Hier, jeudi 11 avril, ce sont une cinquantaine de personnes qui ont assisté à la 137e conférence du pôle info-santé sur le thème « Mal de dos et douleurs lombaires résistantes : la technologie pour se remettre debout » à l’Espace Mendès-France.
Martine Chauvin, patiente partenaire sur la douleur chronique au CHU de Poitiers, et le professeur Philippe Rigoard, neurochirurgien, chef du service de neurochirurgie du rachis, de la chirurgie de la douleur et du handicap au CHU de Poitiers, ont exposé à double voix, le parcours d’une patiente en errance diagnostique, plusieurs fois opérée avec des douleurs réfractaires, qui peut aujourd’hui remarcher grâce à l’évolution de la technologie.
Martine Chauvin était une quarantenaire active, tenniswoman de bon niveau, lorsqu’en 1998, pendant un match, une douleur soudaine et violente s’empare de son dos. C’est à partir de ce moment-là que son parcours du combattant commence. Alitée 23h/24, la douleur s’étend désormais à ses membres inférieurs. Sous traitement médicamenteux, puis opérée du rachis avec pose de multiples vis dans la colonne vertébrale, son état ne s’améliore pas et la douleur est toujours présente. Elle bénéficie ensuite de la pose d’un premier neurostimulateur médullaire à Tours, les tous premiers de leur génération avec des piles non rechargeables. La neurostimulation médullaire consiste en la pose d’électrode au niveau de la colonne vertébrale qui vont envoyer des stimuli électriques permettant de court-circuiter le message de la douleur vers le cerveau. « Il s’agit tout simplement de faire diversion », précise le Pr Philippe Rigoard. La douleur s’estompe légèrement, Martine Chauvin peut désormais se déplacer… en fauteuil roulant. Cependant, elle consomme beaucoup trop d’énergie pour éteindre sa douleur et les chirurgiens doivent changer son neurostimulateur tous les six mois. C’est là qu’intervient sa rencontre avec le professeur Philippe Rigoard. On est en 2010 et une nouvelle génération de neurostimulateur vient de voir le jour, avec des piles rechargeables. Martine Chauvin est la première patiente, en France, à bénéficier de la pose de cette nouvelle technologie. Une révolution ! La douleur se calme. Elle ne peut toujours pas remarcher mais peut faire de plus en plus de choses, que ce soit avec ses enfants, sas famille et ses amis. « Il faut différencier la douleur de la souffrance », explique Martine Chauvin. « Avant cette nouvelle pose, lorsqu’on me demandait d’identifier ma douleur sur une échelle de 1 à 10, je répondais toujours 14. Les 4 supplémentaires ne correspondait pas à ma douleur physique mais à la souffrance liée à l’impact de la douleur sur ma vie, sur nos vies ».
Mais Martine Chauvine ne compte pas s’arrêter là. Afin de réduire d’autant plus ses douleurs, elle décide, en complément, de se former à différentes techniques alternatives, autohypnose, cohérence cardiaque, méditation. « Lorsqu’on souffre en permanence, chaque petite graine qui permet de réduire cette douleur est appréciée. Avec la technologie ou le traitement médicamenteux, la douleur peut se réduire de 20 %. Avec les méthodes alternatives, c’est encore 5 %, 10 % en plus. Il ne faut rien négliger ! ».
En 2020, elle apprend que le professeur Rigoard implante une nouvelle génération de neurostimulateurs à ses patients, encore plus performante. Elle veut en être ! D’abord frileux à l’idée d’opérer à nouveau Martine Chauvin, le professeur Rigoard accepte et c’est un deuxième neurostimulateur qui lui est implanté. Depuis, Martine Chauvin revit. Elle a abandonné le fauteuil roulant et remarche. D’abord quelques mètres, c’est aujourd’hui des kilomètres qu’elle peut parcourir. « Jusqu’à 40 km dans la même semaine !». Ce qui lui était impensable il y a encore quelques années est désormais possible. Aquabike, randonnée, voyages, elle ne se refuse rien. « Il y a quelques semaines je me suis rendue en Italie où j’ai gravi les marches de la tour de Pise ».
Le parcours de Martine Chauvin est exceptionnel. Elle et le professeur Rigoard en ont bien conscience, mais pour eux, ce qu’il faut retenir, c’est que chaque étape est importante et qu’il faut s’entourer d’une équipe médicale pluridisciplinaire. « Aujourd’hui, je ne dis pas que la neurostimulation médullaire est un miracle et qu’il ne faut pas se faire opérer du rachis de manière classique », indique le Pr Philippe Rigoard. « Le plus important c’est le bon patient, la bonne technique, au bon moment. Chaque individu est différent, chaque douleur est différente, la technologie n’est qu’un outil dans le parcours singulier d’un patient. ». Lors de ses consultations, le Pr Rigoard s’entoure de nombreux professionnels. Infirmières, kinésithérapeutes, psychologues, c’est entre cinq et dix professionnels qui reçoivent le patient afin de lui apporter une réponse adaptée à sa douleur, au moment où il vient consulter. Martine Chauvin, quant à elle, est aujourd’hui patiente partenaire au CHU de Poitiers. Elle a créé le programme d’éducation thérapeutique du patient sur la douleur chronique à la Vie la Santé et se sert de son parcours pour aider et orienter les patients, douloureux chroniques. « La première chose que je leur dis en atelier c’est qu’il n’existe pas de baguette magique et qu’ils doivent être acteurs de leur santé. Le patient doit se saisir de sa douleur et avancer avec les professionnels. Chaque pas compte ! ».
Un parcours inspirant qui rappelle que rien n’est figé tant que l’adage suivant est respecté : « le bon patient, la bonne technique, le bon moment »
Si vous n’avez pas pu assister à cette conférence, retrouvez-la prochainement, en intégralité, sur la chaine Youtube de l’espace Mendès France.