Questions à… Camille Poujardieu, chirurgien en orthopédie-traumatologie

Camille Poujardieu

Vous êtes spécialisée dans la chirurgie de la main. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ? J’ai fait mes études et mon externat à Bordeaux et je suis arrivée au CHU […]

Vous êtes spécialisée dans la chirurgie de la main. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
J’ai fait mes études et mon externat à Bordeaux et je suis arrivée au CHU de Poitiers pour mon internat. Je suis retournée six mois à Bordeaux dans le cadre d’un interCHU, c’est-à-dire un stage dans un autre établissement, en chirurgie plastique et chirurgie de la main.

J’ai poursuivi avec un diplôme universitaire (DU) microchirurgie et un diplôme interuniversitaire (DIU) chirurgie de la main. Les SOS main, bien qu’en plein essor, sont peu présents dans les CHU et davantage en clinique. Je pense retourner au CHU de Bordeaux pour poursuivre ma spécialisation.

Pourquoi le choix de l’orthopédie-traumatologie, et plus précisément de la main ?
Les premières greffes de la main réalisées à Lyon il a une quinzaine d’année m’ont fascinée et ont contribué à mon orientation universitaire. J’ai par ailleurs choisi l’orthopédie-traumatologie car c’est une chirurgie fonctionnelle très diversifiée qui touche à toutes les parties du corps, où tous les âges de la vie et toutes les populations sont représentées. On pose des prothèses, on répare des fractures, on soigne des plaies… Chaque cas est unique, nous avons tous les outils en mains et il faut savoir se montrer inventif ! Nous travaillons beaucoup en collaboration avec d’autres services comme l’oncologie, la rhumatologie, la dermatologie, le vasculaire, etc. Je m’occupe d’autre part de l’accueil des externes et j’interviens à Montmorillon au bloc et en consultations un vendredi par mois.

Vous avez réalisé en décembre 2013 la première réimplantation de la main au CHU de Poitiers. L’intervention a rapidement été relayée par la presse, comment avez-vous vécu cette médiatisation ?
La plupart des gens autour de moi étaient déjà au courant à l’hôpital. Ce qui surtout a changé, c’est ma relation avec les patients. Quand on est une femme chirurgien, qui plus est jeune, il faut sans cesse acquérir la confiance des patients et les convaincre. Les retombées de cette intervention dans la presse m’ont permis de gagner en crédibilité auprès de certaines personnes.

L’acte chirurgical en lui-même est-il si « exceptionnel » ?
C’était une opération très longue, mais techniquement, nous réalisons au quotidien des actes beaucoup plus compliqués. C’était comme réaliser bout à bout toute une série d’interventions pendant douze heures, la difficulté était donc plus dans la durée. Et puis le patient avait déjà perdu sa main. Il fallait tenter quelque chose mais les enjeux étaient moindres que lorsqu’un malade nous arrive avec un membre fonctionnel avec des lésions asymptomatiques que la chirurgie doit réparer pour éviter une détérioration future. Bien qu’il ne récupèrera jamais l’usage complet de sa main, le patient va mieux aujourd’hui et poursuit sa rééducation avec un kinésithérapeute.