Laetitia Bensouna est ergonome au sein du service de santé au travail depuis 2019. Jérémy Pernechèle l’a rejointe début 2023 pour renforcer l’activité d’ergonomie qui s’adresse à l’ensemble des professionnels du CHU. Ils expliquent les spécificités de leur métier.
Quel est votre métier ?
L’ergonomie vise à adapter le travail à l’homme afin de prévenir les problèmes de santé au travail, et notamment les troubles musculosquelettiques, qui est la maladie professionnelle la plus fréquente au niveau national. C’est le travail qui force les gens à adopter des postures, et finalement, la bonne posture n’existe pas. Notre rôle est donc d’analyser le travail et de le transformer pour qu’il ne génère pas de troubles sur la santé. Afin de mettre en lumière la réalité du travail, la différence entre ce qui est demandé et ce qui est fait, nous allons sur le terrain observer les gens en train de travailler. Nous trouvons des solutions en collaboration directe avec les personnels parce que ce sont eux qui connaissent le mieux leur travail. Nous pouvons répondre aussi à des problématiques de qualité ou de productivité. Par exemple, ici à l’hôpital, nous allons plutôt parler de qualité des soins ou de non atteinte des objectifs. Nous allons essayer de comprendre pourquoi l’agent n’a pas atteint les objectifs donnés. Nous allons analyser le travail pour éviter les conséquences sur la performance, la qualité et la santé au travail. Nous avons donc deux missions principales. Il s’agit, tout d’abord, des aménagements de poste individuel prescrits sur avis médical, pour les personnes ayant un problème de santé ou un handicap. Notre deuxième mission concerne la prévention collective des troubles musculosquelettiques (TMS) au sein des services. Les TMS sont des troubles multifactoriels d’origine biomécanique et liés aux contraintes organisationnelles et psychosociales (RPS). Il est important d’anticiper les risques à la source, ce qui permet d’éviter les problèmes de santé et d’éviter les dépenses en aménagement. Malheureusement, il est parfois trop tard lorsque les gens font appel à nous : les douleurs se sont déjà installées. Si nous pouvons mettre des choses en place avant l’apparition des douleurs, nous n’aurons pas à corriger une situation qui peut coûter cher. Nous faisons des préconisations sur le matériel, sur l’organisation de travail, sur la formation du personnel. Nous travaillons de concert avec le centre de prévention et prophylaxie des troubles musculo-squelettiques (CPPTMS) sur ce point.
Quelles sont les particularités de votre service ?
Le métier d’ergonome est le même, que ce soit en entreprise ou au sein d’un établissement hospitalier. Ce qui est différent c’est la grande diversité des métiers qui nous mène à traiter tous types de problématiques. De plus, le métier de soins est difficile à appréhender, parce qu’il y a une grande part d’humain et des comportements très variables. Nous couvrons les cinq sites du CHU de Poitiers soit près de 10 000 personnes.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Ce qui nous intéresse est de travailler sur l’humain et de découvrir tout le temps de nouvelles situations de travail.
Une anecdote pour finir ?
Les agents nous appellent parfois ergothérapeute, agronome ou ergonaute.