Question à Thierry Bénard, anesthésiste-réanimateur

Thierry Bénard, anesthésiste-réanimateur

Arrivé en 2013 en réanimation neuro-chirurgicale, le docteur Thierry Bénard encadre la coordination des prélèvements multi-organes et tissus du CHU de Poitiers, en binôme avec le docteur Thomas Kerforne. Avec la mise en place de la procédure Maastricht 3, cette année, l’équipe de la coordination est en mesure de prélever des donneurs décédés suite à un arrêt des thérapeutiques actives. Une avancée qui permettra de pallier la pénurie de greffons, en partie.

Docteur Bénard, vous travaillez en binôme avec le docteur Thomas Kerforne. Pouvez-vous nous expliquer la nature de votre activité au sein de la coordination des prélèvements multi-organes et tissus (PMO) ?
Avec Thomas Kerforne, nous nous partageons le travail. Il s’occupe de la recherche clinique tandis que je m’occupe plutôt de la partie fonctionnelle de l’unité. Il s’agit de l’organisation interne et de la gestion quotidienne du service avec l’équipe paramédicale. Mais l’ensemble des décisions est toujours prise de concert entre nous.

Quel est le protocole suivi pour le prélèvement de greffons ?
Le CHU de Poitiers est un centre agréé pour le prélèvement d’organes dans le cadre du Maastricht III. Concrètement, nous pouvons prélever des organes chez des patients décédés après réalisation d’une limitation et arrêt des thérapeutiques (LATA) en réanimation. Cela nous permet d’accéder à une autre catégorie de donneurs potentiels, pouvant correspondre à un donneur par mois. Au CHU, nous sommes habilités à prélever les poumons et les reins dans le cadre de ce protocole qui exige beaucoup de moyens humains et matériels, comme la mise en place d’une circulation régionale normothermique chez le donneur (perfusion des organes par un circuit extracorporel).

La pénuerie de greffons est une réalité. Comment l’endiguer ?
Dans un premier temps, je pense qu’il y a un manque d’information concernant le consentement présumé exprimé dans  la loi, qui nous définit tous comme donneurs, sauf si l’on s’inscrit sur le registre national de refus (RNR). Dans les faits, nous interrogeons également toujours la famille sur la volonté du défunt concernant le don et suivons cette décision. En France, les familles expriment un refus dans 30% des cas et je pense que l’on pourra diminuer ce taux avec une information plus ciblée. En parallèle  nous travaillons pour améliorer la qualité des greffons et ce de la période de réanimation du donneur jusqu’à la mise sous machine à perfuser des organes prélevés. Cette année nous recensons 20 donneurs prélevés contre 30 à la fin de 2015.