Le 25 septembre 2015, un robot chirurgical Da Vinci, d’un coût de 2,2 millions d’euros et pesant 1,4 tonne, arrivait au CHU de Poitiers. Deux mois après, le Dr Olivier Celhay, urologue, réalisait la première intervention avec un robot au CHU de Poitiers. Quatre mois après cette première, à quel point le robot a-t-il changé la vie des patients, mais aussi celle des chirurgiens ? C'est ce que vous allez découvrir dans notre série d'articles consacrés à cet équipement de haute technologie.
Episode 2 : le robot chirurgical, un joujou extra !
“Je suis super fier de pouvoir opérer avec le robot chirurgical ! s’exclame le Pr Jean-Pierre Faure, du service de chirurgie viscérale du CHU de Poitiers. C’est un joujou extra !” Ce chirurgien de l’obésité s’est spécialisé dans l’opération du by-pass gastrique*, une technique qui permet à des personnes obèses de perdre beaucoup de poids grâce à la diminution de la taille de leur estomac. Ce mercredi 9 mars, comme tous les mercredis depuis qu’il a terminé sa formation de chirurgie robotique, il va opérer un patient avec le robot. “Je me suis formé ici, au CHU de Poitiers, en faisant des heures et des heures de simulateur, précise le Pr Faure. Je maîtrisais déjà cette intervention sous cœlioscopie donc la technique n’est pas problématique. C’est la mise en place et l’installation du patient qui est plus complexe, car il ne doit pas bouger ni être bougé pendant l’intervention. “Le patient du jour, un homme de 56 ans pesant 140 kg, est déjà installé sur la table d’opération quand le Pr Faure arrive au bloc. Il est à 8h45. Une infirmière positionne les bras du robot au-dessus de son ventre, puis le Pr Faure, assisté d’un interne, fait les quatre petites incisions qui vont permettre de faire pénétrer les trois bras porte-instruments articulés à 360° et la caméra 3D du robot dans l’abdomen du patient.
C’est donc tout un travail d’équipe qui a lieu avant et pendant l’intervention, un travail dans lequel les infirmières de bloc opératoire sont au centre de la procédure. “Je trouve que la façon dont les interventions se déroulent avec le robot a redonné toute leur place aux personnels paramédicaux, affirme le Pr Faure. D’ailleurs, les infirmières restent habillées en tenue de bloc pendant toute l’opération, ce qui n’est plus le cas du chirurgien qui opère.” Ce mercredi 9 mars, Sandrine Gaud, infirmière de bloc, est en effet au centre de l’action. Charlotte sur la tête, masque sur le visage et blouse de bloc sur le corps, c’est elle qui change les instruments au bout des bras du robot et introduit du matériel médical (fils, agrafes…) à l’intérieur du patient grâce à ces mêmes bras.
Ballet robotique
Une fois les bras du robot en place, le Pr Faure rejoint son “poste de pilotage”. Assis, les yeux plongés dans un écran en trois dimensions qui donne l’impression d’être dans le patient, il se saisit des manettes grâce auxquelles il va diriger les bras du robot. De son côté, Sandrine Gaud et les personnes présentes dans le bloc suivent l’opération sur un écran de contrôle. Commence alors un surprenant ballet robotique rythmé par les découpes et sutures effectuées par le chirurgien sur l’estomac et l’intestin grêle du patient. “Il faut répéter les interventions pour être le plus efficace possible, être plus fluide et pouvoir réaliser des opérations plus complexes”, indique le Pr Faure.
A midi, le ballet prend fin, les bras du robot sont retirés du patient et les quatre incisions sont refermées. Ces petites cicatrices seront les seules preuves de cette intervention pour le patient. Car si, pour le chirurgien, le robot est un formidable outil de travail, pour le patient aussi, les avantages sont importants. “Dans ma spécialité, les patients ne se rendent pas compte qu’ils ont été opérés avec le robot car, techniquement, ça ressemble à une cœlioscopie classique, précise le Pr Faure. Par contre, ils sont souvent fiers de s’être fait opérer par ce biais. Grâce au robot, on lèse moins les organes périphériques car la précision est meilleure. De plus, la vue en 3D est d’une telle qualité qu’elle nous permet de voir des choses que l’on ne voyait pas avant, on redécouvre l’anatomie ! En opérant avec le robot, on gagne aussi une journée d’hospitalisation en moyenne. Nous sommes en train de réaliser notre propre étude pour lister les autres bénéfices, notamment sur le long terme.”
*Outre la chirurgie de l’obésité, le service de chirurgie viscérale traite aussi les tumeurs cancéreuses et le prolapsus du rectum.
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