Gériatrie : la douleur, au cœur de la prise en charge

Exprimer sa douleur n’est pas toujours aisé et, à un certain âge, elle reste même parfois non verbalisée. En gériatrie, la prise en charge de la douleur est souvent difficile. En 2016, Sophie Pajoux, cadre de santé de médecine gériatrique, et Nadia Bordevaire - aujourd’hui à la retraite - ont fait le choix de structurer cette prise en charge particulière à travers la création d’un groupe de douleur et ce, malgré la disparition, à ce jour, du comité de lutte contre la douleur.

Dix aides-soignants, dix infirmiers, une cadre de santé et deux médecins composent ce groupe qui se répartit sur les dix unités du pôle de gériatrie. « Un aide-soignant et un infirmier représentent chaque unité. Ils sont professionnels ressources auprès de leurs collègues. Notre but est de sensibiliser tout le monde pour être le plus efficace possible dans la gestion de la douleur auprès du patient », insiste Sophie Pajoux.

Il n’est pas normal d’avoir mal

Il existe différents types de douleur : physique, mentale, psychique... Chaque patient exprime différemment sa douleur en fonction de son histoire, du contexte, des soins et parfois, le patient est
incapable d’exprimer verbalement sa douleur. « Certains peuvent donner le sentiment d’exagérer, mais cela cache un mal-être plus profond. Cela nous oblige à être vigilants et à réaliser des
évaluations les plus justes et objectives possibles », précise Claire Decharte, aide-soignante. Pour les y aider, le groupe a travaillé sur la création d’un mémento, « Echelle d’évaluation de la douleur : que choisir ? ». L’objectif est de réexpliquer comment choisir entre « hétéro ou autoévaluation », et de préciser les échelles utilisées couramment dans le pôle gériatrie.

Chaque binôme, soignant du groupe douleur, a ensuite présenté, dans son unité, ce mémento validé par le bureau de pôle, et laissé à disposition. « Soit le patient est capable de verbaliser sa douleur, soit il en est incapable et c’est le mémento qui va aider le soignant dans son analyse. Un patient en souffrance s’identifie : il est recroquevillé sur lui-même, refuse de manger, de parler... », ajoute l’aide-soignante. 

Pour traiter la douleur, la thérapeutique médicamenteuse est le principal traitement, mais pas que : quatre infirmiers sont formées à l’hypno-analgésie, dont une à Lusignan. Claire Decharte est aussi formée à l’hypnose conversationnelle, très utile quand les soins sont trop difficiles à réaliser. « L’une des grandes avancées que l’on a pu mettre en place, c’est l’achat de pompes d’analgésie
contrôlée. Nous en avons entre une et deux par unité désormais, alors qu’il n’y en avait aucune en 2015 », assure Sophie Pajoux.

En mai, le groupe a travaillé sur la sécurisation de la perfusion via des ateliers pratiques animés par une soignante du groupe douleur. Ce travail a été nécessaire et complémentaire du travail institutionnel sur les lignes de perfusion. En septembre dernier, deux aides-soignantes, ont partagé l’expérience de la création du mémento avec des soignants d’EHPAD. Le but est de mettre en avant le rôle de l’aide-soignant et la reconnaissance de leurs compétences dans le domaine de la gestion de la douleur. Le groupe s’anime comme un lieu d’échanges sur les difficultés du quotidien en lien avec la douleur.