoire. « Ce sont des outils indispensables pour la médecine moderne », précise le Pr Luc Christiaens, chef du service de cardiologie et chef du pôle cœur poumon vasculaire. Grâce à la salle hybride, le service de cardiologie a développé plusieurs techniques interventionnelles parmi lesquelles le TAVI (Trans Catheter Aortic Valve Implantation) qui est l’implantation d’une prothèse biologique, fixée sur un stent dans la valve aortique malade, par voie artérielle fémorale sous anesthésie locale pour la majorité des patients de plus de 75 ans, ou contre indiqués à un traitement chirurgical conventionnel. Il s’agit d’une activité très importante au CHU de Poitiers. 284 y ont été réalisées en 2022. Cette salle hybride a permis également de développer au sein du CHU les fermetures de foramen ovale perméable (FOP, défaut de la cloison entre les deux oreillettes pouvant être en cause dans des accidents vasculaires cérébraux), les occlusions de l’auricule gauche (mise en place d’une prothèse qui permet de réduire le risque d’accident vasculaire et d’embolie systémique d’origine cardiaque chez les patients ne pouvant recevoir d’anti-coagulant), la pose de mitraclip (réduction des fuites mitrales par pose de clip sur la valve mitrale par voie endovasculaire). Ces trois interventions se pratiquent en passant par une veine fémorale avec en simultané un contrôle par l’échographie trans-oesophagienne  sous anesthésie générale. La pose de bioprothèse mitrale par voie trans-cardiaque est réalisée dans cette salle par un binôme chirurgien cardiaque et cardiologue interventionnel. En 2023 le service de cardiologie y a réalisé les premiers cas de dénervation rénale pour traiter les hypertensions artérielles résistantes et dans un avenir proche, la pose de clip sur la valve tricuspide sera également proposée. Concernant la rythmologie, cette salle hybride permet la réalisation de la majorité des ablations de fibrillation atriale dont les indications, comme pour le TAVI, augmentent avec le vieillissement de la population. La mise en place de longues prothèses réalisées sur mesure pour réparer l’aorte thoracique et abdominale est également effectuée dans cette salle par l’équipe chirurgicale.

En fait, le terme hybride pour cette salle illustre, d’une part, la possibilité de convertir immédiatement en en salle d’opération conventionnelle et, d’autre part, la possibilité de d’associer des images multimodales pour faciliter et sécuriser le geste thérapeutique. Pour répondre à l’augmentation constante des actes pratiqués dans cette salle, au développement des techniques percutanées et à la demande de recours régionale, le CHU se dotera d’une deuxième salle hybride fin 2024.