En plus de ses fonctions de vice-présidente des relations internationales au sein de l’université de Poitiers, Christine Fernandez-Maloigne est co-directrice avec Rémy Guillevin, professeur de radiologie au CHU, du laboratoire imagerie métabolique multi-noyaux multi-organes (I3M). Professeure dans le domaine du traitement et de l’analyse d’images, elle a créé l’équipe ICONES du laboratoire XLIM, l’un des partenaires du laboratoire commun. Elle a accepté de répondre à nos questions sur les données que le laboratoire I3M exploitera grâce à l’IRM 7 Tesla.
Quels objectifs ont motivé la création du laboratoire I3M ?
De façon générale, les objectifs d’un laboratoire commun sont d’établir une recherche partenariale entre une équipe de recherche d’une université, du Centre national de recherche scientifique (CNRS) et une entreprise. Il s’agit tout d’abord d’aider l’entreprise dans son domaine de recherche et développement. En retour, les laboratoires bénéficient des compétences pointues de l’entreprise et d’un financement dédié. La création du laboratoire I3M concrétise le partenariat entre le CHU, deux équipes de recherche de l’université de Poitiers et du CNRS – LMA-DACTIM du laboratoire de mathématiques et application et XLIM-ICONES en traitements d’image – et l’entreprise SIEMENS. I3M associent des experts en modélisation et analyse automatique d’images biomédicales.
Le laboratoire compte une quarantaine de personnes qui consacrent une partie de leurs activités de recherche à l’IRM 7 Tesla : des enseignants-chercheurs, des doctorants et post-doctorants, des ingénieurs, des stagiaires des différents partenaires d’I3M. Ils travaillent aux côtés des manipulateurs en électroradiologie médicale, des médecins et de personnel administratif du CHU.
Quelles sont les spécificités de ce partenariat ?
Tout d’abord, I3M est le premier à impliquer un laboratoire de mathématiques qui reste souvent dans la pure théorie. Au sein du laboratoire, les mathématiciens s’impliqueront d’avantage dans les applications.
C’est également la première fois que l’entreprise SIEMENS s’engage dans un partenariat avec le CNRS. Elle s’impose ainsi non seulement au niveau de son avancée technologique avec la fabrication de l’IRM 7 Tesla qui est la première à avoir la certification clinique avec le marquage CE. Mais par ce partenariat avec des chercheurs, l’entreprise souligne son intérêt pour les aspects scientifiques. Elle souligne également que sa recherche en innovation se fait en lien direct avec des chercheurs académiques reconnus. Au-delà des relations anciennes que nous avons avec elle, l’entreprise SIEMENS a proposé d’installer l’IRM 7 Tesla à Poitiers parce qu’elle y a perçu les interactions faciles entre le milieu médical et le milieu de la recherche.
Qu’apporte l’IRM 7 TESLA au sein de ce partenariat ?
C’est vraiment l’alliance entre un équipement exceptionnel qui fournit des données de qualité, précises quant à l’anatomie mais aussi au fonctionnement des organes, et un laboratoire commun qui les exploite, ce qui fait que l’on a quelque chose d’unique à Poitiers. Elle va permettre de faire avancer la recherche en imagerie médicale en général et plus particulièrement la recherche sur le cerveau et les pathologies cérébrales. Et cela va se faire au profit des patients du territoire.
L’IMR 7T ne serait pas si importante si cette structure de laboratoire commun pour exploiter ses données n’existait pas, de même qu’I3M n’aurait pas une telle importance s’il n’y avait pas les données de l’IMR 7T à mettre en valeur.
Vous avez parlé de recherche translationnelle, pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?
La recherche translationnelle consiste à produire des applications concrètes à partir de connaissances fondamentales. Au sein de notre laboratoire, nous allons partir de modèles mathématiques et de modèles informatiques pour imaginer l’évolution d’une pathologie. Nous pourrons expérimenter ces modèles immédiatement sur les patients. Les résultats cliniques obtenus lors de ces expérimentations viendront enrichir nos modèles en retour. Cette circulation en boucle de données entre proposition de modèles et application de ces modèles, c’est de la recherche translationnelle : l’application rapide d’une découverte scientifique grâce à la proximité du patient et pour le bénéfice de l’ensemble des malades. Il est bien évident que nous n’utiliserons les données des patients qu’avec leur accord et de façon anonyme.
Ce type de recherche suppose une étroite collaboration entre médecins et chercheurs. C’est pourquoi, des rencontres régulières ont lieu entre les chercheurs, les médecins et les manipulateurs au sein du bâtiment 7 Tesla. Un grand espace est dédié aux membres du laboratoire au-dessus de l’IRM 7 Tesla, au plus près de l’équipement. Il est important pour les chercheurs d’être sur le terrain avec les manipulateurs pour observer l’acquisition d’images, échanger sur le contenu des images. De voir avec eux les séquences intéressantes et exploitables par l’outil informatique. De comprendre auprès des médecins comment ils établissent les diagnostics. De se mettre à la place des patients.