Accueillir les patients le jour même d’une intervention lourde, c’est le défi que relève le CHU de Poitiers avec l’ouverture de l’hôpital de jour au sein du centre régional cardio-vasculaire. Les premiers concernés sont les patients de chirurgie cardio-thoracique. Le but ? Réduire la durée de séjour sans empiéter sur le confort du malade.
Avec la création du centre régional cardio-vasculaire, la prise en charge des patients prend un nouveau tournant, en particulier au sein du service de chirurgie cardio-thoracique. L’institution souhaite alléger la durée du séjour des patients en leur proposant une hospitalisation le jour-même de leur opération, quelle qu’en soit la nature.
Traditionnellement, le patient arrive dans le service la veille de son intervention. “Aujourd’hui, ce cérémonial n’a plus d’utilité, reconnaît le professeur Christophe Jayle, chirurgien cardio-thoracique. Le centre régional cardio-vasculaire se démarque par son innovation et sa technicité. Il est aussi primordial de moderniser la prise en charge.”
Le patient, acteur de son hospitalisation
Grâce à la création de l’hôpital de jour (voir encadré ci-dessous), les patients de chirurgie cardio-thoracique arrivent le matin de leur opération dans la mesure où ils sont autonomes et résident à moins d’une heure du site de la Milétrie. Dans le cas de personnes venant hors du département par exemple, il leur est possible de passer la nuit en chambre hôtelière, au sein même du centre cardio-vasculaire.
Aux yeux d’Emmanuelle Luneau, cadre supérieur de santé, d’Olivier Hardy et d’Agnès Chevreste, cadres de santé en service médico-chirurgical de cardiologie, le service gagne en fluidité tout en préservant le confort du patient. “Le fait de rester chez soi la veille apaise l’anxiété. Des actes comme la douche à la Bétadine et la dépilation du champ opératoire peuvent être réalisés par le patient”, assure Emmanuelle Luneau.
Dans les faits, l’accueil en hôpital de jour débutera au mois de janvier. “Même si, dans la démarche, on souhaite que le patient soit acteur de sa prise en charge, il ne sera pas livré à lui-même”, précise le Pr Christophe Jayle. Signalétique et guichets d’accueil vont de pair pour guider le patient dès son arrivée à l’hôpital de jour. “Un soignant prend le relais pour vérifier que le dossier médical est complet et que les consignes d’hygiène ont été respectées”, ajoute Olivier Hardy. Des vestiaires seront à disposition pour le dépôt des affaires personnelles et le déshabillage avant le passage au bloc. A la suite de son opération, le patient est directement transféré en réanimation avant d’intégrer le service propre à sa pathologie. “Nous appellerons le patient 48h avant son entrée et 48h après sa sortie pour faire le point”, déclare Emmanuelle Luneau.
Bien sûr, tout le monde n’est pas éligible à cette procédure. Le patient saura s’il peut profiter de l’accueil en hôpital de jour lors de sa consultation avec le médecin. L’âge, l’autonomie, la distance sont autant de critères qui déterminent l’éligibilité du patient.
Outre alléger la durée de séjour, le passage par l’hôpital de jour évite l’embolisation de lit en service de chirurgie. “Il est évident que cela va engendrer des économies pour le CHU. Un lit de chirurgie coûte 1 160 euros par jour à l’institution. Si la personne vient de loin, on lui propose la chambre hôtelière qu’elle intègre la veille à 18h. Le principe est le même que l’hôtel et la personne en rencontre ni soignants, ni médecins”, explique Olivier Hardy.
Le Pr Jayle, comme Emmanuelle Luneau et Olivier Hardy, est conscient qu’un travail de pédagogie devra se faire auprès des patients : “Ce genre de procédure va séduire les jeunes générations mais pourra rebuter les personnes plus âgées. C’est à nous de les rassurer.” La construction de l’hôpital de demain est en route.
Pr Christophe Jayle : “Il faut repenser la prise en charge du patient” Le centre régional cardio-vasculaire n’innove pas seulement par l’acquisition de matériel de haute-technologie. Il modernise aussi la prise en charge du patient grâce à la création d’un l’hôpital de jour. Le principe ? Accueillir le patient le matin et le faire sortir l’après-midi. Douze places sont ainsi destinées à la radiologie, la médecine vasculaire et la radiologie interventionnelle. “La technologie a rendu certains actes moins lourds, moins invasifs à l’instar de la pose de stents coronaires, souligne le Pr Jayle. C’est pour cela qu’il faut repenser la prise en charge et l’alléger en conséquence”. Outre apporter un certain confort au patient, l’hôpital de jour évite l’embolisation de lits inutilement. |