Le CHU de Poitiers vient de se doter d’un système d’imagerie ostéo-articulaire très innovant. Le système EOS permet une reconstruction du squelette en 3D, à partir de deux images radiologiques obtenues avec une très faible irradiation. En Poitou-Charentes, Poitiers est le seul centre hospitalier à offrir la technologie EOS, le second centre de la nouvelle grande région. Cet investissement vient conforter les activités de recours de l’établissement.
EOS est une véritable (r)évolution en radiologie conventionnelle, développée par la société française EOS imaging. A partir de deux images radiologiques, EOS est la seule technologie qui permet de visualiser en 3D la totalité du squelette axial (bassin, rachis, membres inférieurs) en charge. A partir de ces données, le système peut extraire des données personnalisées pour chaque patient. La technologie utilise une dose de rayonnement dix fois inférieure aux techniques de radiologie conventionnelle, 1 000 fois inférieure à celles d’un scanner.
“Le système EOS est donc révolutionnaire à la fois par la baisse de dose de rayons X pour les patients et la possibilité d’images en 3D, sans passer par un scanner. Cette imagerie basse dose a un intérêt considérable, notamment en pédiatrie pour le suivi des scolioses ou pour modéliser une prothèse. C’est un vrai progrès en termes de radiologie standard”, résume le professeur Jean- Pierre Tasu, chef du pôle imagerie médicale au CHU de Poitiers. “C’est la seule technique offrant un tel degré de précision, le meilleur outil de planification chirurgicale possible”, appuie le professeur Pierre Pries, chirurgien orthopédiste, qui codirige l’unité rachis, neurostimulation et handicap.
Le projet d’acquisition de ce système innovant a été porté conjointement par le pôle imagerie et par le pôle neurosciences et locomoteur du CHU de Poitiers.
Examen rapide
Le principe ? EOS est un système de radiologie conventionnelle qui utilise un détecteur gazeux, mis au point par le physicien Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992. Ce détecteur très sensible permet d’abaisser considérablement la dose de rayonnements X. Le système prend, simultanément, un cliché de face et un cliché de profil du corps entier, en balayant à l’aide de deux faisceaux très fins de rayons X le corps entier. Le système utilise ensuite ces données, acquises sans déformation, pour générer une image en trois dimensions.
L’examen, qui se fait en charge, est très rapide : une vingtaine de secondes pour une analyse de la colonne, jusqu’à quatre minutes maximum pour une exploration du squelette dans son entier.
Ce système représente un investissement de près de 500 000 euros pour le centre hospitalier. Il viendra compléter le plateau technique du pôle imagerie à compter du mois de juin. Sur l’équipement, la toute dernière évolution du système EOS, la micro-dose, sera disponible : ce système abaisse encore davantage l’irradiation du patient. A noter, la facturation est identique à celle d’une radiologie classique.
Surveillance des scolioses et malformations vertébrales
Au CHU de Poitiers, le système EOS va permettre d’optimiser le suivi et la prise en charge des patients atteints de pathologies ostéo-articulaires du rachis et des membres inférieurs (scolioses, troubles de la statique).
Les reconstructions en 2 ou 3D, avec des vues latérale, frontale, horizontale, permettent une analyse très précise des déformations de la colonne, de la tête au bassin. L’examen du corps entier permet aussi de suivre, en un seul cliché, les interactions entre les pathologies de la colonne et des membres inférieurs. Le système EOS présente également un intérêt en matière de suivi thérapeutique : la faible exposition aux rayons X permet de ne pas limiter le nombre d’examens radiologiques lorsqu’ils sont nécessaires. “On peut suivre l’évolution de la déformation au fil des années, sans avoir d’arrière-pensées d’irradiations inutiles.”
Planification et chirurgie personnalisée
Grâce à ses logiciels, le système EOS permet de planifier au mieux les interventions chirurgicales en s’adaptant à l’anatomie du patient. Avec un objectif : limiter le risque d’échec et optimiser le fonctionnement. Une technique qui permet aussi une stratégie opératoire optimisée. “Pour une arthrodèse rachidienne mais également pour une prothèse de hanche ou de genou par exemple, la chirurgie sera personnalisée et adaptée le plus précisément possible à l’anatomie de chaque patient pour une correction optimale”, détaille le Pr Pries.
Fracture ostéoporotique
Le CHU de Poitiers est engagé dans un protocole de recherche clinique autour de la prédiction du risque de déformation invalidante chez les patients atteints d’ostéoporose. Objectif : une meilleure compréhension de la fracture ostéoporotique du rachis et de ses conséquences sur la statique vertébrale de la personne âgée. “On peut prédire les patients à risque de déformations évolutives de la colonne avec une analyse de la colonne dès la première fracture, ce qui est important pour la mise en place du traitement et les indications de chirurgie”, font savoir les praticiens.