Chirurgie viscérale : “Le robot chirurgical, un outil supplémentaire dans l’arsenal thérapeutique”

Chirurgie viscérale : "Le robot chirurgical, un outil supplémentaire dans l'arsenal thérapeutique"

Le 25 septembre 2015, un robot chirurgical Da Vinci, d’un coût de 2,2 millions d’euros et pesant 1,4 tonne, arrivait au CHU de Poitiers. Deux mois après, le Dr Olivier Celhay, urologue, réalisait la première intervention avec un robot au CHU de Poitiers. Quatre mois après cette première, à quel point le robot a-t-il changé la vie des patients, mais aussi celle des chirurgiens ? C'est ce que vous allez découvrir dans notre série d'articles consacrés à cet équipement de haute technologie.

Episode 4 – Chirurgie viscérale : “Le robot chirurgical, un outil supplémentaire dans l’arsenal thérapeutique”

“Au début, j’étais dubitative concernant l’utilité du robot, mais c’est clairement un bénéfice !” affirme le Dr Marie-Line Barussaud, chirurgienne dans le service de chirurgie viscérale du CHU de Poitiers. Elle avait déjà expérimenté la chirurgie robotique avec l’ancien modèle de robot chirurgical et elle a rapidement senti la différence quand elle a pris en main le modèle qu’a acquis le CHU. “Cette nouvelle version est beaucoup plus facile d’utilisation, elle permet une mise en place de l’intervention plus rapide et possède davantage de fonctionnalités”, décrit-elle.

Le Dr Marie-Line Barussaud, chirurgienne digestive

Le Dr Barussaud est spécialisée dans la chirurgie du rectum, “un espace petit et difficile d’accès”, indique-t-elle, pour lequel l’utilisation du robot convient parfaitement. “Je ne sais pas comment nos aînés faisaient pour opérer en chirurgie ouverte, on ne voit rien ! La cœlioscopie a déjà considérablement amélioré ce type de chirurgie, mais avec le robot chirurgical, c’est encore plus facile d’accès. C’est un outil supplémentaire dans l’arsenal thérapeutique.”

Ses patients sont le plus souvent touchés par un cancer du rectum ou par des troubles de la statique pelvienne (appelés plus communément prolapsus ou descente d’organes). Elle travaille donc souvent en collaboration avec les chirurgiens des services d’urologie et de gynécologie, notamment dans le cadre du centre de pelvi-périnéologie, qui prend en charge de façon multidisciplinaire les troubles de la statique pelvienne. “Toutes les spécialités concernées se sont formées au robot. Quand on opère un prolapsus, on se succède donc dans le bloc”, indique le Dr Barussaud.

Un bénéfice aussi pour la santé des chirurgiens
“La plupart des patients n’ont pas d’appréhension, ils sont même contents de se faire opérer par le biais d’un équipement innovant, précise le Dr Barussaud. D’ailleurs, beaucoup pense que le robot opère seul !” Les avantages pour le patient sont réels. La chirurgienne a déjà pu constater qu’ils souffraient moins au niveau de leurs cicatrices. “De plus, le gain de dissection obtenu grâce au robot permet de préserver les nerfs et, comme on tire moins sur les organes, il y a moins de traumatismes. Nous allons aussi étudier les bénéfices de cette chirurgie robotique sur le long terme.”

Les patients ne sont pas les seuls à profiter des bienfaits du robot. “A force d’opérer en cœlioscopie, j’ai développé des tendinites car il faut toujours avoir les bras en tension, illustre le Dr Barussaud. Alors, quand je passe cinq heures à opérer un rectum, j’apprécie de le faire avec le robot, car je peux m’asseoir et adopter une position ergonomique. Sur le long terme, ça ne peut être qu’un bénéfice pour la santé des chirurgiens. On constate aussi l’intérêt du robot au niveau de l’apprentissage, puisqu’il permet de mieux expliquer les procédures et de diriger les internes plus facilement. La seule difficulté que j’ai rencontré avec cet équipement, c’est que l’on ne peut pas changer l’endroit où on opère. Or, une intervention sur le rectum peut avoir lieu du bas des côtes jusqu’à la région pelvienne. C’est un axe que chaque nouveau modèle essaie d’améliorer mais qui pose encore quelques problèmes.”

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