Questions à… Pierre-Olivier Delpech, urologue

Pierre-Olivier Delpech

Pierre-Olivier Delpech est « un Poitevin pure souche » : de l’externat au clinicat, il effectue l’ensemble de son cursus à la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers. Il décide de se tourner vers l’urologie après un stage d’externat au CHU dans le service alors dirigé par le Pr Bertrand Doré et aujourd’hui par le Pr Irani, réputé pour la qualité de la prise en charge des étudiants. Au cours de son internat, il enchaîne les stages à Poitiers, Niort et Angoulême, et profite d’un inter-CHU pour approfondir ses connaissances dans le domaine de la transplantation rénale à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris, auprès du Pr Benoît Barrou. Les prélèvements et transplantations et d’organes, en particulier du rein, sont aujourd’hui sa spécialité.

Vous êtes praticien hospitalier en urologie. Quelles sont vos interventions les plus fréquentes ?
J’interviens essentiellement en urologie générale et en cancérologie pour des actes chirurgicaux et du suivi en consultation. Nous pratiquons fréquemment des cytoprostatectomies (retrait de la vessie et de la prostate) avec mise en place d’un bricker ou d’une néo-vessie, des prostatectomies (retrait de la prostate), des néphrectomies (ablation d’un rein) et des greffes de reins à partir de donneurs vivants. Nous sommes aussi amenés à réaliser beaucoup d’interventions endoscopiques, c’est-à-dire à travers les orifices naturels, par exemple pour des problèmes de calculs rénaux ou de prostate.

Le CHU s’est distingué en 2013 avec sa 1000e greffe de rein. Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’établissement est en attente d’un accord pour devenir centre pilote dans le prélèvement et la transplantation rénale à partir de donneurs décédés par arrêt cardiaque Maastricht III. Cela concerne des donneurs dont les soins ont été arrêtés et ayant pu être prélevés dans les trois heures suivant le décès, et implique une collaboration étroite et une grande réactivité des services de réanimation, de chirurgie cardio-thoracique, de néphrologie et d’urologie, avec la coordination des prélèvements d’organes. L’objectif est d’accroître le pool de donneurs au sein du CHU.

Prélèvements et transplantations d’organes sont aussi le centre de vos projets de recherche.Depuis mon externat, je collabore à des projets menés par le Pr Thierry Hauet au sein du laboratoire U1082 et de la plate-forme de chirurgie expérimentale sur le site du Magneraud (17). Dans le cadre de ma thèse de sciences sur l’hémoglobine de ver marin, j’y conduis actuellement des recherches sur l’autogreffe à partir de modèles de porcs. L’hémoglobine de ver marin est un transporteur d’oxygène : les essais précliniques ont montré son efficacité pour améliorer la conservation des organes. Avec le Dr Antoine Thierry, néphrologue, nous allons participer au protocole de recherche national (PHRC) lancé par le CHU de Brest pour commencer à mener des essais sur l’homme. En parallèle, je travaille avec le laboratoire de simulation de la faculté de médecine et de pharmacie sur un modèle de dissection des corps pour le prélèvement multi-organes, avec les Prs Jean-Pierre Richer, Denis Oriot, Jean-Pierre Faure et le Dr Cyril Breque. Nous préparons les corps de manière à ce qu’ils se rapprochent au plus des modèles vivants. Ils devraient à terme pouvoir être utilisés dans l’enseignement de la chirurgie en général. Nous participons au projet de création d’une école francophone de prélèvement multi-organes (EFPMO), dirigée par le Pr Benoît Barrou à La Pitié-Salpêtrière.