Le Pr Christophe Burucoa, chef du service de bactériologie et hygiène, et le Dr Maxime Pichon, biologiste médical, ont participé à une étude en collaboration avec le centre national de référence des Listeria de l’Institut Pasteur qui a fait l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue scientifique internationale, Nature Communications.
L’étude porte sur Listeria monocytogenes, une bactérie largement répandue dans la nature et en particulier chez les animaux. Elle se transmet à l’homme par voie alimentaire. Si pour des personnes en bonne santé, elle ne représente aucun danger, elle peut entrainer l’apparition de la listériose chez les personnes fragiles comme les femmes enceintes, les personnes âgées ou immunodéprimées. Maladie à déclaration obligatoire rare, la listériose peut engager le pronostic vital, c’est pourquoi la bactérie Listeria fait l’objet d’une surveillance sanitaire rapprochée. L’article publié sous le titre Listeria monocytogenes faecal carriage is common and depends on the gut microbiota est l’exemple concret des collaborations régulières entre les chercheurs de l’équipe Inserm U1070 de pharmacologie des anti-infectieux et de l’Institut Pasteur. C’est justement au détour d’une discussion avec Marc Lecuit, directeur de l’unité de biologie des infections de l’institut Pasteur qu’est née le sujet de l’étude. « J’ai questionné Marc Lecuit sur le taux de présence de la Listeria dans les selles dans la population afin de vérifier s’il fallait la rajouter dans la liste des pathogènes à rechercher dans la matière fécale avant transplantation de microbiote », explique le Pr Burucoa. Pour répondre à cette question, le Pr Burucoa et le Dr Pichon se sont donc lancés dans l’analyse de la biobanque constituée dans le cadre de la recherche sur Helicobacter pylori, un des sujets de recherche de l’équipe Inserm U1070, par le biais de tests PCR spécifiques. Soit près de 900 prélèvements. Conclusion : près de 26% des patients poitevins sont porteurs de listeria et 10% de listeria monocytogenes. Ces résultats sont quasiment identiques à ceux obtenus par un bio informaticien qui a recherché sur toutes les banques mondiales de microbiote, la présence de listeria. « Nous avons pu amener à nos collègues scientifiques de l’institut Pasteur la confirmation dans une cohorte de nos patients de ce qu’ils ont pu démontrer in silico dans les banques de données internationales de séquençage et in vitro chez la souris », souligne le Pr Burucoa. La publication des résultats de l’étude dans une revue scientifique prestigieuse et la reconnaissance scientifique qui en découle renforcent encore l’expertise des chercheurs du CHU de Poitiers sur le microbiote, acquise grâce à la plateforme de séquençage haut débit de l’établissement.