Outre ses missions dites à usage intérieur, la pharmacie du CHU de Poitiers s’est vue confier la gestion des vaccins anti-covid des laboratoires Pfizer/BioNTech sur les établissements de santé de la Vienne relevant du flux B. Désigné établissement pivot par Santé Publique France, l’hôpital assure le stockage, la conservation et la distribution des vaccins. Pauline Lazaro, docteur en pharmacie, est en charge de cette gestion inédite qui a dû être organisée en quelques jours.
Une chaine du froid scrupuleusement respectée
Le premier vaccin à avoir été disponible en France est le vaccin de Pfizer/BioNTech[1] qui est soumis à des contraintes de conservation et de distribution. La première contrainte est la température à laquelle il doit être conservé : entre – 60 et – 90° C. Pour cela, Santé Publique France a mis à la disposition du CHU, un congélateur qui atteint des températures aussi basses. Le super-congélateur a été livré le 24 décembre. Installé au sein de la pharmacie, l’équipement peut contenir jusqu’à 100 000 doses. Il a accueilli les premières doses de vaccin le 5 janvier et reçoit 4 000 doses en moyenne chaque semaine, soit environ 600 flacons, un flacon contenant 6 doses de vaccin. Les vaccins sont transférés au CHU de Poitiers via des transporteurs mobilisés par Santé Publique France, dans des conditions permettant le maintien de la chaîne du froid. Ils sont transportés dans des « thermal shipper » - boites isothermes – remplies de carboglace et placés sous scellés. Une sonde permet de contrôler et d’enregistrer les températures tout au long du voyage. Comme le précise le Dr Lazaro, la réception des vaccins répond à un process strict qui commence par la déconnexion de la sonde des « thermal shipper ». En retour, le laboratoire Pfizer/BioNTech transmet à la pharmacie les courbes de températures pour analyse. En attendant cette vérification, les flacons sont placés en quarantaine. Après vérification de l’intégrité des scellés, la manipulation des vaccins se fait à deux. La conservation dans la carboglace impose le port d’équipements de protection individuelle (gants et lunettes). En effet, la carboglace peut provoquer des brûlures. Les flacons sont transférés immédiatement dans le congélateur. « Le transfert des flacons du thermal shipper vers le congélateur ne doit pas excéder les cinq minutes » précise le Dr Lazaro. Une fois dans le congélateur, les vaccins n’en sortent plus que pour être décongelés et acheminés vers les lieux de vaccination.
Un circuit de distribution fluide
Le Dr Lazaro gère l’approvisionnement en vaccins des centres de vaccination et des services du CHU de Poitiers tels que les EHPAD, les unités de soins de longue durée et les services de soins de suite et de réadaptation. Elle approvisionne également les structures de santé avec lesquelles des conventions ont été établies. Les contraintes du vaccin liées à sa conservation imposent une grande coordination entre la pharmacie et les structures demandeuses. Il s’agit de garantir un circuit fluide, dans le respect de la chaîne du froid. « Les structures nous communiquent leurs besoins en vaccins en amont. Pour limiter les variations de température du congélateur, nous organisons deux vagues de décongélation par jour : l’une à 9 h et l’autre à midi » explique le Dr Lazaro. Avant d’être distribués, les vaccins doivent être décongelés. Pour cela, ils sont transférés dans la chambre froide où ils sont ensuite ré-étiquetés pour indiquer la nouvelle date de péremption - 5 jours après. La décongélation dure environ trois heures et fait l’objet d’un procès-verbal. Les demandes de vaccins peuvent s’accompagner de commandes de matériel pour la dilution et l’administration, fourni par Santé Publique France. Les vaccins sont acheminés ensuite vers les structures demandeuses dans des transports réfrigérés. La livraison fait l’objet d’une traçabilité étape par étape. « C’est probablement l’un des produits le plus contraignants que nous ayons à gérer » souligne le Dr Lazaro.
Le Dr Lazaro est donc sur le front depuis le lancement de la campagne vaccinale au CHU de Poitiers le 6 janvier. La gestion des vaccins occupe une part importante de son activité, notamment la coordination, avec les centres de vaccination mais aussi avec l’ARS, les pharmaciens des autres structures, le service logistique… Mais comme elle le précise : « Heureusement que j’ai l’aide et le soutien de mes collègues pour prendre le relais sur les autres activités. Préparateurs et agents de plateforme sont également très impliqués dans ce circuit et contribuent à sa fluidité. Cette gestion nécessite beaucoup d’organisation, implique la rédaction de modes opératoires, l’accompagnement des équipes soignantes pour l’administration et la gestion du matériel notamment. Il faut être disponible pour répondre aux interrogations des structures, échanger régulièrement avec l’Agence régionale de santé… La coordination est vraiment le mot clé. Mais tout fonctionne bien »
[1] Le CHU de Potiers a reçu les premières doses du vaccin Moderna le vendredi 5 février et celles du vaccin AstraZeneca, le samedi 6 février.
D'autres vaccinsLe CHU de Poitiers a reçu, il y a quelques jours, deux autres types de vaccin, chacun ayant des conditions de conservation différentes encore du vaccin de Pfizer/BioNtech. Les premières doses du vaccin AstraZeneca, 1 800 au total, sont arrivées au sein de la pharmacie samedi 6 février. Elles doivent être conservées dans un réfrigérateur entre 2° et 8°. Elles sont destinées aux professionnels de santé, publics comme libéraux, les premiers volontaires ayant été vaccinés dimanche 7 février. 4 800 doses du vaccin Moderna ont été livrées vendredi 4 février au CHU de Poitiers. Elles doivent être conservées à – 20°. En tant qu’établissement pivot, l’hôpital assure leur stockage et l’approvisionnement des centres de vaccination du département des Deux-Sèvres, des Landes, de Dordogne et du Lot-et-Garonne. En plus des vaccins, la pharmacie gère également les dispositifs médicaux nécessaires aux injections. Pour ces deux vaccins, un flacon permet d’obtenir dix doses. |