Le centre d’investigation clinique (CIC 1402) du CHU de Poitiers accueille chaque année de nouveaux doctorants, qui viennent y effectuer leur thèse d’université. Né d’un partenariat entre le CHU de Poitiers, l’Inserm et l’Université de Poitiers, le CIC1402 est à l’interface entre les cliniciens du CHU et les équipes de recherche fondamentale, ce qui en fait un terrain idéal de formation par et à la recherche.
Une structure plurithématique, à l’interface entre la recherche fondamentale et l’exercice clinique
Le centre d’investigation clinique remplit à la fois une mission d’enseignement et de recherche. « C’est ce que l’on appelle la formation par et à la recherche », explique Elodie Migault, gestionnaire du CIC. En effet, le CIC accueille de nombreux étudiants issus des filières santé et scientifique.
Sur la période 2016-2021, ce sont 18 thèses d’université qui ont été encadrées par des chercheurs au CIC, dont la majorité dans le cadre de l’école doctorale Rosalind Franklin. Certaines collaborations avec des équipes de recherche de l’Université ou du CNRS permettent également certains co-encadrements.
Les thèmes de recherche du CIC1402 s’organisent autour de quatre grands axes en investigation clinique, un en biostatistiques, et trois en innovation technologique. « Le fait que le CIC soit plurithématique est une réelle force pour les échanges et les projets transversaux », souligne Elodie Migault.
Quels sont les doctorants du CIC ?
Voici deux exemples de sujets de thèses effectuées au CIC : Guillaume Binson, du service de pharmacie clinique, a, au cours de son doctorat, étudié l’impact de l’exposition des nouveau-nés prématurés aux parabènes présents dans les médicaments ; Evelyne Liuu, du service de gériatrie, a cherché le lien entre complication vasculaire et risque de cancer chez les patients atteints de diabète.
« Le CIC accueille également des doctorants issus des filières scientifiques, pour lesquels nous avons au préalable répondu à un appel à projet en vue d’obtenir le financement d’un doctorant », précise le professeur Pierre-Jean Saulnier, médecin coordonnateur du CIC. Par exemple, Inès Castilla effectue actuellement son doctorat au sein du laboratoire Xlim avec le Pr Philippe Carré, en co-encadrement avec le CIC, sur l’élaboration d’un algorithme qui utilise les données de smartphone pour la détection de la maladie d’Alzheimer.
Le fait d’effectuer sa thèse au CIC permet d’accéder à ses équipements – le centre de ressources biologiques (CRB), la plateforme de méthodologie biostatistique, la plateforme d’exploration physiologique neuro-respiratoire, et la chambre d’hypoxie. Le CIC met également à disposition des doctorants un bureau dédié, notamment pour les cliniciens, afin qu’ils puissent s’extraire de leurs activités cliniques et se concentrer sur leurs travaux de recherche.
Chaque année, un comité de suivi des doctorants est organisé, sous la forme d’entretiens individuels, avec chacun des doctorants. Ce temps permet d’échanger avec le doctorant, mais également avec le ou les tuteurs, de mesurer les avancées, de repérer d’éventuelles collaborations possibles au sein même des équipes du CIC. L’évolution de la question scientifique initiale est également évoquée, au regard des premiers résultats. Cela constitue également pour le doctorant un entrainement de présentation de l’avancement de ses travaux.
Témoignage : Corentin Faucher, doctorant en sciences du sport
La thèse de Corentin Faucher porte sur les effets croisés du froid – la cryostimulation – et du manque d’oxygène – l’hypoxie – sur l’organisme, dans un contexte de préparation physique des sportifs. L’objectif ici est d’étudier les adaptations croisées de ces deux paramètres. « Dans des pratiques sportives extrêmes, comme l’alpinisme par exemple, on rencontre ces deux conditions en simultané : le froid intense et le manque d’oxygène de l’altitude ». Les résultats de ces travaux de recherche permettront notamment à ces sportifs de mieux préparer leur corps, en connaissant davantage les impacts de ces conditions sur leur métabolisme.
La thèse de Corentin Faucher inclut des volontaires sains masculins, âgés de 18 à 30 ans, avec un niveau d’activité physique élevé. Il évalue la réponse de la personne à l’hypoxie et à la cryostimulation, au repos et en activité, et notamment les conséquences sur le système nerveux autonome, qui peut avoir une influence sur la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire ainsi que le métabolisme. En effet, dans les situations extrêmes, comme l’hypoxie ou les températures très basses, le corps subit un stress, et développe des réponses à ce stress. C’est précisément ce qui est mesuré dans ce travail de recherche. Les résultats serviront ensuite principalement à la préparation de sportifs de haut niveau, notamment dans l’optique des Jeux olympiques de 2024, mais également à la prise en charge de certaines pathologies métaboliques.
Corentin Faucher effectue sa thèse à la fois au CIC1402, qui comporte une chambre hypoxique, équipement unique en France dans un CHU, et au laboratoire de recherche MOVE (UR 20296) de l’Université de Poitiers, qui possède des équipements de cryostimulation. « Ma thèse fait se rencontrer les expertises de ces laboratoires, et de mes directeurs, pour amener de nouvelles données et connaissances sur le sujet », précise Corentin Faucher.
Les étudiants qui se sont portés candidats pour ce sujet de thèse ont été auditionnés. C’est finalement Corentin Faucher qui a été retenu pour mener ces travaux. Il entame sa deuxième année de doctorat, dont la durée totale est prévue à trois ans, juste à temps pour que les données et résultats puissent être utilisés par les sportifs pour les JO de 2024.