Pompiers et urgentistes : se former ensemble

Le 21 juin 2021, une formation conjointe entre les équipes de sapeurs-pompiers du service départemental d’incendie et de secours (SDIS86) et d’urgentistes du SAMU-SMUR 86 a eu lieu, coordonnée par le Dr Bertrand Drugeon, médecin urgentiste au CHU de Poitiers, en partenariat avec le laboratoire de simulation ABS-lab de l’Université de Poitiers. L’objectif de cette journée était d’instaurer une culture du secours routier au sein des équipes du SAMU, mais également de travailler la communication entre pompiers et urgentistes lors de ces interventions. Au total, 4 formateurs du SAMU et de l’ABS-Lab étaient mobilisés : le Pr Denis Oriot, le Dr Bertrand Drugeon, le Dr Nicolas Marjanovic et le Dr Paul Contal. Côté SDIS, 2 formateurs étaient présents : le sergent-chef Anthony Moreau et le lieutenant Adrien Gransagne. Ils ont bénéficié de l’aide de Rebecca Le Houezec et d’Emilie Gendry, infirmières aux urgences, mais également au SDIS86 et impliquées dans les formations de l’ABS-lab, notamment pour la gestion du matériel nécessaire à la formation, ainsi que de l’aide de deux internes de médecine d’urgence : Mathilde Chenu et Kilien Lavabre.

En amont de cette journée, un référentiel de bonne pratique a été rédigé à destination des équipes SAMU-SMUR, sur la base du référentiel de secours routier du SDIS86, et va faire office prochainement de référentiel national. Il sera également par la suite décliné sous forme de memento de poche.

Deux travaux de thèse vont intégrer des données recueillies lors de cette journée. La première thèse, rédigée par Mathilde Chenu, porte sur l’évaluation des connaissances en secours routier auprès des équipes du SAMU avant et après la lecture du référentiel, la simulation et un topo. Les équipes du SAMU qui participent à la journée de formation ont passé un premier test avant la formation. Ils ont ensuite reçu le référentiel afin d’en prendre connaissance. Après leur participation à la journée de formation, ils passeront un nouveau test immédiatement après, puis un dernier 2 mois plus tard. En parallèle, lors de la journée de formation, les attitudes et compétences de gestion de crise (crisis resource management, CRM) ont été évaluées, ainsi que les compétences médico-techniques, et enfin la satisfaction des apprenants en fin de journée.

La seconde thèse, rédigée par Kilien Lavabre, porte sur la création et la validation d’une grille d’évaluation pour évaluer la performance organisationnelle des équipes SMUR sur les interventions secours routier, qui servira à terme d’outil pédagogique pour les formations à venir. Cette grille se base sur le référentiel du SDIS, et notamment sur les 5 grandes étapes d’une intervention en secours routier : les 5 S. Il s’agit des 5 étapes à suivre lors d’une intervention en secours routier : sécurisation du site, sécurisation du véhicule, secours à la personne, sécurisation des techniques de désincarcération, et sortie du patient. Le centre de formation du SDIS comporte d’ailleurs un parcours dédié à ce référentiel.

Le matin, les équipes formées ont été confrontées à deux scénarios aux conditions très différentes. Le premier mettait en scène un accident entre un véhicule léger et un motard, inconscient à plat ventre sur le capot de la voiture, et le second était un scénario de nuit (réalisé dans un hangar), d’un véhicule léger accidenté dans un champ.

L’après-midi, l’une des équipes a été confrontée à un scénario de collision entre un véhicule léger et un poids lourd, avec un feu naissant dans le poids lourd, et la seconde a quant à elle été confrontée à une collision entre deux véhicules légers, avec feu naissant également. La particularité, dans ces deux scénarios, était que le SMUR arrivait avant les pompiers, et devait donc sécuriser le risque incendiaire.

Les formateurs ont défini un maximum de 45 minutes par scenario, au-delà desquelles le patient passera en arrêt cardiaque et devra être sorti en urgence avant la fin de déclarer la fin du scenario. La fin des scenarii est déclarée une fois le patient sorti, sécurisé et conditionné sur le brancard. Pour ces scénarios, des pompiers ont accepté de jouer le rôle des victimes prises en charge.

A l’issue de chacun des scénarios, un débriefing commun entre les sapeurs-pompiers et les urgentistes a été réalisé. C’est une étape fondamentale dans le déroulement d’une simulation, qui permet le transfert des connaissances acquises lors du scénario. La méthode utilisée par les formateurs est celle de l’« After Action Review », dont les étapes sont les suivantes : ce qu’il aurait fallu faire, ce qui a été fait (les points positifs comme les points négatifs), pourquoi cela a été fait ainsi, et comment améliorer les choses pour la prochaine fois.