Le professeur Rémy Guillevin est médecin radiologue, directeur du laboratoire commun I3M (Siemens – CHU de Poitiers - CNRS – Université de Poitiers) et responsable de l’équipe DACTIM-MIS au sein de l’unité mixte de recherche et du laboratoire de mathématiques et applications (CNRS-Université de Poitiers). Il est également porteur du projet IRM 7 Tesla au CHU de Poitiers
Décrivez-nous l’IRM 7 Tesla.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est une technique non invasive d’imagerie médicale permettant d’obtenir des images en coupes (2D et reconstruction 3D) de très grande qualité sur les tissus humains, très riches en hydrogène. L’IRM repose sur le principe de la résonance magnétique nucléaire. Le tesla est quant à lui, l’unité de mesure du champ magnétique. L’IRM 7 Tesla possède donc un champ magnétique 2,3 fois plus élevé que celui d’une IRM 3 Tesla, le plus important utilisable en pratique clinique. Sa résolution spatiale et en contraste permet la détection de lésions invisibles à 3 Tesla ainsi qu’une meilleure caractérisation des anomalies en général.
Qu’apporte de nouveau l’IRM 7 Tesla par rapport à l’IRM 3 Tesla ?
Elle permet schématiquement de voir mieux et plus. Les anomalies détectées en IRM 3 Tesla sont mieux caractérisées à 7 Tesla avec une meilleure résolution anatomique. Cette dernière permet de plus l’extraction et l’analyse d’un bien plus grand nombre d’informations. « L’IRM 7 Tesla est l’avenir de l’imagerie médicale. L’ensemble de ses possibilités reste encore sous-exploitées. »
Quelles types de pathologies pourront être dépistées avec l’IRM 7 tesla ?
S’agissant de son exploitation clinique (marquage CE), l’IRM7 Tesla permettra l’exploration des appareils neurologique et ostéo-articulaire, le plus souvent à destination des patients ayant déjà eu une exploration IRM. Il s’agit ici d’une expertise de recours. Elle pourra donc être utilisée dans le cas de bilans d’IRM dits « négatifs », c’est-à-dire quant un examen est déclaré normal alors qu’une pathologie est fortement suspectée. C’est souvent le cas pour les maladies psychiatriques, l’épilepsie ou les maladies dégénératives comme Alzheimer. Dans le cas de l’épilepsie par exemple, l’IRM 7 Tesla permet de déceler et d’identifier les lésions neurologiques responsables des crises, ce qui permet ensuite aux chirurgiens de les retirer, et d’ainsi guérir le patient. Nous travaillerons à l’élargissement des indications et des appareils explorés. L’IRM 7 Tesla, c’est le standard de demain en CHU. J’espère donc que d’autres nous rejoindront prochainement car le CHU de Poitiers est le seul centre à posséder l’autorisation clinique.
Pourquoi une IRM 7 Tesla à Poitiers ?
Le projet de l’IRM 7 Tesla est né d’une réflexion, souhaitée en 2017 par Alain Claeys, président du conseil de surveillance, et Jean-Pierre Dewitte, directeur général du CHU de Poitiers, sur l’attractivité du territoire au niveau de la recherche. L’idée était de conforter le rayonnement de Poitiers en tant que pôle d’excellence régional dans le domaine de l’imagerie par résonance magnétique, en acquérant cet équipement de pointe. Le projet a ainsi été officiellement lancé après la rédaction du livre blanc sur la recherche au CHU de Poitiers. Le pari est déjà gagné puisque plusieurs chercheurs reconnus nous rejoignent. Avec Marseille et Saclay, Poitiers est aujourd’hui le troisième centre a posséder une IRM 7 Tesla sur le territoire français.