Deux recherches menées par le service de médecine intensive réanimation du CHU de Poitiers ont récemment été mises à l’honneur lors du congrès de la Société européenne de médecine de soins intensifs qui s’est tenu du 22 au 26 octobre 2022 à Paris. Elles ont donné lieu à des publications dans deux revues internationales prestigieuses.
Le Pr Arnaud Thille, chef du service de médecine intensive réanimation, et le Pr Jean-Pierre Frat, médecin réanimateur, ont présenté les résultats de leurs études respectives lors du congrès européen. Ils ont eu l’honneur d’exposer leurs travaux, le premier en session de clôture, le second, en session d’ouverture de la manifestation. L’étude du Pr Frat, intitulée SOHO, comparait deux techniques d’oxygénation disponibles en réanimation : l’oxygénation conventionnelle et l’oxygénothérapie nasale à haut débit. Il s’agissait d’évaluer l’efficacité de chacune pour éviter l’intubation, la morbidité et la mortalité. A l’origine, le protocole de l’étude pour lequel le Pr Frat a obtenu un programme hospitalier de recherche clinique, se portait sur les patients souffrant d’insuffisance respiratoire aiguë en général. Avec l’arrivée de la crise sanitaire en 2020, l’étude s’est concentrée sur les patients covid 19. Trente centres nationaux ont participé à la recherche qui a inclus 700 patients en moins d’un an. L’étude a permis de déterminer que si le taux de mortalité est le même avec les deux méthodes d’oxygénation, l’oxygénation à haut débit permet de réduire l’intubation de 45 à 53 %. Les résultats de l’étude SOHO ont été publiés en septembre 2022 dans la revue médicale internationale Journal of the American Medical Association (JAMA). Le Pr Thille et Stéphanie Ragot, méthodologiste du centre d’investigation clinique, ont collaboré à cette étude. Le Pr Thille, quant à lui, a présenté les résultats de son étude intitulée TIP-EX. Celle-ci consistait à comparer deux techniques de sevrage pour l’extubation qui doit être réalisée le plus précocement possible. Il est, en effet, recommandé de réaliser une épreuve de sevrage chez tous les patients intubés depuis plus de 48h pour évaluer les conditions physiologiques de la respiration spontanée après extubation. Il existe deux modalités principales de réalisation d’épreuves de ventilation spontanée (VS) : soit la ventilation spontanée avec l’aide inspiratoire sur le ventilateur, soit la ventilation spontanée sur pièce en T qui est plus difficile à réaliser et qui peut retarder l’extubation. Les conclusions de l’étude montrent qu’un plus grande nombre de patients réussissent le premier test, qu’un plus grand nombre d’entre eux est extubé dans les 24 heures et qu’il n’y a pas de différence sur le risque de réintubation. Elles sont importantes car la ventilation spontanée avec l’aide inspiratoire sur le ventilateur est plus facile à réaliser par les infirmières et permet d’extuber les patients plus rapidement sans augmenter le taux d’échec. Le Pr Thille a obtenu un PHRC pour cette étude qui a commencé le 31 janvier 2020, juste avant la covid. Près de 1 000 patients ont été inclus, un quart d’entre eux étant positifs à la covid. Les résultats de l’étude sont parus dans la revue internationale The New England Journal of Medecine (NEJM), située au premier rang des revues de médecine. Les travaux de recherches de Jean-Pierre Frat avaient déjà fait l’objet d’une publication dans cette même revue en 2015. Pour le Pr Thille, « c’est une véritable reconnaissance. D’autant plus qu’il est assez exceptionnel qu’une équipe de recherche publie deux fois dans ce type de revue ». Ces études montrent également que les centres de réanimation ont continué de faire de la recherche pendant la crise sanitaire malgré la surcharge de travail.