Plan d’amélioration d’accueil des urgences : les médecins seniors à l’avant-garde

Le CHU de Poitiers poursuit son plan d'amélioration d'accueil des urgences avec la mise en place de nouvelles gardes de médecins dans des spécialités très sollicitées par les urgences, potentiellement vitales, la nuit et le week-end.

Au SMUR pédiatrique, en chirurgie viscérale, orthopédie traumatologie et radiologie, un médecin senior est désormais présent sur place 24h/24 et 7j/7 (du lundi au jeudi pour la radiologie). Une organisation nouvelle pour des services qui assuraient jusque-là ce type d’urgences uniquement avec des astreintes de médecins et des gardes d’internes. Les enjeux pour l’établissement sont multiples : assurer une permanence et une continuité des soins, accélérer la prise en charge des patients et garantir plus de reconnaissance de l’activité des médecins, dans le respect des directives européennes réglementant leur temps de travail.

Une offre de soins plus rapide et de meilleure qualité
La garde du SMUR pédiatrique a vu le jour en novembre 2014, neuf médecins se relaient entre cette nouvelle garde et celle qui existait déjà en réanimation néonatale. Il faut savoir que le transport sanitaire vers la réanimation du CHU des enfants moins de cinq ans, et plus particulièrement des moins de deux ans, reste problématique pour les autres SAMU de la région, qui ne sont pas spécialisés. Pour le Dr Jean-Pascal Saulnier, responsable du SMUR pédiatrique, ce système de gardes, avec un médecin toujours présent sur place, apporte non seulement une plus grande réactivité vis-à-vis de la prise en charge des transports, surtout au niveau régional, mais aussi davantage de reconnaissance de l’activité des médecins en termes de lisibilité, de récupération et de rémunération. Le tout au profit d’une meilleure image pour l’établissement.

En chirurgie viscérale, nous intervenons beaucoup la nuit, constate le Dr Thomas Courvoisier. Le système des astreintes était devenu incompatible avec notre activité : si l’on était appelé chez nous la nuit pour une opération urgente, le temps de récupération imposé nous obligeait à décaler certaines activités programmées le lendemain. Avec un rythme de 24h de garde et 24h de récupération, nous sommes plus sereins et plus concentrés, la question d’être opérationnel le lendemain ne se pose plus après une nuit d’intervention. Le fait d’être sur place nous donne aussi plus de temps, entre autres pour affiner les diagnostics aux urgences et auprès des internes. Cela améliore le contact avec le patient. » En orthopédie-traumatologie, la nouvelle garde vient répondre aux mêmes problématiques.

Du côté de la radiologie, l’interprétation de l’imagerie diagnostique, plus rapide et de meilleure qualité, se fait maintenant au fil de l’eau. L’augmentation de la capacité du service à faire de l’IRM permet aussi d’améliorer la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux. La garde 24h/24 du lundi au jeudi, avec une astreinte le week-end, est complétée par une nouvelle astreinte de radiologie vasculaire et interventionnelle.

Une nouvelle étape franchie pour améliorer l’accueil des urgences
Le Dr Jean-Yves Lardeur, chef des urgences adultes, observe déjà une amélioration de l’orientation et une accélération de la prise en charge et des patients. Mais également une meilleure réponse aux demandes des autres hôpitaux de la région, qui commencent à rediriger davantage de patients vers le CHU le soir et le week-end. Même constat positif pour le Dr Laurent Soubiron, anesthésiste aux blocs des urgences : « L’activité de chirurgie de nuit s’étoffe tandis qu’elle se fluidifie le jour, nous gagnons beaucoup en réactivité. Le week-end, on tourne presque en continu entre les deux blocs d’urgences, entre les gardes et les astreintes, selon les spécialités. »

« Nous avons attaqué l’année dernière le plan d’amélioration des urgences avec la gestion des lits et l’ouverture de l’unité d’hospitalisation d’aval afin de fluidifier le parcours du patient. Nous avançons aujourd’hui en renforçant l’activité médicale senior par la mise en place des nouvelles gardes. La prochaine étape sera d’améliorer l’activité des urgentistes au cœur même des urgences », résume le président de la commission médicale d’établissement, le Pr Bertrand Debaene.