Neurochirurgie : des outils de plus en plus précis

Maladie de Parkinson et maladies annexes, biopsies cérébrales mais aussi chirurgie du rachis. Avec le robot Rosa®, le scanner per-opératoire O-arm® et une imprimante 3 D pour modéliser l’anévrisme, le service de neurochirurgie du CHU de Poitiers vient de se doter d’équipements de haute technologie. Objectif : maintenir le niveau d’excellence et conforter le rôle de recours du centre hospitalier dans la prise en charge des maladies cérébrales et des ostéosynthèses.

Une précision accrue dans le geste chirurgical et un “contrôle qualité” immédiat. Rosa®, conçu par la société Medtech®, est un dispositif robotisé multi-applicatif dédié à la chirurgie mini-invasive sur le système nerveux central, une véritable aide opératoire pour le chirurgien sur des actes de simulation cérébrale profonde. Le CHU de Poitiers vient de se doter de cet équipement de haute technologie. Le robot Rosa y est aujourd’hui utilisé essentiellement dans le traitement de la maladie de Parkinson et des maladies annexes – dystonie, tremblements essentiels – mais est également indiqué pour certaines maladies psychiatriques : troubles obsessionnels compulsifs (TOC), maladie de Gilles de la Tourette ou encore dépression profonde.

Pr Benoit Bataille, chef du service neurochirurgie du CHU de Poitiers
Pr Benoit Bataille, chef du service neurochirurgie du CHU de Poitiers

“GPS” et gain en confort
A l’instar d’un GPS, le bras articulé du robot Rosa guide le neurochirurgien pour implanter les instruments sur la zone de travail avec une précision de l’ordre du millimètre. “Dans le cas d’actes de stimulations cérébrales profondes, les électrodes sont implantées sur un noyau intracérébral de quelques millimètres de diamètre”, rappelle le Pr Benoît Bataille, chef du service de neurochirurgie du CHU de Poitiers. Rosa permet d’optimiser encore davantage la précision du guidage des instruments. “Avec le robot Rosa, nous avons un gain de précision de 0,5 millimètre sur l’implantation de l’aiguille. C’est une sécurité accrue dans le geste opératoire en neurochirurgie cérébrale.”

Couplé au scanner per-opératoire O-arm®, le robot Rosa permet également de visualiser la position de l’électrode par rapport à la cible : “La fusion de l’IRM pré-opératoire avec les données per-opératoires permet un contrôle qualité immédiat. Il y a une précision accrue dans le geste mais aussi dans le rétro-contrôle de celuici”, souligne le Pr Bataille.

Pour le patient, c’est également un gain en confort et en ergonomie. “Le système Rosa permet de faire les calculs de ciblage le jour J et donc de s’affranchir du cadre stéréotaxique fixé jusqu’alors la veille sur le crâne du patient, sous anesthésie locale. Le dispositif est donc beaucoup moins invasif.” A noter, le robot Rosa est également utilisé pour les biopsies cérébrales et pour guider un endoscope dans les ventricules cérébraux par une trajectoire pré-programmée.

O-arm, une révolution pour les chirurgies du rachis
Acquis également il y a quelques mois par le CHU, le système d’imagerie 3D O-arm permet d’assurer une précision et une sécurité majeure dans les cas de pathologies rachidiennes complexes nécessitant la pose d’implants (fractures avec traumas rachidiennes, scolioses, arthrodèses notamment). “O-arm c’est une révolution qui permet une imagerie 3D pendant et juste après l’opération”, résume le Pr Philippe Rigoard, spécialiste du rachis. Couplé au système de neuronavigation, le scanner permet, dans les ostéosynthèses, de sécuriser le geste du praticien et, “à 99%”, de positionner un implant “de la bonne taille et au bon endroit”, sans léser d’autres structures (vaisseaux du cou, moelle épinière, racines nerveuses, veines, artères, poumons, cœur, œsophage et trachée). “L’O-arm permet de connaître la position des instruments chirurgicaux et des implants pendant l’intervention. C’est une imagerie de contrôle intra-opératoire qui permet une sécurisation des vis dans leur longueur, calibre et trajectoire.”

Autre avantage : O-arm permet également de refaire un scanner de contrôle post-opératoire sans avoir à réveiller le patient afin de contrôler la position des implants. En projet au sein de l’unité rachis : la mise en place d’un projet de recherche à des fins médicoéconomiques pour la chirurgie du rachis couplant neuronavigation et robotisation du geste, porté par l’équipe de recherche Prismatics.

Un modèle silicone en taille réelle
C’est une première en France. Le service de neurochirurgie s’est doté également d’une imprimante 3D. Le but : imprimer, avant intervention et en taille réelle, les anévrismes intracrâniens afin de mieux programmer le geste opératoire. “Aujourd’hui, même si grâce aux images on peut faire une reconstitution en 3D de l’anévrisme, il y a toujours une superposition des artères afférentes et efférentes. Imprimer un modèle en silicone, en taille réelle, de l’anévrisme permet de l’avoir en main afin de lui faire faire des rotations, de positionner un premier clip, d’en apprécier la déformation, puis un second en cas d’anévrisme complexe”, détaille Hassan El Hajj, chef de clinique en charge de la chirurgie vasculaire.

Taille et forme des clips sont ainsi testés avant l’opération. Ce “pré-planning chirurgical”, qui augmente la qualité et la précision du geste chirurgical, fait baisser le risque de rupture d’anévrisme pendant l’opération mais aussi le risque d’AVC ischémique post-opératoire.

Article issu du CHU magazine n°76.