Succédant au Pr William Couet, le Pr Olivier Mimoz a été nommé vice-président du directoire en charge de la recherche.
Quel a été votre parcours avant le CHU de Poitiers et depuis votre arrivée au CHU de Poitiers ?
Originaire de Paris où j’ai réalisé ma première partie de carrière, j’ai rejoint le CHU de Poitiers en 2000, d’abord comme maître de conférences universitaire praticien hospitalier (MCU-PH), puis comme professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) d’anesthésie réanimation à partir de 2003. J’ai développé la réanimation chirurgicale. J’ai ainsi pu obtenir la création, sur un même lieu, de trois unités de 15 lits (polyvalente, cardio-chirurgicale et neuro-chirurgicale). Parallèlement, j’ai poursuivi mes activités de recherche initiées à Paris, qui m’avaient permis d’obtenir une thèse d’université. Je suis l’un des fondateurs de l’équipe de recherche « Pharmacologie des agents anti-Infectieux » qui sera labellisée INSERM (U1070) en 2013. Cela m’a permis de poursuivre une recherche translationnelle centrée sur le traitement et la prévention des infections associées aux soins. En 2015, j’ai pris la responsabilité du service des urgences du CHU. J’ai créé une équipe de territoire regroupant les effectifs médicaux de toutes les structures d’urgence publiques du département. Cette organisation, unique en France, permet d’offrir une offre médicale continue et de même qualité quel que soit l’endroit du territoire. J’ai également développé l’enseignement de la médecine d’urgence auprès de nos étudiants et j’ai poursuivi mon activité de recherche dans l’équipe INSERM dont j’assure toujours la direction adjointe. Aujourd’hui, mon activité est partagée de la façon suivante.
Au plan hospitalier, je suis responsable de l’équipe territoriale de médecine d’urgence de la Vienne depuis 2017. Je suis également le chef du pôle USSAR qui regroupe l’anesthésie, les réanimations adultes, la médecine légale, les urgences adultes et le SAS 86 depuis 2021. Je suis vice-président du directoire du CHU en charge de la recherche depuis le 22 janvier 2024. Enfin, je suis membre du bureau de la commission médicale d’établissement (CME).
Au plan universitaire, j’assure les fonctions de coordonnateur local (Poitiers) et régional (Nouvelle-Aquitaine) du DES de médecine d’urgence depuis sa création en 2017. Je suis le directeur médical du centre de formation des assistants de régulation médicale de Poitiers depuis sa création en 2019. Je suis, enfin, membre élu du conseil national des universités (CNU) de médecine d’urgence.
Au plan de la recherche, mon activité s’inscrit dans le plan quadriennal de prévention des infections et de l’antibio-résistance 2022 du ministère de la Santé. Ce plan de lutte contre les infections associées aux soins a pour objectif d’améliorer le pronostic des patients et de réduire l’usage des antibiotiques pour conserver leur efficacité. Ma recherche s’inscrit dans ce plan selon deux axes : réduire la charge bactérienne au niveau local avant la réalisation d’un geste invasif, et optimiser l’administration des anti-infectieux (dont les antibiotiques) à visée prophylactique ou curative. Elle est conduite au sein du CHU et de l’unité INSERM U1070 dont j’assure la co-direction.
Vous avez été nommé vice-président du directoire en charge de la recherche, et vous succédez au professeur William Couet. Est-ce un souhait de votre part et quelles seront vos principales missions ?
La directrice générale m’a fait la proposition, conjointement avec le président de la commission médicale d’établissement, quand le professeur William Couet a fait valoir ses droits à la retraite. J’ai accepté cette mission. Ma nomination officielle a ensuite été validée par la présidente de l’Université de Poitiers et le président de l’INSERM.
Le principal objectif est d’aider l’hôpital à structurer la recherche, aider les professionnels à identifier des points d’excellence que Poitiers pourrait porter, afin, soit de renforcer nos équipes INSERM, soit de créer de nouvelles équipes, INSERM ou pas.
Dans ce cadre, ma mission principale est de coordonner tous les appels à projet de la recherche, que ce soient des appels à projets nationaux, régionaux ou locaux. Je missionne des experts pour évaluer les dossiers, participe aux différentes étapes de sélection des dossiers afin de trouver des financements. C’est une tache conséquente, car le CHU de Poitiers répond à, en moyenne, une dizaine d’appels à projets par an. Pour chacun d’entre eux, il y a entre deux et une quinzaine de candidatures. Je missionne deux experts par dossier, lis les rapports de chacun d’eux et participe à la sélection des dossiers les plus méritants.
Mon rôle consiste également en une mission d’appui, de conseil auprès de mes collègues chercheurs, en cas de besoins de personnel, ou de matériel de recherche, par exemple.
Mon expérience, mon expertise et ma connaissance de l’établissement depuis 24 ans m’aident au quotidien dans mes nouvelles fonctions.
Je fais également le lien entre le CHU de Poitiers et l’université pour essayer de proposer une recherche académique de qualité, et d’avoir une approche synergique commune.
Où en est-on de la recherche au CHU de Poitiers et quelles sont les perspectives ?
La recherche au CHU de Poitiers possède déjà des axes forts, reconnus au niveau national, voire international (neurologie, transplantation, pharmacologie des anti infectieux, prévention des infections, support ventilatoire, imagerie, etc.) mais même si la recherche est dynamique, elle évolue dans un monde extrêmement concurrentiel, où tous les CHU, voire certains centres hospitaliers, essaient de se positionner.
La recherche à Poitiers c’est son image, elle procure une image dynamique du CHU. Elle sert à se positionner pour faire avancer la connaissance, la qualité des soins, la prise en charge de nos malades. C’est une image d’excellence que l’on souhaite donner. Mais la recherche a un coût, même si, parallèlement, elle participe au financement, même de façon modeste, de la structure.
Cette recherche est essentielle si l’on veut que Poitiers soit présenté comme un CHU de 1er rang, ce qui n’est pas encore le cas, car c’est un CHU de petite taille, qui a pourtant pris de l’ampleur depuis la fusion.
Le CHU de Poitiers possède de très bons chercheurs et mon rôle, entre autres, est d’identifier des synergies, des rapprochements entre eux, et de les aider aussi à trouver des financements, répondre à des appels à projets pour, in fine, devenir des référents nationaux, voire internationaux, dans un domaine donné, et pouvoir dire que « Poitiers est sur le devant de la scène ».
Vous siégez de droit au conseil d’administration du fonds Aliénor et vous êtes le nouveau président du conseil scientifique. Que souhaitez-vous apporter à ce fonds de dotation ?
Le fonds Aliénor donne la possibilité de bénéficier d’un soutien majeur du milieu non médical à la recherche médicale et paramédicale. Les dons proviennent de patients, de familles, qui souhaitent aider la recherche, ou tout simplement remercier l’hôpital des soins qui leur ont été prodigués.
Les donateurs particuliers, mais également les industriels, les entreprises, représentent à eux tous un soutien essentiel, très important au niveau financier. Ils sont prêts à miser pour aider la prise en charge des malades, l’amélioration de la qualité de soins. C’est un effort majeur qui contribue à aider nos chercheurs à trouver des financements pour mener à bien leur projet de recherche.
C’est essentiel, car la recherche a évolué, a gagné en qualité, mais cette qualité a un coût. Si l’on veut faire de la bonne recherche, il faut beaucoup d’argent. Malheureusement, les fonds publics ne sont pas toujours suffisants pour assouvir ces besoins. On fait donc appel aux fonds privés mais ceux-ci sont, pour la plupart, des grandes compagnies internationales qui ne souhaitent pas toujours investir sur le sol national. Alors trouver des financements, et d’autant plus pour Poitiers, c’est une aubaine !.
Cette année, six nouveaux projets ont été sélectionnés, ce qui est énorme.
Mais toutes les recherches ne peuvent pas être soutenus par le fonds Aliénor ! Il faut avant tout que cette recherche parle au public pour qu’ils puissent devenir des donateurs.
Il va falloir pour cela identifier des projets dans lesquels la population, les particuliers, les entreprises, visualisent concrètement l’objet de la recherche. Il faut leur parler recherche contre le cancer, pour les enfants malades, sur le déficit intellectuel, l’autisme, les troubles auditifs, visuels, etc.
Leur parler de ce que le public connaît.
Vous avez présidé, en avril, votre premier conseil scientifique et vous avez participé à votre premier conseil d’administration du fonds Aliénor. Quel regard portez-vous sur les projets soutenus ?
En tant que président du conseil scientifique et pour avoir assisté pour la première fois aux échanges, je me suis rapidement rendu compte qu’il fallait pas prendre les meilleurs projets scientifiques très expérimentaux, qui se positionnent très loin de la pratique, dans des pathologies que le public ne comprend pas.
Le fonds Aliénor doit sélectionner des projets qui parlent, qui touchent le grand public, et pour lesquels celui-ci se sent touché, voire concerné. C’est à ce moment-là, qu’il donnera, qu’il soutiendra.
La recherche a besoin de financements et tout moyen qui permettra d’aider la recherche sera bon à prendre. Le fonds Aliénor en fait partie. Il permet même de soutenir la recherche locale, la recherche au CHU de Poitiers. Il offre également la possibilité de pouvoir commencer rapidement.
Je mets un point d’honneur à mobiliser les chercheurs pour qu’ils s’engagent à aller jusqu’au bout de leur recherche, jusqu’à la publication scientifique ! Chaque chercheur doit être en capacité de rendre des comptes et de faire état de l’avancée de son projet, très régulièrement. Le donateur est en droit de savoir à quoi sert son argent.
Les chercheurs doivent être présents également dans la vie du fonds Aliénor. Ils doivent participer aux évènements, rencontrer leurs donateurs, rendre des comptes.
Les projets déposés lors de ce dernier appel à projets étaient tous des projets de qualité, mais il a fallu faire un choix, et choisir les projets les plus pertinents, ceux qui répondaient à la thématique Aliénor, et surtout qui parle au grand public. Ce sont donc deux projets paramédicaux et quatre projets médicaux qui ont été sélectionnés.
Les membres du conseil d’administration mettent un point d’honneur, effectivement, à ce que la recherche paramédicale soit représentée. La recherche paramédicale est un nouvel atout de la recherche en France. Elle est, pour certains aspects, plus proches des patients et touche davantage la population.
Le fonds Aliénor a reversé plus d’1,5 million d’euros au CHU de Poitiers depuis 2017 et je souhaite remercier tous les donateurs pour leur soutien à la recherche en santé et l’innovation médicale au CHU de Poitiers.