Deux mois déjà, que le centre de vaccination mis en place sur le site de la Milétrie pour les personnes âgées de plus de 75 ans et celles présentant des pathologies à risque, est entré en service. Deux mois déjà, que plus de 230 personnes sont vaccinées chaque jour. Le circuit des volontaires au vaccin est aujourd’hui parfaitement rôdé. Mais si le centre de vaccination parvient à absorber ce nombre important de personnes à vacciner, c’est grâce aux personnels de santé - et administratifs [1] - qui se mobilisent six jours sur sept depuis deux mois.
De longues journées
Karel Rdunik et Gwenaëlle Neveu, toutes deux infirmières au CHU de Poitiers, ont été détachées de leurs fonctions habituelles pour assurer la vaccination. Elles enchainent les injections sur près de dix heures par jour. « Le rythme est intense. Les journées sont longues mais en même temps elles passent très vite. La population à laquelle nous avons affaire est une population particulière pour laquelle nous devons prendre beaucoup de précautions. Nous prenons le temps de leur répéter les choses si nécessaires » précise Gwenaëlle Neveu au CHU depuis 20 ans. Les deux infirmières apprécient les échanges avec les gens. « Tout se passe bien. Même si le geste technique est répétitif, le relationnel avec chacun des patients est intéressant parce qu’il est à chaque fois différent » souligne Karel Rdunik, au CHU depuis 13 ans. Ce à quoi sa collègue rajoute que « C’est très enrichissant parce que nous avons affaire à une population âgée qui nous parle de son vécu. Beaucoup d’hommes se rappellent de leur vaccination à l’armée ». Elles sont contentes de « prendre part au combat » contre la pandémie et des retours positifs sur l’organisation de la vaccination.
Des infirmières d’autres services et des cadres de santé à la retraite leur apportent leur aide au quotidien, deux jours par semaines au maximum pour ces derniers. « Quand on a été hospitalier, l’hôpital reste toujours ‘notre’ hôpital. Alors à partir du moment où l’on a besoin de nous, nous venons. Cela fait de longues journées. Mais nous avons les bons mots pour les personnes que nous recevons et pour qui la période est très compliquée. Le fait de se faire injecter le vaccin leur remonte le moral » expliquent, tout sourire, René Gibault et Serge Bodin, deux cadres de santé à la retraite.
Forte mobilisation des médecins de ville et des médecins hospitaliers volontaires
Nombreux sont les médecins de l’hôpital qui donnent de leur temps pour assurer les entretiens médicaux obligatoires. Ils s’inscrivent sur le planning médical informatisé pour assurer des permanences de 2h à 4h. Caroline Bertrac, médecin en urgence pédiatrique, a déjà effectué cinq permanences : « C’est mon devoir. Cela me parait important de pouvoir aider à la démarche collective de lutte contre la covid ». Thomas Flandre, interne en réanimation, a pris sur son temps de repos « pour participer à l’effort collectif ».
Des médecins de ville viennent régulièrement apporter leur aide. Françoise Bastit, médecin libéral en activité, est déjà venue quatre fois : « Cela me semblait normal de prend un peu en charge une part de la vaccination même si cela suppose un effort supplémentaire par rapport à mes activités habituelle ». Médecin généraliste retraité, Patrick Baubri a également accepté d’apporter son aide : « Je pense que la vaccination est indispensable et l’on voit bien qu’il y a un manque de personnel. Je suis libre alors je viens ». Martine Bataille, médecin généraliste à la retraite et qui a travaillé de très nombreuses années dans le service de médecine nucléaire du CHU, a répondu présente : « cela me parait essentiel que des médecins qui travaillent moins soient en première ligne maintenant pour faire ce genre de chose. La vaccination, c’est ce qui va nous donner un avenir meilleur. Et j’espère que cela va aller le plus vite possible »
Des vaccinés soulagés
Le centre de vaccination a trouvé son rythme de croisière. Et même si ce n’est plus l’encombrement des premiers jours de rodage du centre, les volontaires au vaccin défilent en un flot continu de 8h à 18h tout au long du circuit qui les mènera jusqu’au « saint graal ». Et le mot n’est pas faible. Les personnes ne cachent pas leur soulagement après avoir été vaccinées, ce qu’ont d’ailleurs souligné médecins et infirmiers. Comme le précise le Dr Françoise Bastit : « Dans cette campagne de vaccination, les personnes âgées sont sans doute les plus motivées parce qu’elles savent qu’elles sont à risques. Elles ont été isolées et n’ont pas pu voir leur famille. Pour obtenir un créneau pour une vaccination, cela a été un long parcours du combattant. Alors quand elles arrivent, elles sont contentes d’être là pour se faire enfin vaccinés. Nous sentons vraiment que les gens sont soulagés ». Le Dr Caroline Bertrac a eu la même impression : « Certains sont réticents, certains se posent des questions, d’autres sont très volontaires, mais globalement, les gens sont plutôt contents de pouvoir espérer sortir enfin du tunnel grâce au vaccin ». Satisfaits par la prise en charge et soulagés d’être vaccinés, certaines personnes s’enquièrent du moral des « troupes hospitalières », remerciant le personnel de leur implication dans la lutte contre la covid.
Le personnel soignant mobilisé ne laisse pas repartir les personnes vaccinées sans insister sur le fait qu’elles doivent continuer à respecter les gestes barrières, pour eux comme pour les autres.
[1] Faire tourner le centre de vaccination 6 jours sur 7 de 8 h à 18h requiert l’implication de nombreuses acteurs dans le circuit de vaccination : Les agents de sécurité qui accueillent et orientent les personnes, les secrétaires médicales qui enregistrent les données, les médecins qui mènent les entretiens médicaux, les infirmières qui vaccinent. A ceux-ci, il faut ajouter les équipes d’entretien qui nettoient régulièrement les différentes zones, les informaticiens qui assurent le bon fonctionnement des outils informatiques, la pharmacie qui prévoit le nombre de doses nécessaires par jour, etc.