Problème majeur de santé publique, la dénutrition est une maladie silencieuse qui concerne près de deux millions de personnes en France, des enfants aux personnes âgées. Largement sous-estimée, elle peut pourtant avoir de graves conséquences.
On parle de dénutrition lorsque les apports alimentaires ne parviennent pas à couvrir les besoins nutritionnels. Cette pathologie qui touche fortement les personnes âgées, concerne également les patients atteints de cancer, d’insuffisances cardiaques, respiratoires ou rénales et les personnes hospitalisées, dont les enfants. « En oncologie par exemple, la prévalence de la dénutrition, tous cancers confondus, est de l’ordre de 40 % environ. La dénutrition augmente la toxicité des traitements et le risque de complications postopératoires. Elle est associée à une durée d’hospitalisation plus longue. Pour un même cancer au même stade, un patient dénutri a un risque de mortalité plus important qu’un patient non dénutri. C’est pourquoi la dénutrition doit être prévenue et traitée » explique le Dr Mathilde Merckx Fraty, médecin nutritionniste, et présidente du comité de liaison en alimentation et nutrition (CLAN) du CHU de Poitiers. Si la dénutrition n’est pas prise en charge rapidement, le patient entre dans un cercle vicieux appelé la spirale de la dénutrition qui peut entrainer une cascade d’effets néfastes. La dénutrition altère en continu l’état du patient. Elle entraine un amaigrissement et une fragilité qui, à leur tour, entraînent des épisodes pathologiques de plus en plus longs et fréquents. Elle commence par une perte de poids et une fonte musculaire qui, trop importante, peut avoir des conséquences mécaniques et immunologiques. En effet, les défenses immunitaires dépendent des réserves de protéines constituées par les muscles et cela à n’importe quel âge. La faiblesse musculaire favorise les infections ainsi que les chutes et donc les fractures, avec des conséquences particulièrement graves chez les personnes âgées, pouvant aller jusqu’à l’hospitalisation voire au décès. La dénutrition aggrave également les maladies chroniques et augmente la durée d’hospitalisation et le risque de décès. Lorsque le patient entre dans la spirale de la dénutrition, il est difficile de revenir à un bon état nutritionnel. C’est pourquoi, il est important de la prévenir, la dépister et la prendre en charge dès les premiers signes d’alertes. « En gériatrie, la dénutrition est une préoccupation quotidienne. Nous sommes tous sensibilisés à ces questions et restons très attentifs », explique le Dr Amélie Jamet, médecin gériatre et représentante médicale au sein du CLAN du CHU de Poitiers. Tout au long de l’année, le CLAN mène des actions pour que l’état nutritionnel des patients soit bien évalué. Il organisera des actions ans le cadre de la semaine nationale de la dénutrition qui aura lieu cette année du 7 au 14 novembre.