De Caen où elle a débuté ses études en médecine, Claire Dahyot-Fizelier est arrivée à Poitiers en 1999 après avoir été nommée interne anesthésiste-réanimation dans le service du professeur Bertrand Debaene. Dotée d'un diplôme d'études spécialisées en anesthésie-réanimation et d'un diplôme d'études supérieures spécialisées en pharmacocinétique, Claire Dayhot-Fizelier deviendra maîtresse de conférence des université en 2009, puis professeure en 2016. Elle est aujourd'hui responsable de la réanimation neurochirurgicale et chirurgicale du CHU. À la fin de son internat, la praticienne a travaillé sur la distribution des antibiotiques dans les tissus musculaires par microdialyse chez les patients en réanimation. Aujourd'hui, cette technique est développée chez les patients de réanimation neurochirurgicale.
Vous avez axé vos recherches vers la diffusion des antibiotiques par microdialyse. Comment êtes-vous arrivée à maîtriser cette technique ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’en France, il y a peu de travaux sur cette technique. En dix-huit ans, huit études ont été menée dont cinq à Poitiers. On peut dire que nous sommes des pionniers sur le territoire national. J’ai toujours été intéressée par la recherche, aussi, pendant mon internat, j’ai rejoint l’équipe Inserm des professeurs William Couet et Olivier Mimoz, U1070. À cette époque, mes recherches étaient centrées sur la diffusion des antibiotiques par microdialyse dans les tissus musculaires sur les patients de réanimation. Je me suis ensuite intéressée à la pratique de cette même technique pour les tissus cérébraux. Je suis partie à Cambridge (Royaume-Uni) en 2007 pour apprendre la microdialyse cérébrale et guider la réanimation des patients cérébrolésés. J’ai réalisé des études d’abord sur les rats, puis j’ai confirmé ces résultats sur les patients de réanimation.
Et qu’est -ce que la microdialyse cérébrale ?
La microdialyse permet la mesure de concentrations dans le milieu extracellulaire sans avoir recours à une extraction tissulaire. Il faut savoir que la diffusion des antibiotiques dans le cerveau est plus délicat car les membranes y sont moins perméables que dans les muscles, par exemple. C’est un outil de surveillance très local. Simplement, on va voir si les apports métaboliques du patient sont corrects et si les médicaments font effet.
Qu’en est-il de vos recherches aujourd’hui ?
Deux projets hospitaliers de recherche clinique portés par le service d’anesthésie-réanimation ont été retenus par la direction générale de l’offre de soins. Le premier est national et concerne l’évaluation d’un outil pour la réduction du risque d’infections pulmonaires chez le traumatisé grave avec lésion cérébrale. Le second est interrégional et porte sur l’administration des antibiotiques pour prévenir l’infection pulmonaire chez le patient cérébrolésé. J’encadre aussi la thèse de Ludivine Rousseau, interne en anesthésie-réanimation. Elle souhaite apprendre cette technique pour la pratiquer sur des patients de réanimation cardio-thoracique. Matthieu Boisson, anesthésiste-réanimateur, s’y forme en chirurgie viscérale. Les recherches sont permanentes et la microdialyse peut être utilisée dans les autres spécialités.