Entretien avec : François Dubois, directeur adjoint des finances

Directeur adjoint des finances, François Dubois a accompagné le Pr Pascal Roblot dans sa mission de coordination de la reprise d’activités de l’hôpital après le confinement. Tout a été pensé pour que cette reprise se fasse progressivement et en toute sécurité.

Quelles étaient vos missions pour la reprise d’activités ?

Le professeur Pascal Roblot s’est vu confier par la direction générale la coordination de la reprise des activités sur les sites de Poitiers, de Lusignan et de Montmorillon. Je suis intervenu pour l’accompagner sur cette mission. Nous avons ainsi rencontré l’ensemble des chefs de service pour leur exposer les décisions prises par la cellule de crise pour une reprise d’activité progressive et sécurisée pour les patients comme pour le personnel.

Quelles étaient les consignes pour cette reprise d’activités ?

Les principales consignes étaient de limiter, autant que possible, le temps d’attente du patient à l’hôpital, de permettre d’aérer et de nettoyer les box après chaque consultation et de respecter les gestes barrières et les mesures de distanciation afin de protéger les patients et le personnel.

Comment se sont organisées les consultations ?

La cellule de crise a décidé après consultation du corps médical que pour la reprise d’activité à compte du 11 mai, un patient serait consulté toutes les 30 minutes, ce qui laisse notamment du temps pour aérer et désinfecter la pièce. Il s’agit d’un cadre générale qui a pu faire l’objet d’adaptations pour certains services, notamment pour les spécialités (à dominante chirurgicale) où le temps de consultation peut être plus court.

Nous avons également défini un temps plus restreint pour certains secteurs tels que l’orthopédie, où l’organisation et la configuration des locaux permettent au praticien de prendre en charge un patient dans un autre box pendant que celui qu’il vient de quitter est préparé pour une autre consultation.

Par ailleurs, les praticiens ont eu la possibilité d’allonger leurs horaires de consultation d’une heure environ par jour. Ces propositions, initiées par le corps médical membre de la cellule de crise, ont convenu aux chefs de services pour redémarrer l’activité, ce qui a permis de rattraper une partie du retard pris pendant le confinement en raison des annulations.

Comment avez-vous fait pour limiter le temps d’attente du patient ?

Le Pr Roblot et moi-même avons réfléchi à diminuer autant que possible le temps entre le moment où le patient arrive à l’hôpital et celui où il repart après sa consultation. Une communication par SMS informe le consultant de ne venir que 15 minutes[1] avant le rendez-vous afin d’éviter des concentrations trop importantes dans les salles d’attentes et que les parcours soient fluides. Nous avons réduit le temps d’attente du patient devant le guichet du service en permettant que le dossier de celui-ci soit complété par la secrétaire dans un deuxième temps. Après le rendez-vous, le patient ne retourne pas au guichet pour prendre un nouveau rendez-vous, le rappel téléphonique étant privilégié.

Comment s’est passée cette reprise ?

Les médecins ont vraiment joué le jeu. Ils ont été très réactifs ce qui leur a permis de revoir très rapidement beaucoup de patients à l’hôpital. Les praticiens ont pris le temps de rechercher parmi leurs patients ceux qu’ils n’avaient pas pu voir pendant le confinement et ceux dont la première consultation s’imposait. Il est essentiel que les gens ne soient pas dépourvus de soins. Le personnel de programmation des consultations a également été très mobilisé sur le sujet.

Les patients reviennent-ils ?

Nous avons fait un bilan auprès des chefs de service après deux semaines et demie de reprise. Ils sont globalement satisfaits, notamment parce que les usagers reviennent malgré quelques craintes les premiers temps qui ont été rapidement levées. Ils ont également noté que les consultations étaient fluides ce qui a aussi contribué à rassurer la patientèle. Après quelques semaines, nous avons retrouvé un volume de consultation identique à ce qu’il était avant l’épidémie soit en moyenne 10 000 consultations par semaine.

Une communication destinée aux usagers a été définie par la cellule de crise et mise en œuvre sur différents types de support. Elle rappelle les gestes barrières et les mesures sanitaires à respecter au sein de l’établissement. Je souligne ici le travail des équipes techniques qui ont également été mobilisées pour permettre le retour des patients dans conditions respectant leur sécurité. Tout cela a permis de rassurer les patients mais également l’ensemble du personnel.

Quelle sera la place de la télémédecine dans cette reprise d’activité d’après crise ?

Pendant le confinement, nous avons testé le recours à la télémédecine ce qui s’est avéré salvateur. Les outils de communication ont été installés à la demande des services et ont été d’une grande utilité pendant la crise sanitaire. Elle a notamment permis aux praticiens d’assurer leurs consultations urgentes. La télémédecine a vocation à prendre de l’ampleur mais elle ne pourra en aucun cas se substituer aux consultations physiques qui restent un élément fondamental dans la relation entre le patient et son médecin. Elle peut, toutefois, répondre aux besoins d’une patientèle particulière : des personnes qui habitent loin ; des patients souffrant de maladies chroniques et qui n’ont pas besoin de rencontrer à chaque fois physiquement leur médecin, ou bien des personnes souffrant de comorbidités qui ne peuvent pas venir en milieu hospitalier dans le contexte actuel.

[1] Ces quinze minutes étaient déjà recommandées avant la crise sanitaire.