Ariane Becker travaille au CHU de Poitiers depuis 2000. Après avoir travaillé plusieurs années au service de communication, elle a rejoint le pôle gériatrie fin 2012 comme chargée d’information seniors. Ses missions consistent à améliorer le parcours des usagers en informant les patients et leur famille mais aussi de faire une veille d’information pour les professionnels et de développer des partenariats.
Quelles sont vos missions ?
J’ai trois missions principales qui sont l’accueil, l’information et l’orientation. Au sein de l’espace information senior, je rencontre les familles et les aidants et, en fonction de leur problématique, je leur présente des dispositifs en matière d’accompagnement, d’aide, de stimulation, de répit, etc. J’oriente et j’informe aussi mes collègues et je fais du lien entre eux, comme avec les plateformes de répit ou les accueils de jour. Je participe à mieux faire connaître la gériatrie qui s’adresse aux plus de 75 ans polypathologiques avec une prise en charge globale comprenant les aspects médico-sociaux.
Par le biais d’ateliers de prévention, vous faites l’hôpital hors les murs. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
J’organise des ateliers bien vieillir avec la plateforme territoriale d’appui et d’autres partenaires sur des thématiques telles que la prévention des escroqueries, garder le moral en vieillissant, la perte des sens, etc. Ces rencontres ont lieu dans des centres socio-culturels, des maisons de quartier ou des résidences autonomie et nous permettent de développer les liens ville-hôpital. Nous ciblons un public encore à domicile pour leur présenter les dispositifs existants et complémentaires. Les médecins du pôle gériatrie interviennent aux côtés d’autres professionnels et associations.
Dans vos missions, vous accordez une grande importance au Culturel. Parlez-nous des actions menées ?
En effet, les actions culturelles permettent d’oublier un peu la maladie quand on doit vivre avec, en apportant évasion et émotions que l’on partage, voire en ravivant des souvenirs. Dans une société qui se veut inclusive, un malade ne doit pas se cacher, s’isoler ou s’empêcher de fréquenter les lieux culturels. Au sein du pôle Gériatrie nous avons développé différents partenariats culturels :
Les ateliers « Une heure, une œuvre » du Fonds régional d’art contemporain proposés aux résidents de Poitiers et de Lusignan depuis plusieurs années. Un médiateur présente une œuvre d’art moderne et échange avec eux. Nous essayons de visiter une fois par an leur site de Linazay, privatisé pour nos résidents, afin de découvrir leur collection.
L’école des Beaux-arts de Grand Poitiers intervient au sein de l’unité cognitivo-comportementale de Maillol. Des ateliers hebdomadaires de création graphique sont proposés aux patients, en résonnance avec les fresques murales réalisées par l’artiste Franck Mouteault. L’occupationnel et la concentration ont un effet apaisant et créée du lien.
Depuis plus de 7 ans, nous travaillons en partenariat avec le TAP et l’Orchestre de chambre nouvelle Aquitaine afin d’offrir des « moments musicaux » à des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer et à leur aidant. Nous invitons des personnes qui vivent encore à domicile pour éviter qu’ils s’isolent après le diagnostic et pour modifier le regard de la personne aidante sur son proche. Au mois d’octobre, un concert à la médiathèque de Poitiers les réunit avec un public d’enfants et leur permet d’échanger avec les musiciens. Cela les met en confiance et les incite ainsi à participer au mois de novembre à des ateliers intitulés « résonances corporelles ». Une médiatrice de l’Orchestre créé du lien par différents moyens sur des airs d’opéra. Puis au mois de décembre, une centaine de places du TAP sont réservées pour les couples aidé-aidant afin d’assister au concert de Noël parmi les nombreux autres spectateurs. La crise sanitaire nous a fortement limités cette année mais nous travaillons à la prochaine saison. Enfin, je contacte des artistes pour exposer au sein de nos bâtiments et les usagers apprécient vraiment.
Une grande réflexion est menée pour faire évoluer le pôle médico-social du CHU de Poitiers. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Elise Benyayer, directrice du pôle de gériatrie et directrice référente du médico-social, m’a sollicitée pour participer à la réflexion sur l’ensemble des sites médico-sociaux du CHU de Poitiers. Ce projet a pour objectif de réfléchir à l’établissement de demain, de développer une culture et des pratiques communes et de valoriser la filière médico-sociale en interne et auprès du grand public. Toute le monde ne sait pas forcément ce qu’est une unité de soins de longue durée ou une unité d’hébergement renforcé. Nous avons un grand travail de communication, d’information et de valorisation à faire. Avec le groupe de travail sur la communication, nous envisageons la création d’un site internet commun à l’ensemble sites, d’un magazine, de plaquettes d’information, etc. Ce projet nous offre l’opportunité de mieux nous connaître, de découvrir d’autres pratiques et d’autres sites et de collaborer.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Ce qui me plaît dans mon métier, c’est le contact. Et puis la variété de mes missions. On peut me solliciter pour trouver son chemin, pour créer des documents d’information, pour accompagner une famille en suite de diagnostic, ou participer à l’éducation thérapeutique du patient avec le programme que nous avons conçu pour les malades Alzheimer. Je mène des projets avec des partenaires extérieurs, des associations, tout comme je participe à la formation à la retraite des personnels de l’hôpital. Je suis amenée à échanger avec des publics très différents. Mon travail est si varié qu’aucune journée ne se ressemble.