Question à Pierre-Jean Saulnier, médecin délégué du centre d’investigation clinique

Pr Pierre-Jean Saulnier, médecin délégué du centre d’investigation clinique.

Le professeur Pierre-Jean Saulnier est arrivé au CHU de Poitiers en 2006 en tant que praticien dans les services de diabétologie et de pharmacologie. Après six ans d’externat à Poitiers, il a réalisé son internat à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris entre 2002 et 2006. Praticien hospitalier-professeur des universités depuis 2017, Pierre-Jean Saulnier est médecin délégué au centre d’investigation clinique (CIC) du CHU de Poitiers. Spécialiste du diabète, son travail de recherche consiste à comprendre pourquoi certains patients diabétiques vont développer des complications au cours de leur vie.

Pr Saulnier, pouvez-vous nous présenter le centre d’investigation clinique ?
Il s’agit d’une structure intégrée au centre hospitalier universitaire de Poitiers. Le centre d’investigation clinique de Poitiers a été dirigé pendant dix ans par le Pr François Guilhot, depuis le moment où il a obtenu son label Inserm. Depuis janvier 2018, c’est le Pr René Robert qui a repris la suite. Dans un premier temps, le rôle du CIC est d’animer la recherche clinique, faire venir chercheurs et médecins, et développer les phases de tests cliniques. Dans un second temps, nous assurons une animation scientifique en traitant plusieurs thématiques de recherche : le lymphome, le diabète, la maladie de Parkinson, la ventilation et le sommeil et la santé publique avec les perturbateurs endocriniens.

Vous êtes spécialiste du diabète. Pouvez-vous nous expliquer comment s’articule votre projet de recherche autour de cette maladie ?
La question que je me pose est de savoir pourquoi nous sommes tous inégaux devant cette maladie. Je m’intéresse notamment aux patients souffrant de diabète type 2 et je veux comprendre pourquoi certains vont développer des complications alors que leur maladie est contrôlée et vice-versa. Par complications, j’entends, par exemple, des accidents vasculaires cérébraux, des insuffisances rénales ou des infarctus. Je suis une cohorte de 1 500 patients atteints de diabète type 2 et j’établis un check-up pour chacun. Parmi eux, il y en a qui vont développer une insuffisance rénale et d’autres non. Je regarde si, au départ, il n’y avait pas quelque chose qui aurait pu prédire ces complications, tels que des signes biologiques ou physiologiques. Ce seraient des marqueurs communs à tous les patients qui ont développé des complications. Par exemple, le sujet de ma prochaine publication est la révélation de trois marqueurs qui, lorsqu’ils sont élevés dans le sang, augmentent le risque de survenue d’une insuffisance rénale.

Vos études vous-mènent-elles à travailler sur des médicaments ?
Oui, cela a été le cas l’année dernière, année durant laquelle j’ai mené des essais cliniques sur 200 patients diabétiques pour faire évoluer un médicament. J’ai également utilisé un dispositif médical, Freestyle Libre, qui surveille le taux de sucre dans le sang. Il est utilisé sous forme de patch, ce qui permet de ne plus se piquer le bout du doigt. Mon étude a été de voir si les patients qui utilisent ce patch ont développé moins de complications cardiaques. Pour ce projet, j’ai obtenu un financement du programme hospitalier de recherche clinique et il a pu être mis en place dans cinq centres hospitaliers universitaires. Le but est, ici aussi, de prévenir et d’atténuer les complications liées au diabète.