Mesure phare du Pacte de refondation des urgences annoncé le 9 septembre 2019, le service d’accès aux soins (SAS) se concrétise dans le cadre du Ségur de la santé. Le département de la Vienne, compte tenu de l’organisation territoriale et l’étroite collaboration existante entre l’ensemble des professionnels de santé du département, fait partie des 22 départements retenus comme sites pilotes pour l’expérimenter.
Qu’est-ce que le SAS ?
Le SAS a pour objectif de mieux structurer l’organisation de la demande de soins non programmés en s’appuyant sur une coopération forte entre la médecine de ville et le SAMU Centre 15. Il s’agit de rendre cette offre plus lisible et accessible à tous les usagers, offre de soins qui sera coordonnée par l’ensemble des acteurs de santé d’un territoire.
Le SAS prendra la forme d’une plateforme de régulation commune qui 24h/24 et 7j/7 répondra aux besoins en soins non programmés, urgents ou non-urgents, de la population. En composant le numéro de téléphone commun, le 15 aujourd’hui pour la Vienne, pour joindre le SAMU ou les médecins généralistes, les usagers seront informés et orientés dans les plus brefs délais en fonction de leurs demandes : du simple conseil, à une orientation pour une consultation ou un service d’urgence, voire à l’engagement d’un SMUR pour les situations les plus graves. « Cette plateforme a pour vocation de répondre à l’ensemble des besoins de la population dans des délais suffisants, qu’il s’agisse de problèmes médicaux ou de problèmes de maintien à domicile ou de mise en place d’aide à la personne. De nouvelles filières comme la plateforme territoriale d’appui (PTA) s’associent au dispositif, apportant ainsi de nouvelles réponses en complément de la gestion de l’urgence » précise le Pr Olivier Mimoz, responsable du service des urgences adultes, SAMU 86 et SMUR au CHU de Poitiers. Tous les outils numériques, comme la télémédecine, utilisés localement y seront intégrés.
Le département de la Vienne : site pilote pour le SAS
Si le département de la Vienne a été choisi comme site pilote, c’est parce que la médecine d’urgence à Poitiers a une pratique qui répond sur plusieurs points aux objectifs de la mise en œuvre du SAS : une organisation territoriale de l’équipe médicale, des collaborations étroites avec tous les acteurs de la santé du département, notamment les médecins généralistes qui sont venus spontanément en renfort de la régulation médicale au début de la crise sanitaire, l’utilisation des nouvelles technologies…
La médecine d’urgence du CHU de Poitiers est la première en France à avoir mis en place une équipe territoriale dans le cadre du groupement hospitalier de territoire (GHT) créée en 2016. Les médecins urgentistes interviennent dans les quatre services d’urgences de la Vienne – CHU de Poitiers et CH de Châtellerault, de Montmorillon et de Loudun. « Notre organisation des urgences est originale puisque la Vienne est le seul département qui est allé aussi loin dans le partage des moyens médicaux et des procédures de soins. Elle permet d’avoir les mêmes prises en charge de l’urgence quel que soit l’endroit où l’on se trouve », souligne le Pr Mimoz. Cette organisation permet de garantir une offre de soins identique sur tout le département grâce à un maillage territorial cohérent.
Les services d’urgences du CHU travaillent également au quotidien en lien avec l’ensemble des acteurs de la santé et du secours dans le département : médecins de ville, pompiers, ambulanciers, PTA etc… Les collaborations avec ces services sont excellentes et performantes. Elles seront essentielles pour l’information et l’orientation délivrées.
La régulation médicale du Centre-15 de la Vienne a acquis ces dernières années une grande expertise dans le domaine des nouvelles technologies, notamment avec la pratique de la télémédecine. Sous l’impulsion du Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du SAMU 86, le SAMU – Centre 15 s’est doté de la solution de télémédecine mobile Nomadeec qui facilite la prise en charge dans les EHPAD sur l’ensemble du département en lien avec les autres acteurs de la santé. Ce dispositif permet d’évaluer au mieux le degré d’urgence de la prise en charge, et d’orienter le patient en amont, tout en évitant les hospitalisations inutiles. Les pompiers et les ambulanciers sont également équipés d’outils permettant de transmettre des informations médicales comme un ECG, une photographie ou une boucle vidéo. Ces outils numériques déjà utilisées avec succès par le service intégreront la plateforme SAS en plus des outils d’appel classique.
Ville-Hôpital : collaboration forte dans la Vienne
La collaboration entre la médecine de ville et l’hôpital, sur laquelle reposera le SAS 86, existe déjà depuis plusieurs années dans la Vienne. Durant les périodes de fermeture des cabinets médicaux, des médecins de ville assurent des permanences au Centre 15 du SAMU 86. Ce partenariat s’est naturellement renforcé pour répondre aux besoins liés à la Covid-19, grâce au soutien de l’ARS (Agence Régionale de Santé). « Nous relevons une efficience certaine des organisations collaboratives entre médecins généralistes et médecins urgentistes avant même la mise en place du SAS. Nous avons reçu beaucoup d’appels durant la crise liée au Covid-19. Nous avons pu répondre à beaucoup de questionnements. Il s’agissait souvent de rassurer ou bien de conseiller les usagers. L’hôpital ne doit pas être la réponse unique aux soins non programmés. La médecine de ville y a un rôle essentiel à jouer » souligne le Pr Mimoz. En effet, le SAS 86 permettra de désengorger les urgences en proposant aux personnes qui ne nécessitent pas une prise en charge hospitalière urgente, un éventail de possibilités gérées par la médecine de ville : du simple conseil à une consultation urgente dans un cabinet de garde ou au sein des urgences hospitalières selon la gravité.
Le département de la Vienne doit montrer l’exemple
La mise en place médicale du SAS 86 pour la partie hospitalière a été confiée au Dr Delelis-Fanien qui participe pour beaucoup à la modernisation des outils de la médecine d’urgence et aux partenariats du service. La phase d’expérimentation réalisée par les sites pilotes commencera en février 2021. Elle permettra de définir les modalités de généralisation des SAS. Les départements choisis seront accompagnés par une équipe du ministère dédiée.
Le Pr Mimoz se réjouit que l’organisation collaborative et pluridisciplinaire mise en place dans le département de la Vienne soit site pilote de ce dispositif. « Le SAS 86 doit montrer l’exemple. Il se doit d’être une structure à la pointe des organisations et des innovations pour être le plus efficient possible au profit de la population. Nous voulons vraiment apporter la meilleure solution médicale possible à nos concitoyens. Faire en sorte que la population soit bien soigné quel que soit le lieu où elle réside dans la Vienne, tel est notre objectif » conclue-t’il.