La greffe sauve des vies. Dans un contexte mondial de pénurie de greffons, la communication autour du don est essentielle. C’est pour cette raison que l’unité de coordination hospitalière des prélèvements multi-organes et de tissus du CHU de Poitiers bénéficiera du soutien de la 18e édition des Heures vagabondes, festival musical organisé en juillet et août dans la Vienne. L’équipe sera présente lors des concerts au programme. Objectifs : encourager à se positionner de son vivant et sensibiliser le plus grand nombre au problème de santé publique qu’est la pénurie de greffons.
« Don d’organes. Pour sauver des vies, il faut l’avoir dit »
La loi Cavaillet de 1976 fait de nous des donneurs présumés. Ainsi, depuis près de 50 ans, toute personne est présumée donneuse après sa mort dès lors qu’elle n’a pas exprimé un refus de son vivant, soit sur le registre national des refus géré par l’agence de de biomédecine, soit par écrit – daté et signé – confié à un proche ou en l’exprimant devant témoin. C’est bien ce point qu’illustre le slogan de l’agence de la biomédecine « Don d’organes. Pour sauver des vies, il faut l’avoir dit ». Et c’est sur ce point aussi qu’insiste l’équipe de coordination hospitalière de prélèvement lors de ses actions auprès du grand public. Avant tout prélèvement[1], elle doit connaître les volontés du patient décédé afin de mettre en place rapidement, si la réponse est positive, un certain nombre de mesures pour limiter les lésions sur les organes qui tendent à s’altérer après le décès et assurer ainsi leurs transplantations. Une vérification est faite sur le registre national des refus puis auprès des proches si le défunt n’a pas statué de son vivant. « Dans les faits, l’exercice est compliqué, explique le Dr Thomas Kerforne, médecin réanimateur et coordonnateur de l’unité. Les entretiens doivent être faits par des équipes qui sont entrainées. Nous pourrions d’emblée dire que parce que le défunt n’a pas fait part de son refus, nous pouvons prélever mais humainement aucun soignant ne fait cela. Nous cherchons vraiment à respecter la volonté de la personne, quelle qu’elle soit. Il est donc important que les gens en parlent ; qu’ils se positionnent et ne laissent pas à leurs proches le dilemme de ce choix. »
Don d’organes, il faut en parler
En plus de la gestion des prélèvements d’organes et de tissus, la coordination a un important rôle de communication et sensibilisation sur le don d’organes, enjeu majeur de santé publique, auprès du grand public. L’équipe intervient notamment avec l’association France Adot 86 auprès des lycéens. « Au début, il y a comme une gêne parce que l’on parle de la mort. Et puis, comme ils sont jeunes, ils se sentent moins concernés par ces questions. Grâce à des faits concrets, nous leur montrons que cela peut arriver à tous âges. Ils sont alors intéressés. Et puis ils posent des questions très pertinentes. Par ce biais, nous parvenons à faire entrer l’information dans la cellule familiale, à toucher les adultes avec lesquels il est difficile de communiquer. L’information passe plus efficacement des enfants aux parents », raconte Ronan Allard-Duchêne, infirmier coordinateur. Les évènements sportifs sont aussi des occasions de communiquer auprès du grand public comme cela sera le cas lors du marathon de Poitiers les 28 et 29 mai. Avec le festival des Heures vagabondes, c’est la première fois que la coordination s’associe à un évènement culturel. Une occasion unique de toucher plusieurs milliers de personnes sur des territoires différents : « Ce sont des populations avec lesquelles, de par le maillage sanitaire, nous interagissons moins facilement. C’est une opportunité incroyable pour assurer notre fonction de santé publique d’information auprès du grand public sur le don d’organe. Le fait d’en parler lors d’évènements scolaires, sportifs ou festifs fait réfléchir les gens sur ce sujet. Cela permet d’ouvrir la conversation au sein des cellules familiales et amicales, de se positionner sur ce sujet. Comme le dit l’agence de la biomédecine, le meilleur moyen d’aider le don d’organes, c’est d’en parler ».
[1] Les prélèvements d’organes se font sur des donneurs en état de mort cérébrale ou sur des patients décédés suite à un arrêt circulatoire – prélèvement d’organes dit Maastricht III. Seuls le rein et le foie – en partie seulement – peuvent être prélevés sur des donneurs vivants.
La coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus du CHU de Poitiers La coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus, unité fonctionnelle, est constituée de deux médecins coordonnateurs, Thomas Kerforne et Thierry Benard, d’un cadre de santé et de quatre infirmiers coordonnateurs, Ronan Allard-Duchêne, Carolle Le Costoec, Aline Groleau et Karine Deparis. Elle travaille en lien avec l’agence de la biomédecine et en collaboration avec les différents services de l’établissement, plus particulièrement avec les services de réanimation, de neurochirurgie et des urgences. La première mission de l’équipe s’articule autour du prélèvement d’organes et de tissus : recensement des personnes décédées susceptibles d’être prélevées ; coordination des prélèvements ; accueil des familles et entretien pour connaitre la position du défunt quant au don d’organes ; etc. La coordination a aussi un important rôle de formation et d’information sur le don d’organe auprès du personnel du CHU de Poitiers notamment sur l’identification de donneurs potentiels. Et cette mission d’information et de communication s’adresse également au grand public. Quelques chiffres : Le taux d’opposition au niveau local est légèrement inférieur au taux national qui était de 35 % en 2020. Au CHU de Poitiers : 2021 : 62 donneurs recensés parmi lesquels 32 prélevés pour un total de 111 organes 2020 : 71 donneurs recensés parmi lesquels 27 prélevés pour un total de 94 organes 2019 : 53 donneurs recensés parmi lesquels 31 prélevés pour un total de 119 organes |