Guillaume Deshors, nouveau directeur général adjoint : de l’idée à la réalité !

Guillaume Deshors

Guillaume Deshors a pris ses fonctions de directeur général adjoint du CHU de Poitiers en mai 2024, succédant ainsi à Séverine Masson. Recruté en tant que directeur de cabinet en janvier 2019, il nous expose son parcours, ses missions et ses projets pour les années à venir. Rencontre.

Vous êtes arrivé au CHU de Poitiers le 2 janvier 2019 en tant que directeur de cabinet, puis vous avez pris les fonctions de directeur des affaires médicales en novembre 2022. Quel bilan faites-vous de ces expériences ?

C’était deux expériences différentes mais pour lesquelles j’en retire des enseignements très positifs. Tout d’abord, j’ai exercé les fonctions de directeur de cabinet de janvier 2019 à janvier 2023, soit quatre années. Cette durée montre une certaine stabilité sur ce poste, ce qui n’était pas forcément le cas avant, mais cela me tenait véritablement à cœur de positionner la fonction de directeur de cabinet comme un véritable poste d’appui du directeur général et du directeur général adjoint.

Durant cette période, j’ai eu l’opportunité de suivre plusieurs dossiers majeurs pour le CHU de Poitiers comme la fusion avec le groupe hospitalier Nord-Vienne pour lequel j’ai été un appui dans l’accompagnement politique de la fusion avec les collectivités territoriales et les élus. Toujours en lien avec le groupe hospitalier Nord-Vienne, j’ai eu la charge de la coopération public/privé en imagerie. J’ai porté également, depuis 2019, le projet du second scanner sur le site de Châtellerault. En relation avec l’Université de Poitiers, j’ai également été un appui institutionnel dans le projet de reconstruction des écoles, en collaboration avec la coordination des écoles et instituts de formation paramédicale et la direction constructions patrimoine-transition écologique.

Toujours en étant directeur de cabinet, j’ai été nommé responsable de la coordination des relations ville/hôpital, avec Isabelle Dichamp, alors directrice adjointe des coopérations territoriales. Le projet le plus important auquel j’ai contribué était le service d’accès aux soins de la Vienne (SAS 86). Ce projet, extrêmement important pour la structuration de l’offre de soins non programmées sur notre territoire, n’aurait pas pu voir le jour sans l’implication des docteurs Henri Delelis Fanien, médecin urgentiste, Xavier Lemercier, médecin généraliste, et Jean-Luc Peferkorn, directeur de la plateforme territoriale d’appui.

Bien sûr, au quotidien, c’est aussi un poste intense avec la gestion des instances que sont le conseil de surveillance, le directoire, la relation avec l’Agence régionale de santé (ARS) et les autres institutions.

Cette expérience de directeur de cabinet avait une portée très institutionnelle, mais avec un pied dans le secteur médico-technique et une ouverture sur les soins non programmés à travers la mise en place du SAS 86. Cette expérience m’a apporté une très grande satisfaction et un réel enthousiasme professionnel.

Puis, de novembre 2022 à avril 2024, j’ai été nommé directeur des affaires médicales. Ça reste pour moi un passage trop court car c’est une direction qui demande une grande stabilité. Mon objectif premier, en tant que directeur des affaires médicales, était de construire une plus grande proximité avec les chefs de pôle et les chefs de service, dans un contexte de tension de recrutement de médecins. J’avais également fait le choix de me rendre une fois par semaine sur le site hospitalier de Châtellerault, pour lequel il y avait un réel besoin d’une implication plus forte. Il était également important pour moi que les trois grandes branches de ressources humaines du CHU, direction des ressources humaines, coordination générale des soins et direction des affaires médicales, soient davantage en relation, pour établir un travail commun. La direction des affaires médicales a été renforcée avec un deuxième directeur, un troisième attaché, et le renforcement des secteurs de la gestion des internes et le suivi du temps de travail et la paie. C’est un effort inédit pour lui permettre de mieux répondre aux attentes des personnels dont elle a la charge.

Durant cette année et demie, j’ai porté plusieurs projets, dictés par deux lignes directrices : donner envie à nos collègues médecins de rester où de nous rejoindre, et construire une relation plus étroite avec les chefs de pôles, chefs de service. Sur les projets menés, je citerai notamment les nouvelles modalités de désignation des chefs de services et des chefs de pôle, les entretiens annuels pour les médecins, l’amélioration de l’accueil des internes, la mise en place d’un livret d’accueil des externes, toujours en construction, et un meilleur accompagnement des docteurs juniors et des chefs de clinique assistants, en projet.

J’ai pu participer, au côté de la direction des ressources humaines, à la mise en place de l’école de management NOVA qui, grâce à l’implication des affaires médicales, de la directrice générale et du président de la commission médicale d’établissement, a permis de positionner deux fois douze médecins sur des promotions de vingt-cinq pour les trois CHU.

Il reste beaucoup de travail à faire, mais je tiens à saluer toute l’équipe de la direction des affaires médicales. Je les quitte à contre cœur. J’ai toute confiance dans les deux nouvelles directrices, madame Héloïse Baux et madame Aronica, pour faire encore mieux, sous l’autorité de notre directrice générale, et en association avec le président de la commission médicale d’établissement, les chefs de pôle et chefs de service et avec les collègues de la coordination générale des soins et de la direction des ressources humaines.

 

Vous avez évoqué votre implication dans la relation « Ville/Hôpital ». Selon vous, quelle est l’importance d’une telle collaboration dans un territoire comme celui de la Vienne ?

Comme j’ai pu l’évoquer avant, la mise en place d’une structure comme le service d’accès aux soins (SAS 86) permet de structurer la filière de soins non programmés sur notre territoire. Mais il existe de nombreuses autres filières de soins, qui ne sont pas toutes structurées. Dans le contexte de difficultés d’accès aux soins, de l’hyperspécialisation, et de pression sur le financement du système de santé, on se doit d’optimiser le parcours de soins des patients entre les professionnels libéraux et le CHU. Pour cela, il faut mieux structurer les échanges en amont et en aval, avec trois objectifs : la prévention, l’accès précoce aux soins et une bonne coordination des acteurs pour réussir l’entrée et la sortie d’hospitalisation.

Nous avons besoin d’avoir une approche par filière de soins pour améliorer la qualité et l’efficience. C’est une des priorités de la commission ville/hôpital, de l’orientation numéro cinq du projet d’établissement 2024-2028, et toujours en collaboration avec nos partenaires tels que les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), l’union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins, le conseil de l’ordre et l’association des praticiens pour la permanence des soins dans la Vienne (APPS 86), le dispositif d’appui à la coordination (DAC), au bénéfice de nos patients et de nos professionnels.

 

Quelles sont les fonctions d’un directeur général adjoint ?

Le directeur général adjoint est le bras droit du directeur général. Il anime l’équipe de direction, sous l’autorité du directeur général et appuie les directeurs adjoints sur la conduite de leurs projets et de leurs équipes. Le directeur général adjoint doit au maximum anticiper la préparation des dossiers pour permettre au directeur général un arbitrage favorable. Il est également membre du directoire avec voix consultative, et remplace le directeur général en cas d’absence sur la direction du CHU, aux différentes instances.

Madame Costa, directrice générale du CHU de Poitiers, a souhaité que je préside le comité social d’établissement (CSE) et sa formation spécialisée (F3SCT). C’est totalement nouveau pour moi. Je suis appuyé par mes collègues de la direction des ressources humaines et je m’appuie sur ma conviction de la complémentarité entre la direction et les organisations syndicales. Je garde également la relation ville-hôpital, avec l’appui d’Isabelle Dichamp, directrice des coopérations.

 

Quels sont les dossiers que vous avez en propre ?

En lien avec Arnaud Bernet, directeur de cabinet, je garde la charge de la relation public/privé en imagerie, avec la collaboration de Geneviève Gaschard, directrice référente du pôle imagerie. J’ai également en charge le plan d’efficience de gestion, le projet de management participatif avec le déploiement du management par les valeurs dans les services, mis en œuvre par Catherine Tardy, en lien avec l’encadrement médical et paramédical ainsi que la mise en œuvre du projet d’établissement dans le cadre du comité de pilotage annoncé par la directrice générale.

Ensuite, avec la directrice générale, nous nous répartissons la gestion des différentes directions. La directrice générale assure la supervision directe de la direction des affaires médicales, la direction de la recherche et de l’innovation, la direction des finances, de la performance et de la contractualisation, la direction des constructions et du patrimoine et la direction des ressources biomédicales et, de mon côté, je m’occupe, en première intention, de toutes les autres. Le travail ne manque pas et nous pouvons compter sur une équipe de direction particulièrement engagée.

 

Quelles sont vos priorités pour les années à venir ?

Participer au lancement du projet d’établissement 2024-2028, en respectant les priorités fixées par la directrice générale au terme d’une concertation étroite de la communauté hospitalière : développer l’activité de recours, développer la qualité de vie au travail de tous les personnels, intensifier notre approche du patient au cœur de l’organisation de notre travail, ce qui implique aussi de mieux organiser le lien entre les hospitaliers et les professionnels libéraux, toujours soutenir la recherche médicale et paramédicale et bien sûr toujours améliorer notre environnement numérique.

Pour cela, il nous faut soutenir les besoins en investissement, bâtimentaire ou en équipement. Mais, par-dessus tout, c’est de construire, avec la communauté médico-soignante et l’ensemble du personnel, technique, logistique et administratif, une identité fondée sur l’esprit d’équipe entre toutes les professions du CHU. La concertation des équipes, le respect de l’autorité des managers et le dialogue au sein des différentes instances pour constituer nos objectifs que sont : répondre aux besoins de la population, développer des soins innovants par la recherche fondamentale et clinique, construire une relation de travail meilleure, dans le respect des financements alloués par notre gouvernement et notre parlement.

C’est d’ailleurs la beauté de ce métier : mettre en œuvre la volonté des pouvoirs publics qui fixe des objectifs, des règles, et un cadre de rémunération. C’est aller de l’idée à la réalité, avec les moyens que la Nation se donne.

 

Après des difficultés de recrutement certaines au sein des établissements de santé après la crise sanitaire, pouvez-vous nous dire en quoi le CHU de Poitiers est attractif aujourd’hui ?

Effectivement, le CHU de Poitiers a connu des difficultés de fidélisation de son personnel et de recrutement pour compenser le nombre de départ. Ces difficultés sont nationales, sur l’ensemble des hôpitaux ainsi que sur les métiers à contraintes fortes comme la restauration. Au plan national, l’hôpital a connu une revalorisation inédite des salaires avec la prime Ségur, augmentant l’ensemble des salaires du personnel des hôpitaux publiques de 183 €, ainsi que la revalorisation des grilles de plusieurs catégories professionnelles, et enfin, la mise en œuvre récente de la revalorisation du travail de nuit et la revalorisation de la garde pour les médecins.

Au CHU de Poitiers, la direction des ressources humaines, la coordination générale des soins, la direction des affaires médicales ainsi que la coordination des écoles et instituts de formations paramédicales, sous l’autorité de la direction générale, ont pour objectifs de mobiliser davantage ceux qui accueillent les apprenants et les nouveaux arrivants. Nous avons également mis en place un plan de fidélisation du personnel médical et paramédical. Aujourd’hui on constate une amélioration de la situation, notamment en ce qui concerne les infirmiers, avec un recrutement qui dépasse les départs et des départs qui se stabilisent.

Il faudra encore attendre pour voir l’impact de la réforme sur les études de médecines qui promet plus de médecins diplômés d’ici quatre à cinq ans. Enfin, le projet de constructions du nouveau bâtiment des écoles et instituts de formation, à proximité de la faculté de médecine et de pharmacie sera un véritable atout d’ici 2028, si le calendrier est tenu, avec l’idée de construire une formation en santé permettant de rapprocher l’ensemble des étudiants.

Je veux saluer le travail remarquable de mes collègues des directions citées.

 

Quel est votre endroit préféré au CHU de Poitiers et pourquoi ?

Avec un CHU comme le nôtre, alliant cinq sites sur l’ensemble du département de la Vienne, tous aussi différents les uns que les autres, la question est difficile. Mais j’ai envie de dire le parvis de la tour Jean-Bernard, avec les arches romanes sur son côté gauche. J’y déjeunais assez souvent durant le confinement. Par ailleurs j’aime traverser les urgences ou le centre cardio-vasculaire pour me rendre à Jean-Bernard. J’y croise toute la diversité de l’hôpital, des blouses blanches, des patients, le personnel, des accompagnants, etc. Cela me permet de me rappeler mon métier et pourquoi je le fais. Ah si ! Il y a aussi l’ensemble des espaces techniques, les espaces inconnus du grand public, l’envers du décor.

 

Vous avez déjà participé au défi inter-entreprises et souhaitez réitérer pour l’édition 2024. Etes-vous plus à l’aise en baskets, sur un vélo au dans un canoë ?

En basket ! Mais n’y voyez pas pour autant en moi l’âme d’un grand sportif ! Je ne le ferais pas si ce n’était pas en équipe. Ce que j’apprécie dans ce défi c’est de le faire entre camarades.

 

Souhaitez-vous ajouter une dernière chose ? Un dernier point pour terminer ?

Remercier Anne Costa. C’est une chance pour moi que de pouvoir servir à ses côtés car cela me permet d’apprendre, de profiter de sa très riche expérience, de son énergie et de sa vision du travail en équipe. Je souhaite également faire part à nouveau de ma volonté, en tant que directeur général adjoint, de prendre du temps et de faire de la pédagogie auprès de l’ensemble du personnel, expliquer pourquoi on prend telle ou telle décision. Le temps nous manque et l’idée n’est pas que tout le monde soit d’accord, mais d’essayer de mieux expliquer les décisions que nous prenons. Et, bien sûr, mon souhait est d’établir une véritable relation de confiance avec l’encadrement médical et non médical.